Jaredounet était occupé à expliquer calmement à Monsieur Slaï que non, parler en chinois ne l’aidera pas à survivre à l’épreuve du poids. L’épreuve du poids, c’est ce petit jeu qui consistait à attacher un individu quel qu’il soit sur un banc, une table, une chaise ou qu’importe. De l’allonger, de lui fixer une corde aux pieds, elle-même accrochée à un crochet en hauteur puis reliée à son cou. S’il ne soulevait pas le poids avec ses pieds, il s’étranglait. Et après quelques tortures, il s’étrangla. Après avoir eu son lot de sadisme et de sang, il décida d’aller purger tous ses méfaits sous une bonne douche rafraichissante. Torturer cet asiatique avait été un véritable moment de plaisir pour lui, et sa peau ruisselait de chaleur comme de sueur. Il fredonna plusieurs chansons connues en se savonnant, se disant qu’il nettoiera toutes ses cochonneries plus tard. Ou plutôt que son cher esclave le fera à sa place comme il en avait l’habitude. C’est donc avec une extrême bonne humeur qu’il sortit de la douche en prince, s’empara d’une serviette puis fit le con devant le miroir de la salle de bain. Il reluqua son corps durant de bonnes minutes, admirant le travail de son entraînement quotidien, puis recommença à faire le pitre. Jusqu’à ce qu’un appel l’interrompt dans son délire et lui redonne un peu de sérieux. Ce n’était non pas un appel sur téléphone, mais dans sa tête. Un cri qui résonnait tout doucement dans un coin de son esprit mais qu’il percevait facilement. Se focalisant dessus, il reconnut la voix d’Anna. Cela dit, il ne pouvait entendre qu’elle puisqu’elle était seule détentrice du médaillon relié au strip-teaseur. Une babiole qu’il avait fait fabriquer par Otthran et qui fonctionnait merveilleusement bien. C’aurait été fort étonnant qu’elle déconne, avec les talents de surdoués du nécromancien. Si elle faisait appel au médaillon, c’est qu’elle était en danger. Ils avaient convenus tous les deux que si la situation n’était pas urgente, elle utiliserait plutôt le téléphone. Ni une ni deux, le sorcier vola au secours de sa belle ! Il se concentra fort sur cette dernière et se téléporta pour apparaître à ses côtés. N’aie crainte Ananas, monsieur Banane vient à ta rescousse ! Il comprit rapidement la situation qu’il jaugea d’un coup d’œil, puis s’interposa entre eux.

« Comme on dit chez moi, on prend le démon par les écailles ! » s’écria-t-il en tordant la serviette entre ses mains pour la compresser et en faire un fouet dont il claqua violemment le bout contre la cuisse de la créature. « Olé ! »
Gros frimeur faisait son malin pour impressionner sa belle, quoi de plus naturel ? Le monstre poussa un cri rageur sous le claquement bien résonnant du coup de serviette. Jared lui balança le tissu dans la figure puis s’envola quelques mètres au-dessus pour éviter le coup de patte. Il ratterrit paisiblement en face, l’air de rien. Le démon était plus gros que lui, et le sportif était tout nu. Il ne semblait cependant pas le moins du monde gêné par sa nudité. En même temps, il était strip-teaseur. Il décida de donner une petite leçon au méchant qui avait jeté fatalement son dévolu sur l’humaine. On ne touche pas à la protégée de Jared Jones ! Le maléfique se tourna vers sa demoiselle en détresse pour l’enlacer d’un bras et la serrer contre lui de manière théâtral. Pour jouer les preux chevaliers. Et puis il préférait la garder contre lui au cas où un autre démon apparaisse et s’en prenne à elle tandis qu’il s’amuse avec le premier. Malgré ses petites plaisanteries et son allure exagérée, il abordait un air sérieux et fixait l’ennemi d’un regard assassin. Il n’y avait point de jeu dans les mots « On ne touche pas à Anna. » et lorsqu’il prétendait tuer quiconque lui ferait du mal, c’était à prendre avec tout le sérieux du monde. Et pour punir le parasite d’avoir osé la toucher, il décida d’en finir avec lui immédiatement. Sans jouer avec, sans plus tarder, et par la manière la plus rapide qui soit. Il s’abaissa, passa sa main libre derrière les genoux de la protégée et la souleva. Il la prit dans ses bras comme une princesse puis s’envola quelques mètres au-dessus avec elle pour qu’elle soit hors d’atteinte. Il tourna la tête vers elle pour lui faire un regard bienveillant.

Il reposa ses yeux sur le démon pour un air meurtrier. Et tout doucement, une main télékinétique et invisible vint enserrer la gorge de la créature. Il eut beau sauter et frapper dans le vide, il n’atteignit pas les deux tourtereaux qui lévitaient toujours. Jared serra davantage sa prise, concentré et surtout satisfait de voir son ennemi suffoquer. Le démon tomba à genoux en se tenant le cou. Des gargouillis s’échappèrent de sa gorge et Jared se surprit à desserrer un petit peu pour prolonger son calvaire… Mais il ne voulait pas effrayer Anna par son sadisme. Alors il serra du plus fort qu’il le pouvait et d’un coup sec, la nuque de son adversaire se brisa. Il tomba sur le sol, raide mort. Content de lui, monsieur Jones revint au sol pour y déposer avec délicatesse les jambes de sa compagne.
« Je pense que tu as bien mérité une journée de congé ma belle ! » fit-il joyeusement en claquant la bise à la jeune femme pour la saluer, nullement embarrassé d’être totalement nu et presque collé à elle. Il finit par la lâcher totalement pour la laisser respirer, et reprit sur un ton plus sérieux.
« Je n’aime pas que tu repartes seule chez toi au soir. Un coup de fil et je peux te ramener tu sais. D’ailleurs, là, je te raccompagne ! »
À poils. Oui oui.