Il se sentait en pleine forme. Prêt à braver d'innombrables dangers jusqu'à ce que blessures s'en suivent. L'homme avait passé une bonne partie de sa soirée à arracher les doigts d'un malheureux, en commençant par quelques coupures à leur intersection puis en les écartant petit à petit... Il s'était ensuite attaqué aux lèvres, lui laissant deux petites coupures également à leurs bords, puis frappant sa victime pour la faire hurler de douleur. Une fois que sa proie eut le sourire du Joker, Jared l'avait barbouillé de cendre blanche (qu'il avait du voler chez Otthran), puis il s'était amusé à lui brûler les jambes avec un briquet. Enfin, il l'a suspendu les mains dans le dos à une poutre et l'a rué de coups avec une sorte de sac rempli de sable au bout afin d'évacuer toute sa haine, toute sa colère et surtout toute sa folie. Il s'était senti tellement bien après qu'un lourd et profond sommeil l'avait emmené au pays des rêves bleus, qu'il avait dormi toute la nuit et comme un bébé. Le lendemain, il dut bien évidemment nettoyer sa villa au cas où il aurait la bonne idée d'y ramener une jeune femme dans la journée. Mais le nettoyage était très facile chez lui : Il emmenait toutes les preuves, instruments, corps, aux enfers, puis il ouvrait les fenêtres en grand pour faire évacuer les odeurs. Ensuite, comme il faisait toujours ça sur un grand tapis, il brûlait ce dernier et se disait qu'il en rachèterait un autre. C'était là beaucoup plus pratique que d'avoir à le nettoyer. Enfin bref, en ce début d'après midi, alors qu'il n'avait pourtant rien mangé, il sentait tellement d'énergie et de bien être en lui qu'il prenait de bonnes résolutions quant aux choses plus difficiles qu'il souhaitait faire. Tout d'abord, rendre visite à l'un de ses proches ! Il hésitait entre s'y rendre de manière légale, en voiture et grillant tous les feux rouges avec le prétexte intérieur d'être daltonien. Ou bien laisser l'impatience et la facilité prendre le dessus. La dernière solution l'emporta sur la première, et l'homme prit quand même le temps de se doucher avant de se téléporter chez Cameron Evans. Un ami de longue date de Mike, un de ses proches même. Quel était le but de sa visite ? Prendre de ses nouvelles, rire un peu avec lui et surtout : le décoincer. Ce type était tellement renfrogné sur lui même qu'il allait finir par exploser un de ces jours ! Il arrivait tellement souvent à Jared de lire en lui des choses que Cameron camouflait seulement derrière ses pensées. Des actes qu'il aimerait faire mais qu'il retient comme si cela annoncerait la fin du monde. Comme s'énerver après quelqu'un. Combien de fois Jared l'a-t-il vu énervé ? ... Zéro. Il était temps de changer cela, histoire que son ami comprenne un peu les bienfaits d'une séance de défoulement ! Lui même avait eu sa dose hier soir.

Le strip teaseur débarqua dans l'appartement en question, habillé d'une veste brune élégante (parce qu'il avait des goûts de luxe) et d'un pantalon foncé. Son premier réflexe fut d'annoncer son arrivée en appelant le blondinet, parce que s'il était sans gêne, il n'avait pas l'intention de le surprendre. Peut-être aurait-il du plutôt apparaître devant la porte d'entrée et frapper, comme tout le monde ? Peu importe. Il regarda autour de lui, se disant qu'à cette heure : Soit il surprenait Cam en train de manger, soit il le ratait parce qu'il travaillait. Quoiqu'il était rare que des personnes travaillent un dimanche. Ou bien c'était l'heure de la sieste ? Prenant en considération cette hypothèse, il se dirigea donc vers la chambre de son ami. Il eut à peine le temps d'ouvrir la porte qu'il se retrouva nez à nez avec lui.

« Hey coquine ! » s'exclama-t-il un peu surpris.

Pour une fois qu'il ne surprenait pas quelqu'un dans un mauvais moment. La dernière fois qu'il avait fait ce coup à Owen, ce dernier sortait tout juste de sa douche. Jared faisait donc bien attention à choisir quelques heures qui, normalement, ne posent réellement pas de problème. L'homme réfléchissait à un moyen de défouler un peu son ami. Hum. Le mieux serait encore de l'énerver, non ? Mais autant commencer par le début, c'est à dire lui proposer de lui même de faire passer un peu d'énergie dans des coups. Après tout c'était un sport, et peut-être que Cameron n'était pas si coincé que ça.

« Je cherche un partenaire de sport, genre de baston histoire d'évacuer ce que les gens appellent le stress de la vie quotidienne. » lâcha-t-il sur un ton simpliste en prenant une voix néanmoins faussement sérieuse à la fin, comme pour se moquer de ses propres paroles, « Tu viens au complexe avec moi ? Mike me dit toujours non, j'comprend pas pourquoi. »

