Quelle drôle de période, vraiment. Chris venait tout juste de sortir de l'hôpital, sa garde terminée. Il avait pris à cinq heures ce matin-là, et finissait à quatorze heures. Ca avait été une journée tranquille cependant. Pas d'autres urgences qu'un petit accident de vélo. Alors, après avoir salué ses collègues infirmiers, et adressé un clin d'oeil amical à la standardiste, il était sorti, et s'était simplement éclipsé vers le manoir. Cette sensation de liberté de n'avoir pas à se cacher pour ça, c'était véritablement, vivifiant. Bon, le fait d'éviter le bus rempli de gens participait aussi à cette béatitude de pouvoir utiliser ses pouvoirs en public. C'était peut-être mal, mais tellement plus pratique... Ainsi, Chris se matérialisa dans une gerbe d'étoiles bleues et blanches au milieu de sa chambre. Il fallait qu'il se change. Ôtant son uniforme d'infirmier, Chris attrapa un simple jean, et un tee-shirt à l'effigie d'un vieux groupe de rock. Il n'avait aucunement l'intention de sortir pour le reste de la journée. Il y avait des tas de choses à faire dans le manoir, notamment refaire le stock de potions, refixer l'étagère dans la cuisine, chercher dans le journal s'il y avait des cas de démons en ville... En un mot comme en cent, Chris avait des tas de choses à faire. Mais surtout, il comptait bien profiter de la tranquillité qui régnait au manoir actuellement. Wyatt et Mélinda devaient être dehors, à travailler... Et le reste de la famille devait en faire autant, certainement. Autant profiter d'absence de cris, d'explosions diverses... Et fixer l'étagère de la cuisine, qui menaçait de tomber sur la tête de tout ce petit monde depuis des semaines....

Descendant silencieusement dans la cuisine, Chris pensait au passé, comme bien souvent. Le jeune homme mélancolique se souvenait bien qu'avant, dès qu'il y avait un petit truc à faire, ou à réparer dans la maison, c'était son père qui le faisait. On lui avait raconté qu'avant de déclarer être l'être de lumière des sœurs Halliwell, il se faisait passer pour une sorte d'homme à tout faire. Et il avait conservé ce rôle là. Aujourd'hui, c'était le plus souvent Chris qui s'en occupait. Wyatt était toujours trop occupé pour cela, et Henry Jr était trop distrait pour s'en souvenir. Mais cela ne le dérangeait pas. Ce genre de corvée lui permettait de penser à d'autres choses que ses petits soucis actuels. Et s'il avait su que l'un de ses soucis actuels se trouvait dans la maison, à n'en pas douter, Chris aurait fui !

Pris d'une envie soudaine, avant de se rendre dans la cuisine, il passa par la véranda. Histoire de voir si tout va bien se justifia-t-il à lui-même. Et là, surprise ! Il s'arrête à l'entrée de la pièce, s'appuyant contre le chambranle de la porte. Sa mère était allongée là, un plaid posé sur ses épaules. Voilà la raison qui faisait qu'en ce moment, la situation était étrange. Et la raison pour laquelle il avait tendance à fuir le manoir aussi. Sa mère revenue d'entre les morts. Enfin, pas exactement. Disons, sa mère revenue du passé. Lorsque sa mère et ses tantes étaient mortes, un an et demi auparavant, Chris avait été celui qui avait semblé le mieux le prendre, prenant en charge toute la fratrie. Mais en réalité, Chris l'avait très mal vécu. Et devoir soudain se remettre à vivre avec les sœurs Halliwell... Malgré tout, Chris ne pouvait s'empêcher de penser que la Piper actuellement allongée dans le fauteuil en rotin n'était pas sa mère. Elle n'était pas encore tout du moins, la femme qui l'avait élevé. Il ne pouvait se résoudre à la nommer Maman. Alors, à la place, il la regardait, allongée, pâle... Anormalement pâle. Ses sourcils se froncèrent. Quelque chose n'allait pas.

