Aujourd'hui, on est le 12 mars, presque un mois après le jour que tout le monde attend... Aliya, elle, détestait la St Valentin!
Mais tous les couples qu'elle voit et qui fêtent l'évènement lui filent le cafard, à se pavaner et s'exhiber comme ça! Parce que pour elle, il ne s'agit pas de montrer à son petit ami qu'on l'aime ce jour là en particuliers, mais c'éest une des choses à dire voire à crier sur les toits presque tous les jours! Comme un rituel! Le matin je me lève et je vais crier sur le toit que je l'aime. Et le soir? Bah avant de me lover dans ses bras je lui dis à l'oreille! Et puis aussi, Valentin... Pourquoi c'est le jour d'un Valentin qu'on doit dire : Je t'aime?!!! Tant qu'on y est, le jour de la St Isabelle on dira à tous ceux qui nous sortent par les trous de nez : Je te hais!
Même si ce n'était plus la "fête des amoureux", la vue d'un nouveau couple sortit Aliya de ses étranges pensées sur le sujet et la fit changer de trottoir. Elle décida alors de longer le bord des rambardes de sécurité du pont, pour mieux profiter de ce coucher de soleil qui se reflétait dans l'Océan Pacifique, rendant alors une lumière agréable à regarder et à sentir sur la peau... En plus de cela, l'air était doux, frais, un peu salé, de légères brises de vent venaient soulever les mèches de cheveux qui avaient résisté au chignon que la canadienne s'était fait. D'ailleurs, avec cette coiffure, elle portait une robe rouge aux motifs dorés représentant des formes qu'elle-même ne savait pas vraiment qualifier. En cas de température plus basse qu'elle ne l'était déjà, elle portait un châle gris en coton, sur ses épaules. Ses chaussures grises à talons la rendaient plus grande mais, elle les avait surtout mises pour les détendre étant donné qu'elles étaient neuves et qu'elle en avait besoin mardi pour un entretien chez une des entreprises de la Silicon Valley! Apprêtée comme elle était, on aurait pu croire qu'elle se rendait à un rendez-vous galant, et bien non! La jeune célibataire aime juste être bien habillée!

Pendant ce temps, elle s'était arrêtée de marcher. Elle avait bien remonté son sac à main au niveau de son épaule droite, avait posé les deux coudes sur la ballustrade en métal rouge et contemplait, pensive, la beauté du paysage. Elle réfléchissait à sa vie personnelle, à ses sentiments, à son frère, repensait à l'Europe.... C'est étrange comme des endroits comme ça vous rappellent d'autres lieux que vous avez en tête... La neige de la Russie lui avait rappelé celle du Canada, les campagnes de la France lui avait permis de retrouver en quelque sorte celles du Tenessee, la "calor espaňola" lui avait redonné la chaleur de la Floride, se baigner dans l'eau du Portugal avait été comme faire un plongeon psychologique dans celle de la Californie... A se refaire toutes ces destinations, Aliya trouva qu'elle avait quand même une rude chance d'avoir autant voyagé, d'être allé à la rencontre de tous ces populations, de savoir parler leur langue (ou presque) , de garder encore ces souvenirs si proches dans sa tête et dans son coeur!

Mais, trève de rêvasserie, quelqu'un approche.... Elle continue de faire comme si de rien n'était, sachant que cette personne vient vers elle puisqu'à l'écoute des pas, ceux-ci ralentissent et se font de moins en moins distants... Homme ou femme elle l'ignore encore, mais elle ne va pas tarder à le savoir...