Peut-être parce qu'il était un peu brutal ? Ou bien parce que lorsqu'il essayait d'entraîner Mike, il ne s'arrêtait jamais avant que ce dernier ne s'écroule d'épuisement ? C'était un peu un calvaire que de s'entraîner avec Jared...Cela dit ce dernier avait quand même réussi à énerver son Mike jusqu'à ce que ce dernier le fiche par terre et manque de le tuer d'ailleurs. Il y avait certaines circonstances atténuantes mais bon... Il chassa ce souvenir quand même assez douloureux de son esprit, puis reporta son attention sur Cameron. Il était une des rares personnes que Jared appréciait réellement. Probablement son coté humain qui s'exprimait en lui. Enfin... Jared était 100% humain malgré les apparences, donc c'était tout à fait normal ! Le complexe, au fait, était le nom que l'homme donnait au centre sportif dans lequel il allait toujours. Il fourra les deux mains dans ses poches, espérant que Cameron accepte la proposition. Si ce dernier refusait, ce qui était fort possible, alors Jared réfléchissait à une solution pour le faire craquer. D'ailleurs, il avait peut-être un début d'idée qui germait dans son esprit. C'était peut-être méchant et très mal placé, cela dit le strip teaseur était absolument certain qu'après, son ami se sentirait beaucoup mieux... il voulait le décoincer parce qu'il savait qu'une fois que Cameron aura acquis plus de confiance en lui même, alors il arrêterait peut-être de se torturer autant l'esprit comme Jared le sent. Et puis... peut-être aussi que Mike pourra l'attirer du 'coté obscur de la force' ensuite. Donc ça rendrait aussi service à Mike.

Cameron aimait le dimanche en grande partie grâce à Minerve, sa patronne. Le dimanche, il n'entendait pas parler d'elle. Bien sûr, le jeune homme ne détestait pas son emploi, mais il lui arrivait, comme à tout le monde, d'avoir besoin de décompresser. Toute la semaine, il acceptait la surcharge de travail avec une résignation proche de la délectation. S'occuper à classer les dossiers, analyser les cas les moins importants, filtrer les rendez-vous, courir d'un côté puis de l'autre et tout ce qu'on lui demandait d'autre lui permettait de s'oublier un peu. Pendant qu'il avait l'esprit pris par toutes ces tâches qui avaient découragé beaucoup d'autres assistants, Cameron ne pensait pas aux mille et une petites choses qu'il se reprochait perpétuellement. Le jeune homme était obsédé par ses erreurs, celles liées à sa soeur étant les plus difficiles à repousser au fond de sa conscience. C'était une obsession, une névrose qu'il s'efforçait de garder pour lui-même, sans jamais se confier ni à ses amis ni à sa soeur. Pourtant, Cam se rendait un peu compte qu'il s'en faisait excessivement et qu'il exagérait sur beaucoup de points. Tous les malheurs de la terre n'avaient pas pour cause un certain jeune homme aux yeux rouges. Seulement, il n'arrivait pas à être autrement. C'était comme si s'en vouloir pour tout réduisait l'importance de chaque chose. C'était un peu tordu mais, quand Cameron retournait la même situation un milion de fois dans sa tête, il finissait par assumer qu'il était responsable, même quand ce n'était pas le cas. Et se détester devenait alors tellement libérateur.

La journée avait mal commencé, mais le jeune homme n'y avait que moyennement accordé d'attention. Un rayon de soleil l'avait réveillé en filtrant entre les rideaux mal fermés de sa chambre à une heure plutôt désagréable pour un dimanche matin et Cameron n'avait pas réussi à se rendormir. Il avait fini par se lever pour rencontrer une Leyla qui avait déjà terminé de manger et qui lui avait annoncé qu'elle sortait avec une amie ce jour-là... Mais son frère avait vite compris que cette amie en question n'était probablement pas une fille. Ce n'était pas la première fois que la jeune fille lui mentait sur ce genre de choses, probablement pour ne pas l'inquiéter, et Cam n'en faisait pas tellement de cas. Après tout, même s'il s'inquiétait pour elle, Leyla pouvait bien voir qui elle le voulait... même si son jumeau aurait drôlement eu envie de voir le mec pour lequel sa soeur se levait un dimanche matin. D'ailleurs, les gens ne sortaient-ils pas le soir, habituellement?

Cam avait trouvé que sa soeur avait une attitude étrange et, juste un peu après le repas, quand il l'avait vue enfiler ses bottes à la hâte et sans relever la tête, il avait compris ce qu'elle essayait de lui cacher: elle allait sortir sans lentilles. Sa réaction ne s'était pas fait attendre et les jumeaux n'avaient pas pu échapper à une de leurs traditionnelles disputes dans lesquelles Cameron murmurait pour ne pas crier et perdre le contrôle de lui-même. Au final, Leyla était tout de même sortie avec le culot de porter une écharpe assortie à la couleur réelle de ses yeux, pour qu'on les remarque plus et, en réalité, juste pour provoquer Cameron, lequel s'était retrouvé à tourner en rond dans leur appartement en se retenant de jeter sur les murs tous les objets fragiles que sa soeur affectionnait. Il avait fini par aboutir dans sa chambre, devant le miroir, à se dévisager froidement. Il ne comprenait pas comment sa soeur arrivait à sortir sans lentilles pour cacher la couleur étrange de ses yeux alors que lui ne parvenait même pas à soutenir son regard rouge plus de quelques minutes dans un miroir. Qui était anormal entre celle qui voulait provoquer et celui qui préférait se cacher? Peut-être aurait-il dû faire comme elle et, avec le temps, simplement accepter qu'on le fixe parfois un peu bizarrement. Il n'aurait qu'à sortir, une fois ou deux, juste pour voir... Seulement, la seule idée de s'aventurer hors de son appartement sans lentilles bleues lui nouait l'estomac.

