Je n'ai jamais eu une vie simple. Au contraire j'allais au devant de la complexité. Comme un besoin. Ou quelque chose dans ce genre là. Mon destin m'y a aidé. Mais pourquoi le raconter, je n'aime pas parler de moi. C'est quelque chose qui m'exaspère au plus haut point. J'ai été élevé ainsi, on ne me refera pas. Personne ne s'y essayerait, d'ailleurs. Je suis imprévisible. Et intimidant. Pourquoi ? C'est une bonne question. Sans doute est-ce le fait que je hais particulièrement les gens de mon espèce. Et j'entends par là les Hommes et non pas les sorciers. Comment pourrais-je les haïr alors qu'ils m'ont ouvert les yeux sur ma condition ? Ah, attendez. Je les haïs également. De toute façon, je n'aime pas grand chose en ce monde. On m'a souvent répété que je ne recherchais que trop la grandeur. Peut-être la décandence vient-elle avec ? Chaque forme de ma misérable vie fut décalée. Je ne rentrais jamais vraiment dans la personnification idéale de la société. Je ne m'intègre toujours pas. Certaines choses ne sont pas faites pour changer. J'en fais parti. Vous me verrez sans doute comme une personne froide, et sans coeur. Une personne qui est épargnée par les douleurs. Tout comme les bonheurs. Je m'amuse à penser que je n'ai pas d'âme. Je n'aime pas ressentir tout un tas de chose. C'est épuisant. Même la destruction me lasse, et pourtant Dieu -si il existe- a bien vu que je m'étais du coeur à l'ouvrage. Je suis juste un blasé de la vie. J'ai tout vu, tout entendu. Et ça ne m'a jamais vraiment plus.

Ca, c'était moi. Avant que je ne comprenne par la plus dure des manières que le monde n'était là que pour un seul et unique but : me pourrir la vie. Je n'ai pas vraiment changé. Je n'attends plus la mort, néanmoins. Parce que j'ai en moi un sentiment qui me pousse à survivre. La haine. Cette forme de colère améliorée, qui me permait de traverser les plus durs épreuves, et les pires pensées. Il m'arrive d'avoir peur. L'effroi de revivre cette scène, inlassablement. Mais, le reste du temps, je n'éprouve que haine. Et un désir de vengeance me porte plus haut que je n'ai jamais été. Je ne me connaissais pas si dramatique, si méchant devrais-je ajouter. Et si effrayé. Mais à présent, je ne vis plus que pour ça. Le tuer, l'anéantir. Et si possible le torturer jusqu'à ce que mort s'en suive. Tout autant que je l'ai été, moi. Parce qu'il faut se le dire, je n'ai pas été épargné par cette haine ancestrale. Cette histoire idiote et enfantine de Bien et de Mal. J'ai été l'une des victimes. Torturé, détruit de l'intérieur. Pas besoin d'un journal stupide pour me souvenir de ce que j'ai vécu pendant des mois, enchaîné au mur, nu comme un ver, une souffrance infinie me pourchassant nuit et jour. Et ressentir les choses, encore une fois me fatiguait. J'aurai pu en mourir. Mais je me suis découvert des talents insoupçonnés. Des trésors d'ingéniosité. Je vais le tuer.