Si elle voulait jouer ? Bien sur que Lilly voulait jouer ! Elle n'attendait que ça, pouvoir rabaisser cette petite gamine qui se croyait autant supérieure à elle. Comment osait-elle lui parler sur ce ton, à elle, Lilly Millow ?! S'il y avait bien quelque chose que la jeune femme ne supportait pas, c'était l'autorité. Elle ne se pliait aux ordres de personne, se rebellant à chaque fois, et lorsqu'elle les exécutaient, c'était pour la simple et unique raison qu'elle y voyait ses propres intérêts derrière. Elle estimait très fort qu'elle n'avait pas d'autres maîtres qu'elle-même, sa liberté et son libre arbitre lui étaient très précieux. Capricieuse, elle obtenait toujours ce qu'elle désirait, quel qu'en soit les moyens qu'elle devait employer. Et si quelqu'un avait le malheur de se mettre en travers de son chemin, elle l'assassinait sans aucune pitié. La liste des meurtres de Lilly était très longue et on y trouvait de tout : créatures bénéfiques/maléfiques, sorciers de tous les camps, démons, etc... Lilly possédait ce qu'on appellerait "un coeur de pierre".
Elle suivit la jeune fille dehors jusqu'à un petit carré d'herbe dans un coin isolé, tranquille, à l'abri de tout humain. La jeune fille lui avoua qu'elle avait lu dans ses pensées, elle avait donc le pouvoir de télépathie ? C'était assez embêtant, elle pouvait donc anticiper tous ses faits et gestes. Le problème, avec Lilly, c'était qu'elle était tellement impulsive que parfois il pouvait être difficile d'anticiper ce qu'elle allait faire. Dans ces moments là, elle agissait tellement sur un coup d'adrénaline qu'elle ne se rendait même pas compte elle-même de ce qu'elle faisait. Cela se produisait lorsqu'elle était vraiment dans une colère noire, elle devenait alors incontrôlable, ne connaissant plus aucune limite. Mais elle essayait le plus possible de garder son sang froid, car elle seule était bien consciente de ce qu'elle était capable de faire.
Elle coupa la jeune fille un instant, en désaccord avec ce qu'elle affirmait :

« Dans ce cas, tu ne sais pas très bien interprété les pensées, ma jolie. Bien sur que je voulais mettre Mel dans mon lit ! Il est tellement sexy ce petit, je pourrais lui apprendre bien des choses, dit-elle en lui accordant son petit sourire narquois. « Et comment aurais-je pu savoir qu'il avait une petite-amie, hein ? Et c'est évident que tu es une petite-amie jalouse et oppressante, la preuve que tu ne serais pas ici sinon ! »

C'est alors que Lilly aperçut devant ses yeux, comme si elle rêvait la scène, Mel en train de la rejeter et la jeune fille en train de la gifler. Elle était incapable de réagir face à eux, ce qui la frustrait énormément. Elle se mit en colère contre eux, puis elle poussa un cri strident : le fantôme de ses parents main dans la main se dirigeait droit vers elle, émettant des sons terrifiants et jurant de se venger. Elle s'enfuit donc en courant, terrifiée, avant de revenir peu à peu à la réalité.
Cela lui avait fait du mal, c'était vrai. Non pas l'image de Mel la rejetant, mais le désir de vengeance de ses parents. Ses mains tremblaient et son coeur battait à tout rompre. Elle enfouit toutes ses pensées immédiatement au fond d'elle-même, se contentant de réfléchir à ce qu'elle allait bien pouvoir infliger à son adversaire.

« Intéressant », ajouta-t-elle tout en essayant de calmer son rythme cardiaque. « L'avenir tu dis ? J'en doute fort. Et si je veux m'en prendre à toi ? Oh que oui ! »

Elle pénétra dans l'esprit de son ennemie et lui infligea de terribles et très douloureux maux de tête. Elle prit plaisir à le faire, voyant la jeune fille flanchée sous la douleur. Elle espérait du plus profond d'elle-même que celle-ci commencerait à regretter de s'être frotter à elle.

« Ne me sous-estime pas. Ce que tu ressens là n'est rien, si je le voulais je pourrais t'infliger dix fois pire, sois en bien consciente », l'avertit Lilly. « Tu me supplierais d'arrêter. »

Afin de confirmer ses propos, elle augmenta d'un cran les maux de têtes infernaux qui s'intensifiait dans la tête de la petite brune qui cria sous la douleur. Puis, elle les fit diminuer de moitié, les laissant toujours suffisamment présents dans l'esprit de la fille pour qu'elle en souffre fortement.
Elle s'approcha de la jeune sorcière et l'attrapa par la gorge.