Cameron allait justement mettre lesdites lentilles quand son regard frôla la porte de son placard. Leyla était partie et ne reviendrait pas avant un moment... Il pouvait donc le sortir. Cam avait ouvert le placard pour prendre le violon qu'il avait trouvé près d'une poubelle, un certain soir assez arrosé où il avait rencontré une fille, ou plutôt un chat...ou une fille? Bref, c'était compliqué. Il ne savait pas trop pourquoi il l'avait ramené, puisqu'il avait décidé qu'il n'en jouerait plus, mais l'instrument avait désormais sa cachette au fond du placard de Cameron, derrière plein de trucs qui n'étaient là que pour le dissimuler. Il ne l'en sortait que très rarement, quand il était certain que personne ne pouvait arriver et se poser des questions. Comme toutes les fois, le jeune homme ne joua pas et se contenta de fixer le violon avec un regard qui rappelait durement celui de sa mère... Au bout d'un moment, l'ancien musicien se leva et se dirigea vers son placard, situé juste à côté de la sortie, pour le ranger. Il eut à peine le temps de refermer une porte que sa voisine s'ouvrit, laissant apparaître... Jared.

- Hey coquine !

- Salut Jared..?

La vie, avec Jared, c'était comme un rêve, mais pas dans le sens idéal et parfait. C'était plus du point de vue de l'inattendu et imprévisible. Il n'y avait que lui pour arriver devant la chambre de Cameron et ouvrir la porte sans prévenir, comme s'il n'y avait aucun risque que la porte en question soit fermée justement pour qu'on y frappe avant de l'ouvrir. Bien que Cam ne ramenait pas souvent de conquêtes à son appartement, il lui était arrivé, quelques fois, de ne pas se retrouver seul dans sa chambre et il n'aurait pas tellement apprécié l'arrivée impromptue d'un de ses amis. Encore heureux qu'il ait eu le temps de cacher le violon...

- Je cherche un partenaire de sport, genre de baston histoire d'évacuer ce que les gens appellent le stress de la vie quotidienne.Tu viens au complexe avec moi ? Mike me dit toujours non, j'comprend pas pourquoi.

Mike avait effectivement confié à son ami à quel point Jared ne lâchait pas lorsqu'il l'amenait s'entraîner et, étrangement, ce fut une raison qui poussa Cameron à avoir envie d'accepter. Peut-être que se défouler un peu l'aiderait à ne pas être d'une humeur totalement massacrante quand sa soeur daignerait rentrer après être allée se montrer au monde entier. D'ailleurs, au sujet des yeux rouges... Cameron blanchit et baissa le regard.

- Bien sûr que je viens...euh...Laisse-moi juste... m'habiller.

Et c'est un Cameron Evans déjà habillé qui referma la porte de sa chambre juste sous le nez de Jared pour se jeter sur ses lentilles bleues comme un affamé sur un buffet en espérant probablement vainement que son ami n'avait pas remarqué la couleur inhabituelle de ses yeux. Si seulement il avait su toutes les choses que Jared connaissait déjà sur lui...

Jared savait que Cameron mettait des lentilles de contact, mais il n’avait encore jamais vu la véritable couleur de ses yeux. Du moins, pas en vrai. En fait cela n’était pas si choquant, surtout si on comptait qu’une bonne majorité des démons ont les pupilles rouges également. Cependant Cameron semblait déjà beaucoup plus perturbé par l’idée d’être vu ainsi, ce qui réussissait encore à étonner Jared. Mise à part qu’il avait réussi à surprendre son ami, le strip teaseur commença sa proposition de baston et fourra les mains dans ses poches. Alors comme ça, Mike s’était déjà plaint de lui à Cameron ? Voyons, Jared avait toujours été extrêmement tendre… Enfin disons qu’il faisait des efforts en ce moment, et puis il avait bien besoin d’entraîner Mike, surtout au vu de tous les ennuis dans lesquels il le mettait. Il allait rentrer dans la pièce d’un pas nonchalant, mais Cameron referma la porte sur son nez. Ah ben ça, il était gonflé ! D’autant plus qu’il était déjà habillé mais ce n’était pas tellement ce qui lui posait le plus de problème. Jared poussa un soupir et ouvrit la porte pour rentrer aussitôt après et lança sur un ton totalement détaché.

« Ca va, pas la peine de cacher, on va pas s’afficher dans une foule ! »

Il y avait tellement de points qu’il essayait de dissimuler au monde, et que le télépathe savait malgré lui… En vérité, Jared aurait aimé que Cameron se confie un peu plus mais ce n’était pas du tout son genre. Peut-être avec le temps, peut-être que Jared finira réellement par le décoincer. Lui, ou Mike, qui le connaissait probablement mieux que quiconque. Le maléfique le laissa quand même faire parce que si c’était son choix, il n’allait pas jouer les emmerdeurs et interférer dans ce genre de détails. Si Cameron était aussi gêné de ses yeux, alors qu’il mette ses lentilles. Tant qu’au final il suivait Jared dans ce centre sportif, tout allait bien. L’avantage de ce dimanche, c’est qu’il n’y avait personne dans le gymnase où ils allaient. Il y en avait plusieurs dans le centre, et à cette heure, cette journée, il n’y avait jamais âme qui vive dans la pièce où Jared comptait se rendre. Disons qu’il en profitait d’habitude pour y emmener Mike ou bien une victime potentielle qu’il commencerait à bien amocher avant de l’emporter dans un endroit plus intime pour transformer la séance de bourrages de coups en supplices plus raffinés. Cela dit, ce n’était certainement pas l’intention de Jared avec Cameron. Il ne risquait pas de lui faire le moindre mal, pas à Cameron. Et puis comme son corps le lui indique par sa bonne santé, il avait eu sa dose de violence et de mauvaises actions durant sa semaine, de quoi le rendre d’excellente humeur et de terminer avec joie son congé.