Les pas qu'Aliya entendait auparavant s'étaient enfin arrêtés. Mais elle n'avait aucunement l'envie de vérifier si c'était un homme ou une femme. Elle continuait de regarder le paysage en face d'elle... Enfin, sans vraiment le regarder. Vous savez, un peu comme quand quelqu'un vous parle, qu'il vous raconte sa vie, vous donne des anecdotes et vous demande votre avis au final. Puis, vous répondez tout naturellement: Comment? Pour finir par un oui ou un non, très convaincant! En bref, Aliya ressassait ses souvenirs de voyages qui pouvaient se mêler à cette vue magnifique depuis le pont du golden Gate. Mais au fond d'elle même, elle repensait également à toutes ces rencontres avant son départ, et en Europe. Son frère chéri, celui qu'elle protège et aime plus que tout. Elle était allé chez lui par surprise pour son retour et Adam était tombé dans les vappes! Non mais franchement, quelles retrouvailles! Quoiqu'il en soit, c'était bien drôle, inattendu, et le reste de la journée avait été du pur bonheur, le Nirvana quoi!
Bien sur, Adam n'était pas le seul être qu'Aliya avait pu aimer... Il y avait sans aucun doute tous les autres membres de leur famille, leur mère, leur père décédé trop tôt et à qui Aliya aurait aimé lui raconter tant de choses à la fin de ses études et à son retour sur le sol américain. Mais la vie en avait décidé ainsi... Et bien entendu, il y avait eu ses amours. Aliya n'en avait pas eu tant que ça. Il y avait eu un français, Nicolas, ça avait duré un bon petit mois... Après, elle avait renoncé à Brian. Un cuisinier anglais, venu travailler du côté de Paris. Et pour le coup, il était resté dans sa cuisine! Oui, Aliya n'avait pas voulu commencer une histoire avec lui pour la simple et bonne raison qu'elle partait pour l'Italie, faire un long stage. Et au petit bohneur la chance, elle y rencontra Declan. Declan Lawrence. Ils restèrent presqu'un an ensemble. Un pur idylle, une magnifique histoire, que des rires et de bons moments à ses côtés! C'était l'amour dont Aliya rêvait, le masculin dans toute sa simplicité et subtilité! Un homme... raffiné! Aliya aime les hommes comme ça, réfléchi, mature, simple, naturel et sensible. Mais un jour il partit. La canadienne avait également découvert son véritable âge. A quelques mois près, il y avait environ quatre ans de différence! Comme s'il était son frère! La rupture n'avait pas était facile mais la jeune blonde avait su relativiser par le fait que c'était tant mieux, qu'il ne la méritait pas pour lui avoir menti aussi longtemps!!! Le mensonge, une des choses qu'Aliya déteste par dessus tout!

Ce passé, celui auquel elle pensait actuellement, cessa de revenir à la surface lorsque ces paroles ailées sortirent de la bouche du visiteur: "Bonjour. Je me sens moins seule ce soir normalement, il n'y a que moi à cette heure ci ! Excusez moi, je me présente, je m'appelle Violaine." Certaines personnes aurait répondu, un truc du genre,Ouais salut Violaine! Bah c'est cool si tu te sens moins seule, mais tu vas me laisser tranquille et au pire, payes toi des Curly!. Toutefois, Aliya n'était pas de ces personnes! Elle regarda une ultime fois l'horizon, histoire de faire "le plein". Vous savez, un peu comme en soirée. On vous demande de venir danser, on vous tire par le bras, et le dernier réflexe que l'on a, c'est de finir son verre tout en étant forcé de se lever! Et bien ici, c'était pareil! Aliya fixait toujours le soleil et se décida enfin, c'est la première fois que je viens ici. En réalité, c'est la première fois que je me promène dans San Fransisco depuis mon retour. Elle avait dit cela d'une fois calme et douce. Elle sentait la lueur de l'étoile dans ses yeux. Elle avait même l'impression que les rayons passaient plus dans son oeil gauche, le bleu, que dans son oeil droit, le marron. Ca l'éblouissait même légèrement. Enfin, elle se redressa, se tourna vers la dénommée Violaine, châtain aux cheveux longs, habillée simplement mais sans être négligée. Tout en remettant les petites mèches qui n'étaient pas prises dans son chignon et que le vent avait balayées lorsqu'Aliya avait détourné son regard vers la jeune femme, elle dit alors: Il n'y a pas de mal... Elle esquissa un sourire avant de terminer, enchantée, moi c'est Aliya.