« Ne joue pas avec moi, petite. J'ai déjà tué des centaines de fois, je n'hésiterai pas une seule seconde. »

[Désolée pour le temps que j'ai mis à te répondre, je suis overbookée niveau cours en ce moment et j'ai été super malade, pour pas arranger les choses... ]

Une crise de la trentaine ? Une recherche de jeunesse ? Lilly trouvait les excuses que cherchait la jeune fille pour se déculpabiliser de sa jalousie absolument pitoyables. Non mais et puis quoi encore ? Elle trouvait tout juste impressionnant que la jeune fille manque autant de confiance en elle. Pourtant, d'ordinaire, elle n'aurait jamais pensé cela, mais de quelle autre manière pourrait-elle donc expliquer à quel point celle-ci cherchait à se justifier ? Lilly pensait que, si elle était aussi bien dans sa peau et aussi sûre d'elle, jamais elle n'aurait imaginé une seule seconde que Mel puisse s'intéresser à quelqu'un d'autre. Et jamais même elle n'aurait craint le pouvoir de séduction de Lilly. Après tout, elle ne serait jamais allé jusqu'à violer le jeune homme contre son gré tout de même !

« Donc ce que tu me dis, c'est que j'aurais du te laisser draguer un adolescent de 17 ans alors que tu as … hum … la trentaine c'est ça ? C'est quoi ? Ta crise de recherche de jeunesse … Et ce n'est pas parce que j'empêche une vieille peau de draguer mon petit ami que je suis oppressante et jalouse … »

« Exactement ! » s'exclama Lilly, ne faisant pas attention aux petits pics que lui lançait la petite brune vis à vis de son âge et de son physique. Ce n'était pas la première fois qu'une femme jalouse l'incendiait comme cela.

Lilly venait donc de découvrir, après avoir aperçut contre sa volonté des images dans son esprit, que la jeune fille était télépathe. Tiens, ça pourrait jouer en sa faveur ! Après lui avoir donc infligé de douloureux maux de têtes, elle fut également surprise de découvrir le pouvoir d'ubiquité de celle-ci. Tant que sa projection astrale ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs, elle n'avait rien à craindre. Elle même connaissait bien ce pouvoir puisqu'elle en était aussi dôtée. La tentative de dispersion de la jeune fille réussie et Lilly reçut de plein fouet un laser qui lui brûla tout l'avant bras. Elle hurla de douleur et fit deux pas en arrière. Sa peau cicatrisa immédiatement, mais de voir son magnifique corps blessé affectait toujours beaucoup la jeune femme prétentieuse.

« Me tuer ? Ecoute, je n'ai rien à perdre, alors si tu dois me tuer, autant te le dire, tu mourras avec moi … Je ne sais pas ce que vous avez les sorciers et les démons … J'ai demandé quelque chose moi ? Non … J'ai même pas demandé ces fichus pouvoirs ! »

Lilly se rua sur son adversaire et l'attrapa par la gorge.

« Si tu pouvais seulement imaginé à quel point ce serait facile pour moi de te briser... » dit-elle, le souffle court, sentant une montée d'adrénaline et de colère se mélangeait en elle et qui, elle le savait, pouvait faire de graves dégâts.

A ce moment là, Lilly plongea le plus profond possible son regard pairs dans les yeux clairs de la jeune fille, l'invitant par la pensée à entrer dans son esprit. Mais cette fois-ci, c'était Lilly qui tenait les rennes. De là, la femme fatale se mit à songer et à faire resurgir dans son esprit tous les crimes qu'elle avait pu commettre sans pitié ni remords, remontant même jusqu'à son tout premier assassinat : celui de ses parents. Elle n'épargna la fillette d'aucun détails, d'aucun de ses sentiments lors de ces instants-là. Elle voulait lui faire comprendre qu'elle n'avait peur de rien, et que malgré le cran dont elle pouvait faire preuve et des puissants pouvoirs qu'elle détenait, elle ne devait pas la sous-estimer.