« C’est bon ma poule, t’es maquillée ? » railla gentiment l’homme lorsque Cameron eut terminé de poser ses lentilles.

Jared afficha un sourire mi-sincère, mi-moqueur et enleva une des mains de sa poche pour s’ébouriffer les cheveux et regarder autour de lui. Quel drôle d’endroit quand même. Dire qu’il fréquentait les amis de Mike, et qu’il se liait avec eux en plus. Du moins c’était le cas pour Cameron. Et puis il fallait avouer que Mike n’avait pas vraiment pu garder énormément de contact vu le lieu et surtout l’époque d’où il venait. [D’ailleurs comment il a fait pour Cameron ?] Peut-être que s’il y en avait eu d’autres, Jared n’aurait pas été aussi aimable, peut-être qu’il leur aurait fait la peau tout comme il s’imaginait le faire à toutes les filles qui approcheraient SON Mike. Pourquoi tant de haine et de violence ? Il n’en savait rien. C’est juste que la simple image de quelqu’un avec le Calahan lui donnait des envies de meurtres et de violence. Le strip teaseur chassa ses pensées en se disant qu’il allait se gâcher la journée, puis il observa Cameron. Il leva son bras vers lui, la main toujours dirigée vers son propre bassin. En fait, il lui tendait surtout son coude, comme le père fait à sa fille avant de l’accompagner à la cérémonie de mariage. Puis, sur un ton charmeur et bien exagéré, notre homme s’exprima d’une voix grave.

« Votre cheval est attelé, prêt à s’envoler. Si vous voulez bien vous donner la peine, que je nous fasse disparaître d’ici… »

Une fois que Cameron l’ait touché, que ce soit volontairement ou parce que Jared avait fini par l’agripper si l’homme ne prenait pas son bras, le maléfique utilisa son propre don de téléportation pour disparaître de l’appartement de Cameron, avec ce dernier bien évidemment. Une fois qu’il eut apparu en plein milieu de la petite pièce éclairée par de grandes baies vitrées du complexe sportif, il lâcha son ami et se retourna pour lui laisser le temps de se remettre un peu du voyage. À ce qu’il paraît, la téléportation est un peu vertigineuse lorsqu’on en a pas l’habitude. Jared ne s’en souvenait plus vraiment. Disons qu’il pouvait déjà créer une projection astrale et c’était une sorte de téléportation d’une partie de soi-même. Donc lorsque ce pouvoir s’est manifesté à part, il n’en a pas éprouvé grand-chose si ce n’est un désir d’en faire usage encore et encore. Et même maintenant, il l’utilisait toujours à tort et à travers. C’était devenu un excellent moyen de transport et il bénissait cette capacité qui lui permettait d’accourir auprès de Mike en quelques secondes si ce dernier avait un problème. Mike, ou quelqu’un d’autre…

« Tiens ! » fit-il en se baissant vers une petite caisse pour en attraper une paire de gants, qu’il lança à Cameron. Le sol était recouvert de tapis de judoka, que les adolescents de Jared n’avaient pas rangés lorsque l’entraineur les a renvoyés, hier. C’est fou, s’il n’était pas là pour le leur en donner l’ordre, ils ne le faisaient pas ! Jared mis lui-même des gants. C’était beaucoup plus pratique pour lui pour être sûr de ne pas faire mal à son ami si jamais il frappait fort. Sautillant déjà sur place à cause de l’excitation, il enleva sa veste et dévoila un T-shirt sur la bière américaine. Rien à voir avec la veste élégante, c’est sûr. « Bon alors c’est simple, tu tapes, tu tapes et tu tapes ! N’ais pas peur d’y aller fort, c’est plus drôle si on compte les bleus à la fin. » s’exclama-t-il avec un sourire niais, et en donnant un tout petit coup de poing sur l’épaule de Cameron. Un très petit, comme une tape amicale, mais avec le poing fermé. Juste pour le faire réagir.

Cameron était légèrement frustré des commentaires de Jared, ce qui était normal dans la tête de ce dernier. Cela dit, il ne faisait que le taquiner et gardait le sourire en toutes circonstances. Il put capter de manière assez brève que les tracas du moment étaient dus à la sœur jumelle, comme souvent d’ailleurs. Il avait encore du mal à bien cerner la relation entre eux et ne cherchait pas vraiment à comprendre, pensant que c’était quelque chose qui le dépassait totalement. Il n’avait ni le passé de Cameron, ni un jumeau qui l’aiderait à bien comprendre. De plus, son ami n’était pas du genre à confier ce qu’il ressentait vis-à-vis de cela, donc Jared préférait s’en mêler le moins possible pour ne pas le mettre dans l’embarras. Et puis le domaine du réconfort, des aveux et des écoutes étaient pour Mike. Une petite grimace de la part du perturbé pour signer une réconciliation, puis le maléfique lui tendit son bras en guise de carrosse. Lâchant d’une manière très solennelle une formule de politesse exagéré, il se téléporta ensuite directement au complexe sportif qui le connaissait maintenant si bien. L’absence de monde émerveillait le mauvais sorcier, qui ramassait déjà des gants pour favoriser leurs coups durant la petite bataille qu’il s’imaginait déjà.

« Les… Bleus ? »

Cameron avait déjà reçu un coup sans qu’aucune marque n’apparaisse ? Si c’était le cas, il devait absolument donner la marque de ses vêtements à Jared ! Ce dernier comprit cependant ce qui n’allait pas et, alors qu’il donnait une tape amicale sur l’épaule de son ami, poussa un petit rire moqueur et ironique devant les protestations de ce dernier. Frapper des sacs… Et pourquoi pas un éventail non plus ? Pour faire ça, il n’avait besoin de personne ! Le maléfique fit un pas en avant et se posta à quelques centimètres de Cameron pour le fixer, le dos raide et l’allure hautaine. Un sourire aussi mauvais que son âme apparut alors et il appuya doucement le bout de son gant contre le front de Cameron sans faire de mal à ce dernier.

« Je ne vois pas l’intérêt de frapper un sac, à moins qu’il ne puisse se défendre. Mais je ne vois pas ce qui te dérange, tu ne vas pas me faire croire que tu ne sais pas comment on frappe un homme ! »

Il recula d’un pas après cette provocation et, sans crier gare, frappa plus brusquement son ami d’une droite sur son épaule pour le faire reculer. Jared n’y allait pas de toutes ses forces, du moins pas tant que Cameron ne fera pas de même. Cela dit il n’allait pas jouer les bisounours pour faire plaisir à son ami ! Non, il voulait que ce dernier se défoule, et qu’il comprenne à quel point cela faisait un bien fou de laisser couler son énergie sous des coups ! Jared savait que Cameron était engagé dans une lutte constante pour ne jamais perdre son sang froid ni jamais s’énerver. Il savait aussi que l’homme se disait bien trop faible pour frapper quelqu’un, il le sentait et le comprenait dans sa tête. Et c’était bien ce que Jared voulait changer absolument. Parce qu’un Cameron aussi passif ne pourra jamais se défendre en cas de danger réel, non ? Et puis on ne pouvait jamais trouver un peu de joie de vivre si l’on ne se laissait pas aller. Malheureusement, frapper son ami ne suffisait apparemment pas à l’énerver ni à le convaincre qu’il devait faire de même. Jared décida alors de jouer la comédie, et de prendre le rôle du pire des salauds. Il se dressa fièrement et lança volontairement un regard rempli de mépris à Cameron. C’était bien la première fois qu’il l’observait ainsi, puisqu’il ne faisait généralement ça qu’avec ses proies ou ses ennemis. Le strip teaseur baissa sa garde et ses poings comme s’il était trop sûr de lui.

« Bon c’est quoi le problème, tu fais encore ta mauviette ? C’est vrai qu’avoir une sœur ça aide pas à être un homme ! » railla-t-il avant de reprendre aussitôt sans laisser le temps à Cameron de répondre, « D’ailleurs on s’est croisé, la petite Leyla et moi. Elle est bonne tu sais ? » - Il lança un regard vague par la fenêtre pour faire semblant de se souvenir de cette Leyla et de l’épisode qu’il était en train d’inventer et d’improviser comme un chef – « Et naïve en plus, j’ai même pas eu besoin de lui laisser mon numéro après avoir profité d’elle. Elle a du trop apprécier pour oublier, ou alors elle croit que je vais revenir, j’sais pas. »

Un sourire mauvais apparu sur son visage qui devenait celui du salop de la pire espèce. Il fronça légèrement les sourcils et plongea ses yeux dans le rouge de ceux de son ami. Et sur un ton plus bas, plus grave mais aussi plus délicat, il lâcha en articulant bien.

« D’ailleurs heureusement qu’elle sait mieux manier la bouche que les mains... »

Une petite pensée pour Bradley au passage, qui sort ce genre de phrases odieuses au petit déjeuner quotidien. Afin de bien appuyer l’atrocité de ces propos, il poussa un ricanement volontaire en fixant Cameron d’un air de défi. Voilà. Il venait d’allumer la bombe, il n’y avait maintenant plus qu’à attendre patiemment qu’elle explose. Jared laissait ses poings baissés et continuait de sourire comme s’il se foutait éperdument de la tronche de Cameron. D’accord, au fond, il s’en voulait peut-être un peu d’aller aussi loin mais d’un autre coté, il ne voyait pas tellement comment s’y prendre autrement. Il était certain que Cameron allait le croire, ne serait-ce parce que ce dernier ne lui parlait jamais de sa sœur et que Jared savait non seulement son prénom, mais aussi son handicap. En soit, le maléfique avait visé là où il pensait que ça ferait mouche… Jared connaissait effectivement Leyla. Cependant, JAMAIS il n’abusera et n’aura de relation sexuelle avec elle. Il respectait bien trop son frère pour cela. Tout n’était donc que pur mensonge et il contracta les muscles de ses bras pour se préparer à encaisser des coups. Du moins, il espérait en recevoir parce que si même ça n’énervait pas Cameron, alors il ne se voyait pas aller chercher sa sœur et le menacer de la tuer s’il ne le frappait pas…C’était non seulement idiot mais il irait bien trop loin. Allez Camé, défoule toi, déchaine toi, défonce lui sa tronche à cet abruti fini, qu’il soit satisfait de sa connerie. Jared gardait le rôle du fier. Il jouait tellement bien ce rôle, et l’approfondissait tellement qu’il ne prépara aucune sortie de secours, comme par exemple un clone, au cas où l’effet déclenché soit bien plus que celui espéré. Il craignait qu’en faisant venir un clone, Cameron comprenne qu’il n’avait lâché ces horreurs que pour l’énerver… Alors il se préparait à encaisser bravement et puis de toute manière nous savions tous que Jared était un maso qui aimait autant donner des coups qu’en recevoir.