Lilly ralentit les battements de son coeur, soufflant lentement à plusieurs reprises, et l'adrénaline redescendit. Elle relâcha l'emprise qu'elle avait sur la fillette et s'assit un peu plus loin dans l'herbe. Pause. L'avoeu de la jeune fille l'avait touché. Elle se rendit alors compte que celle-ci ne faisait partie d'aucun clan, et que les pouvoirs qu'elle possédait ne lui servait ni à prôner le mal, ni à aider le bien. Non. Celle-ci employait ses pouvoirs seulement pour se protéger, ou bien dans son cas personnel, mais ne voulait être mêlée à rien, ne prendre partie à aucune guerre. C'était l'une de ces sorcières qui, en tant normal, ne cherche de noises à personne et vivent leurs vies tranquillement, dans la plus grande discrétion. Lilly ne souhaitait même pas lui faire de mal, elle voulait simplement remettre cette jolie jeune fille qui avait été aussi arrogante envers elle (et pour cause, elle le savait) à sa place. Si elle avait voulu la réduire en chair à pâté, la mettre en miette ou même l'achever sans regrets, il y a bien longtemps que le travail serait fait. Elle ne doutait pas de la grande puissance de la reine du lycée, elle ne doutait jamais de ses adversaires, mais elle savait que les personnes qui possédaient encore une once de compassion et de gentillesse en elles n'auraient jamais le courage de tuer de leur plein gré et de sang-froid.
Pas comme Lilly. Pas comme elle l'avait déjà fait un nombre incalculable de fois.

La petite brune n'avait décidément pas froid aux yeux, et Lilly aimait ça, les sorciers qui ont du cran. Elle resta sidérée d'entendre de la voix d'une petite adolescente que même si Lilly la brisait, cela demeurerait encore bien trop doux pour elle. La première chose à laquelle elle songea, c'est que l'assurance débordante de la jeune fille la perdrait un jour ou l'autre : à force de hurler au loup, elle se ferait littéralement bouffé. Mais Lilly trouvait ça bien trop amusant pour déguster son petit mouton maintenant, quel intérêt gagnerait-elle à la détruire sur le champs ? Aucun. Voilà le problème. Elle était bien consciente que ça ne lui prendrait que quelques instants, mais pour une fois qu'elle croisait une adversaire aussi arrogante qu'elle, elle voulait s'amuser un peu. Au fond, elle adorait voir la jeune fille sortir de ses gongs et l'incendiait de réflexions déplacées. En temps normal, elle le lui aurait fait payer très chèr, mais le cran de la jeune fille la séduisait.
Lorsque Lilly la força du regard à lire à ce moment même dans son esprit ce qu'elle pensait, tous les souvenirs sanglants et violents qu'elle s'était forgé furent désormais connus de la jeune fille qui n'eut même pas l'air d'avoir peur. Lilly abandonna l'idée d'essayer de la faire flancher, elle était bien trop têtue et bornée pour s'apercevoir qu'elle devrait plutôt se méfier d'elle et la fuir comme la peste. Après avoir lâché son emprise et s'être installé un peu plus loin, Lilly s'effondra carrément dans l'herbe devant la remarque abasourdissante de la jeune fille qui venait de réduire à néant tout ses espoirs de la terrifier.

« C'est tout … ? Je commençais à me faire la main … »

Elle ramena ses mains près de son visage, prête à exploser de colère devant la frustration intense que lui provoquait la jeune fille en résistant à la craindre, elle, Lilly Millow. Au lieu de cela, elle explosa nerveusement de rire, s'embarquant dans un fou rire qu'elle avait du mal à calmer. En réalité, elle se sentait toujours aussi frustrée, mais mieux valait en rire qu'en pleurait. Elle ne rencontrait que très rarement des individus qui osaient autant qu'elle la provoquer et lui résister, des individus qui, même s'ils l'auraient dus sachant de quoi elle était capable, n'avaient pas froid aux yeux. Elle était fascinée par ce trait du fort caractère de la fillette.

« Tu n'es pas croyable... »

Elle se redressa, toujours allongée dans l'herbe en s'appuyant sur ses coudes et fixa la jeune fille, profondément étonnée qu'elle s'excuse auprès d'elle. Ah non ! Voilà qui gâchait tout de son petit côté mauvais. Elle la laissa tout de même terminer sa phrase, comprenant alors que l'attaque de la fillette, dans le bar, n'était pas voulue. Elle comprenait, elle aussi n'avait pas su controler ses pouvoirs lorsqu'elle était plus jeune, mais que l'attaque soit voulue ou non, lorsque l'on s'en prend à elle, Lilly assassine l'individu sans pitié, ni remord, et de la manière la plus tortueuse qui soit.

« M'enfin non, surtout ne t'excuse pas ! A ta place, j'aurais crevé les yeux de la fille qui aurait osé toucher à mon petit-ami, alors tu vois... » elle lui esquissa un sourire, petit signe de paix. « Quand à tes pouvoirs, méfie toi, dans d'autres circonstances je crois que je n'aurais pas hésité à te tuer immédiatement. Mais tu arriveras à les controler, il te faut encore un peu d'entrainements », rajouta-t-elle et sur ces mots, elle lui fit un clin d'oeil complice.