[Deux mille ans plus tard...Tu me pardonnes ? ]

Cameron était une personne occupée et heureusement pour sa santé, au fond. Le jeune homme travaillait beaucoup et, même s’il n’avait pas un grand nombre d’amis, ils prenaient une grande partie de ce qui restait de son temps. Sinon, lorsqu’il se retrouvait seul et qu’il voulait résister à l’envie de jouer du violon, Cam aboutissait invariablement au comptoir d’un bar. Sortir lui permettait de se concentrer sur le monde autour et de s’oublier un peu, ce qui était très bénéfique à sa santé mentale, car son esprit obsessif avait parfois intérêt à oublier que le monde extérieur ne se résumait pas en points précis et importants. Si Cameron avait eu plus de temps libre, il aurait certainement plus contribué à l’enrichissement des propriétaires de bars de la ville, car il aurait préféré cette idée, qui lui aurait semblé inoffensive, à celle d’aller déranger les gens à chaque fois qu’il se trouvait trop ennuyant pour passer du temps avec lui-même. On saute le long paragraphe sur les méfaits de l’alcool pour en venir au fait que, dans la vie en général, Camichou était vraiment, mais vraiment, coincé. C’était en grande partie pourquoi sa santé, si elle avait sa propre conscience, pouvait remercier le ciel qu’il n’ait pas plus de temps pour aller boire et se détendre. Parce que le jeune homme ne songeait jamais à se demander s’il avait trop bu ou s’il pouvait s’attirer des problèmes à cause de l’alcool. Il le saurait le lendemain, non ? La gueule de bois n’avait plus de secrets pour lui. Les pires conséquences étaient toujours de se réveiller à un endroit qu’il ne connaissait pas avec une personne dont il ne se souvenait aucunement. Cameron était du type timide… Se réveiller chez lui avec un ou une inconnu l’avait amusé quelque fois, surtout parce que cela lui permettait de faire taire Leyla plus facilement quand elle le répétait qu’il était trop coincé. Se réveiller ailleurs que chez lui l’avait troublé, les quelques fois où c’était arrivé. Surtout les fois ou il ne se souvenait pas comment il était arrivé là. Généralement, il partait en espérant ne pas réveiller l’autre personne et il ne racontait son aventure à personne. Même si Leyla devinait toujours.

Leyla et Cameron ne s’entendaient pas sur des milliers de choses, mais ils s’adoraient. Ils partageaient le même appartement, se racontaient leurs journées, se conseillaient… Et Cameron critiquait. Beaucoup. Rien n’était jamais assez bien pour sa sœur, surtout pour ce qui était des hommes. Cam avait toujours peur qu’ils la blessent ou qu’ils profitent d’elle. Parce qu’il connaissait bien sa jumelle, il avait l’impression que ses faiblesses étaient écrites dans son visage et que tout le monde qui la côtoyait pouvait la deviner comme lui. Son handicap à la main, d’ailleurs, était bien visible si on y portait un minimum attention et cela rendait Cameron malade. Heureusement, très peu de personnes avaient profité de ce point faible de la jeune femme pour se moquer d’elle ou lui faire du mal. Ceux qui l’avaient fait l’avaient regretté lorsqu’ils avaient eu affaire à son frère…

Cameron n’était pas violent. Il était même un peu trop pacifique, selon la plupart des gens qui le connaissaient. C’était parce qu’ils ne savaient pas de quoi il était capable quand il se fâchait vraiment. Lui-même préférait tout faire pour contenir sa frustration quand il sentait la colère le gagner pour éviter de perdre le contrôle. En soi, frapper une autre personne n’était pas si grave mais, quand Cameron Evans perdait vraiment patience, c’était autant avec son pouvoir magique qu’avec ses poings qu’il cognait. Étrangement, c’était tout ou rien ; il n’y avait pas de milieu. Soit Cam contenait sa colère et refoulait ses émotions négatives, soit elles le dominaient complètement. Il n’était jamais qu’un peu fâché ou énervé. Son contrôle ne se relâchait pas peu à peu quand on le provoquait. La barrière contenant sa rage cédait d’un seul coup, complètement, après avoir résisté le plus longtemps possible. La plupart du temps, heureusement, la cage tenait bon et résistait aux assauts de la colère et de la violence qui voulaient sortir. La rage s’accumulait alors et n’attendait que l’attaque qui permettrait de la libérer plus tard.

Pour n’importe qui d’autre dans la même situation, Cam n’aurait pas fait autant d’efforts pour se retenir. Si un inconnu, ou une personne de moindre importance, avait dit ce genre d’atrocités sur Leyla, son frère ne se serait pas posé de questions et il n’aurait même pas essayé de contenir sa colère. Seulement, c’était Jared. Jusqu’à ce jour, il s’était montré comme un véritable ami. Cameron n’aurait pas douté que l’autre homme l’aurait soutenu si quelqu’un d’autre s’en était pris de la sorte à l’honneur de sa sœur. Alors, qu’est-ce qui lui prenait, aujourd’hui ? Était-il si con et Cam ne l’avait jamais remarqué avant ? Le pire, c’était que Jared ne semblait même pas s’apercevoir que ce qu’il disait était carrément odieux. Tout en essayant de se retenir de lui arracher les yeux, Cam lui fit comprendre du mieux qu’il le pouvait qu’il ferait mieux de se taire avant que sa colère prenne le dessus. Toutefois, le maléfique ne sembla pas capter les avertissements et il osa laisser ses lèvres échapper des paroles tellement horribles que le contrôle précaire de son ami s’effondra comme s’il n’avait jamais existé. La rage courut jusqu’aux poings du jeune homme qui allèrent s’abattre à plusieurs reprises sur son ennemi du moment. Puis, la magie gronda à l’intérieur de Cameron et la colère la dirigea vers celui qui avait osé se moquer de sa sœur. C’était totalement instinctif et incontrôlable, une réaction à mi-chemin entre la défense et l’attaque. Le peu de conscience qui n’était pas complètement noyée par la rage réalisait la souffrance que son ennemi devait endurer. Parce que, oui, Cameron avait essayé son pouvoir sur lui-même pour voir si c’était si douloureux. Et ça l’était. Ces lambeaux de conscience qui se débattaient pour ne pas se laisser ensevelir par l’envie de faire du mal sans calculer ne pouvaient cependant s’empêcher de convaincre Cam que sa victime avait bien mérité d’avoir aussi mal. Jared n’avait qu’à ne pas être totalement con, tiens. N’importe qui connaissant Cameron savait qu’il ne fallait pas s’en prendre à sa sœur, non ?

Un deuxième Jared apparût soudainement à côté de l’autre. C’était plutôt surprenant… Cam arrêta de frapper le premier pour dévisager l’autre, sans comprendre ce qui se passait. Puis, les deux disparurent. La rage, qui avait commencé à s’apaiser quand il la libérait sur Jared, augmenta alors que le jeune homme regardait autour de lui pour retrouver son ennemi du moment. Il le détestait tellement. Son regard faussement bleu retrouva l’autre homme, plus loin, et Cameron ne réfléchit même pas en s’avançant vers lui. Il vit apparaître un autre Jared et grogna. S’en prendre à sa sœur ne suffisait pas ? Maintenant, il fallait qu’il se fasse apparaître un allié pour se battre contre lui. Vraiment, Cam avait crû le connaître et il s’était bien trompé.

Son ennemi –vraiment, il n’était plus question d’amitié, maintenant – s’approcha, accompagné de son allié. Cameron dévisagea longuement ce dernier avant de comprendre ce qui clochait… C’était lui. Ou probablement un double de lui-même. D’où Jared sortait-il ce deuxième Cameron ? Il n’en fallait pas plus pour que le futur vampire soit passablement perturbé.

« Allez, c’est pas fini ! »

Cam accorda à nouveau son attention à Jared, sans arriver complètement à se détacher de son double. Il ne comprenait pas d’où il arrivait et s’il devait s’en méfier autant que de Jared. En soi, il en avait peut-être même un peu plus peur que de l’autre homme. Même si Jared était parfaitement imbécile dans cette histoire à propos de sa sœur, Cam était convaincu qu’il ne lui ferait pas de mal irréversible. Mais ce nouveau Cameron ? C’était indéniablement Jones qui l’avait fait apparaître, mais peut-être était-il aussi incontrôlable que l’original, quand il se fâchait. Le jeune Evans ne voulait surtout pas être confronté à un double de lui-même, imprévisible, incontrôlable et enragé… Il s’efforça donc de faire reculer sa rage un peu plus loin à l’intérieur de lui-même pour essayer de réfléchir, ce qui était très difficile, maintenant que son contrôle avait foutu le camp.


« Tu préfères te battre contre qui, contre le salaud que je suis, ou contre toi-même ? »

« T’es pas drôle, Jones. Fais disparaître ce truc. », cracha-t-il entre ses dents en s’avançant vers le maléfique pour l’attraper au col et, de l’autre main, le pousser pour le faire reculer. Cameron essayait de ne se concentrer que sur Jared, parce que regarder son double le troublait beaucoup. L’envie de frapper encore l’homme devant lui était très présente, mais il essayait de la repousser pour montrer sa bonne volonté. Ainsi, peut-être que l’autre voudrait plus facilement faire disparaître le deuxième Cam, avant que le premier ne disjoncte complètement. D’ailleurs, ce premier Cameron sentait une espèce de frustration sourde le gagner doucement et il ne comprenait pas d’où elle venait. Jusqu’à ce qu’il réalise que son pouvoir de douleur continuait à irradier de lui sans que l’autre homme ne semble en ressentir les effets. Même s’il voulait ignorer le plus possible son double, Cameron détourna son pouvoir magique vers celui-ci et, d’un coup d’œil, constata avec un mélange de joie sauvage et de malaise que l’autre Cameron était loin d’être insensible à son attaque.

« Je sais pas à quoi tu joues, Jared, mais je ne m’amuse pas du tout. », dit-il en resserrant sa prise sur le col de l’homme.

Si Cameron savait que l’homme en face de lui était un télépathe, il trouverait une nouvelle bonne raison de se mettre en colère. Jared se doutait bien que leur amitié risquait d’en prendre un coup si son partenaire apprenait ce petit talent de fortune. Surtout qu’à leur rencontre, le maléfique ne s’était pas gêné pour fouiller son esprit, comme il le fait avec toutes les personnes qu’il ne connait pas. Ce n’était pas de la paranoïa, juste une manière de se prouver à lui-même que quoiqu’il arrive, il aura toujours quelques cartes supplémentaires avec lui pour mener le jeu. Une sorte de besoin essentiel dans le dominateur qu’il a toujours été, et qu’il sera toujours. Alors qu’il se faisait royalement martyriser par son précieux ami, il ne pouvait pas s’empêcher de le provoquer pour que cette vision ne s’arrête jamais. Il ne l’avait jamais vu dans cet état et même si Jared était allé trop loin, il ne regrettait pas ce qu’il avait dit et fait. Si cela avait été une autre personne que Cameron, il aurait probablement été séduire sa sœur pour que tout ce qu’il dise soit entièrement vrai. C’aurait été amusant. Heureusement pour le futur vampire, tous les sorciers maléfiques ne sont pas aussi tordus que Jared. Le grand méchant loup s’amusa à saquer quelques paroles pas très nettes à son ami, avant d’attaquer enfin. C’est qu’avec tout ça, lui aussi avait envie de se défouler ! Il devait bien avouer que ses muscles lui étaient fort douloureux lorsqu’il bougeait. Et ce à cause du talent de douleur de Cameron qui avait laissé une belle trace en lui avant qu’il ne lui bloque définitivement l’accès à son corps.