Assise dans un petit coin d'herbe derrière le P3, les deux jeunes femmes riaient aux éclats, se moquant elles-mêmes du comportement qu'elles eurent l'une envers l'autre. La situation ayant pris une toute autre tournure, Lilly avait réussi à calmer la grande colère qui l'avait animé quelques instants plus tôt et qui aurait pu créer de réels dégâts si elle l'avait laissé grandir en elle. Lilly n'aimait pas perdre le contrôle car, lorsque cela se produisait, elle était capable des pires atrocités mais ceci sans avoir le divin plaisir d'en être consciente. Cela la frustrait de ne plus rien commander, de laisser la rage, son côté obscure, la submerger et la posséder entièrement, lui dictant ainsi tous ces faits et gestes qu'elle exécutait comme une marionnette. Dans ces moments là, elle demeurait en colère aussi longtemps qu'elle ne pouvait assouvir sa vengeance, et cela pouvait prendre du temps... Si Lilly avait su un petit moment plus tôt qu'elle rirait de bon coeur avec la petite-amie de Mel, elle ne l'aurait pas cru une seule seconde.
Elle remarqua que la jeune fille riait jusqu'à en avoir les larmes aux yeux et Lilly se remit à s'esclaffer de plus belle. Elle avait mal aux joues à force de contracter ces muscles et n'arrivait parfois presque plus à respirer tellement elle riait aux éclats. Après un petit moment de fou rire intense, elle se laissa tomber en arrière et, allongée sur le sol, elle relâcha tous ses muscles. Elle était épuisée d'avoir autant ri, ces moments là étaient très rares dans la vie de la jeune femme. Mais bon sang, qu'est-ce que ça faisait du bien ! Elle souffla un bon coup, reprenant peu à peu ses esprits et se mit à enrouler des mèches bouclées de ses cheveux bruns autour de ses doigts, son visage tourné vers la jeune petite sorcière.

« Ne changer pour personne est une de mes règles capitales », lui avoua Lilly. « Moi-même je suis très loin d'être parfaite... Mais j'essaye de m'entourer de gens qui m'apprécient vraiment pour ce que je suis. »

Elle se dit alors qu'au moins, son agresseur avait la chance d'avoir un petit-ami à ses côtés, soit quelqu'un qui l'aime pour ce qu'elle est vraiment. Lilly n'avait pas encore trouvé cette personne qui s'intéresserait à autre chose qu'à son incroyable physique, qui apprendrait mieux à la connaitre et l'apprécierait autant pour ses qualités que ses défauts. Sur le coup, elle envia un peu la jeune fille, n'ayant eu que de courtes relations très souvent sommaires, elle ignorait tout de la sensation que pouvait procurer un amour fidèle qui dure. Néanmoins, elle restait très attachée à son statut de femme libre célibataire, les histoires d'amours n'étant pas toujours toutes rose... La jeune sorcière lui avoua qu'elle ne possédait ses pouvoirs que depuis quelques semaines, ce qui expliquait qu'elle ait du mal à les controler. Elle lui dit alors qu'elle acceptait tout juste sa nature de sorcière, ce qui laissa Lilly un peu perplexe dans le sens qu'elle avait toujours grandit avec la magie et qu'il était inconcevable pour elle de vivre dans un monde qui en serait dépourvu. D'ailleurs, elle ne comprendrait jamais pourquoi les humains s'obstineraient autant à ne pas y croire.

« Quelques semaines seulement ? » s'étonna-t-elle. « Je comprends mieux... Tu ne voulais pas être une sorcière ? »

Elle finit par se redresser, se retrouvant ainsi dans une position assise, ramenant ses jambes près de son corps. Lilly écoutait l'histoire de la jeune fille qui, malencontreseument, avai quelques problèmes au sujet de la magie. Elle avait déjà rencontré de jeunes sorciers comme la petite Amy Pullman en proie face à leurs pouvoirs et à chaque fois, elle s'était à moitié épris d'affection pour eux, devenant pour les plus chanceux d'entre eux une espèce de "mentor".

« Enchantée Amy, moi c'est Katie, Katie Milton. Et pour répondre à ta question, j'ai des pouvoirs depuis mes treize ans, j'ai eu beaucoup plus de temps que toi pour apprendre à les controler. Et puis, je suis née de parents sorciers, je baignais déjà dans la magie avant d'être au monde... »

Katie ? Ce n'était rien d'autre que le deuxième prénom de la jeune femme qu'elle avait également attribué à sa projection astrale. Lilly étant particulièrement connu pour ses nombreux meurtres, beaucoup d'individus en quête de vengeance la recherché, et elle ne faisait confiance à personne. C'est pourquoi elle ne divulguait presque jamais sa véritable identité.