Mais l’adrénaline, l’excitation et l’entraînement surpassaient la douleur qui s’estompait petit à petit. Lentement, mais sûrement. Jared balança son poing d’une manière bien prévisible vers Cameron. Il constata à quel point ce dernier était buté, perturbé et déconcentré lorsqu’il le toucha. Ce n’était plus un sorcier en colère qu’il avait en face de lui, mais un lionceau qui se débattait en griffant une armure d’acier. Si ce lionceau visait les failles, il y parviendrait mieux. Mais il ne faisait que s’en prendre à la surface la plus dure. Autrement dit, le strip-teaseur avait droit à des coups portés au hasard qui tombaient sur son épaule, sur son torse, dans ses mains… Il ne cherchait à éviter que ceux qui se dirigeaient vers son visage. Il était obligé de garder sa petite bulle mentale active autour de lui car il sentait le pouvoir de douleur de son ami cogner contre les parois de sa protection, comme s’il cherchait activement y rentrer pour finir le travail qu’il a commencé sur le corps du sportif. Jared leva vivement un bras pour stopper de la paume de sa main le coup qui allait atterrir sinon sur son œil droit. Il décida d’y mettre un terme en se disant que « bon dieu, c’est catastrophique. »

Il se clona. Il fit apparaître son deuxième lui derrière la silhouette de Cameron afin de se jeter sur ce dernier. Le clone identitaire colla son torse contre le dos du futur vampire. Il fit glisser ses mains sous ses aisselles pour les remonter ensuite sur ses épaules, puis en profita pour tirer les bras de Cameron en arrière. Histoire d’essayer de l’immobiliser. Ce n’était pas pour lui faire du mal mais pour tenter de le maîtriser, comme il avait appris à le faire durant ces années et ces années de pratique dans son sport, et comme il apprenait maintenant aux adolescents de son cours. Les bras de Jared, enroulés autour de ceux de Cameron, trouvèrent un maintien parfait lorsque ses mains se rejoignirent derrière la nuque du neutre. Il écarta les coudes pour forcer son ami à maintenir les bras en l’air.


(Je t’ai fait un petit dessin pour que tu comprennes bien.)


(C’est ptête pas tout à fait clair, alors je t’en ai fait un autre.)


On ne pouvait bien sûr jamais échapper au coup de pied mal placé, dans le tibia ou dans les parties les plus sensibles. C’est pourquoi l’homme remuait frénétiquement les jambes en se concentrant sur l’esprit de Cameron pour tenter de détecter si ce dernier avait oui ou non l’intention de le castrer pour se libérer de l’étreinte.
« Hé, ho, calme toi Brenda ! » s’exclama-t’il comme s’il était outré de la colère de son ami. Le maléfique garda sa prise tant bien que mal et s’immobilisa lui-même pour inciter son ami à se calmer. De toute manière, il n’avait pas vraiment le choix. « Allez ça va, » lâcha-t’il en reprenant son sérieux, « c’est des conneries, j’lui ai rien fait à ta sœur je le promet. » Il laissa le temps à son ami d’assimiler tout ça, et tenta lui-même de trouver une excuse potable à la question qui lui sera probablement posée « Tu t’es foutu de ma gueule ?! ». Mais avant de commencer à s’expliquer sur le fait qu’il ait juste voulu le mettre en colère, le strip-teaseur préférait s’assurer que les deux esprits soient refroidis. Il ne tenait pas à engager la conversation tout en devant maîtriser sans arrêt son ami. C’est pourquoi il desserra un peu sa prise.
« Si je te lâche, t’es tranquille ? »
Et pour prouver la confiance qu’il portait envers Cameron, il n’attendit même pas la réponse de ce dernier pour le libérer de son emprise et se reculer. Jared se pencha en avant et retira sa veste pour se mettre en chemise à manches courtes. Il avait des bleus sur les avants bras et de grosses veines noires qui ressortaient, surtout au niveau des coudes. Il sentait toujours ses muscles le brûler et maintenant qu’il avait lui-même apaisé son corps, il ressentait plus fort la douleur et ça le dérangeait. Mais il ne risquait pas de montrer le moindre signe de faiblesse à Cameron, à ça non ! Il voulait faire l’homme macho qui n’a jamais mal et qui n’a tiré pas la moindre cicatrice de leur combat. (Alors qu’il a extrêmement douillé, mine de rien… Et qu’il va probablement devoir éviter le sport durant un bon moment pour que son corps se remette bien.) Pour conclure, un grand sourire con se peignit sur son visage. Un sourire comme s’il avait l’impression de retrouver son ami après des jours sans le voir. Un sourire stupide qui disait de lui-même « Allez, sans rancune hein ? »