Quittant le chambranle, il s'approcha, inquiet. « Piper ? » appela-t-il, espérant qu'elle répondrait. Qu'elle était en vie. Il ne pouvait empêcher son cœur de battre vite, et trop fort. Il refusait de voir sa mère mourir une seconde fois. Même s'il luttait pour ne pas s'attacher à elle, pour ne pas souffrir une nouvelle fois, il ne voulait pas la voir mourir ! Chris s'agenouilla à côté d'elle, à même le sol. « Est ce que tout va bien ? »

Chris se redressa un peu, alors que sa mère, ou presque se relevait, et s'asseyait. La petite ride entre ses sourcils, signe de son inquiétude ne s'effaçait pas. Mais au moins, sa mère était vivante ! Chris ne put s'empêcher de se battre avec cette pensée au moment où elle traversa son esprit. Ce n'était PAS sa mère. Il ne devait pas la considérer comme tel, il devait se battre contre ce sentiment, et éviter à tout prix de s'attacher à elle. Il ne pouvait pas se permettre de l'aimer comme il avait aimé sa mère, puis de la renvoyer dans le passé. Il en souffrirait bien trop. Alors, il devait se battre contre ce sentiment. Et que c'était difficile, alors qu'elle le fixait droit dans les yeux, comme cela... Elle avait les même yeux que lui, il le savait. Et dans ce regard, Chris voyait la fibre maternelle, ce besoin qu'elle avait toujours eu de s'occuper de ses enfants... Il voyait l'étendue de l'amour qu'elle ressentait à son égard, alors même qu'elle ne connaissait pas l'adulte qu'il était devenu... Cette Piper lui vouait la même confiance absolue que la Piper décédée une année et six longs mois auparavant. Il fallait qu'il s'éloigne, il ne fallait pas qu'il se laisse attendrir !

Chris se fit violence, et se releva s'éloignant de quelques pas de Piper. Elle assurait qu'elle ne souffrait que d'un peu de fatigue. Le jeune homme lui adressa un signe de tête, signe qu'il avait compris. « Sûrement un contre coup du voyage dans le temps. Tu veux que je regarde si j'ai quelque chose contre ça ? » Chris le médecin de la famille. Enfin, techniquement, il n'était qu'infirmier. C'était sa façon d'être utile aux Halliwell. Wyatt les protégeait, Chris soignait les choses que le pouvoir de guérison de soignait pas. Ils étaient les aînés de cette famille, voilà peut-être la raison qui les poussait à vouloir se montrer si utile, à vouloir prendre soin de tout le monde... Chris l'ignorait, et à vrai dire, il ne se posait pas la question. C'était comme ça, et ça fonctionnait très bien. Et puis, il avait une pharmacie si bien remplie, ç'aurait été stupide qu'elle ne serve pas plus que cela !

Mais Chris fut tiré de ses réflexions médicinales par sa mère, qui se remettait à lui parler d'une voix douce. Cette même voix qui avait rassuré le jeune Chris des dizaines de fois. Lorsqu'il faisait des cauchemars, lorsqu'il avait peur, lorsqu'il se disputait avec son frère (ce n'était arrivé qu'une seule fois, mais c'était suffisamment déstabilisant pour qu'il en ait fait un drame!) ou lorsqu'il avait eu peur de se faire attaquer par un démon... Et la voilà, qui continuait d'essayer de le rassurer, qui continuait d'être douce avec lui... Comment était-il sensé ne pas craquer face à cela !

« Ce n'est pas difficile, c'est inhumain. » murmura-t-il, en espérant qu'elle ne l'entendrait pas. C'était presque une véritable torture pour lui, de supporter la présence de sa mère et de ses tantes, après avoir tant lutté pour accepter leur mort... Chris ne regardait plus sa mère, il avait détourné le regard. Apprendre à se connaître et à se faire confiance... Le jeune homme se mordit la lèvre, toujours sans oser regarder celle qui allait devenir sa mère. « On risque de changer le futur... Enfin, ton futur, et mon présent. Il ne faut pas que tu saches trop de choses. » Sitôt sa phrase terminée, Chris releva les yeux vers Piper. Etrangement, Chris était très à cheval sur la question des risques dus aux voyages dans le temps... Il fallait dire, il n'aimerait vraiment pas chambouler tout son présent. Quelque chose, au plus profond de lui lui disait qu'il avait une très belle vie, et que la situation aurait pu être terrible. Et il ne fallait pas modifier cela. Il fallait refaire exactement tout ce qui avait été fait...

« Est ce que tu es sûre que tout va bien ? » demanda le jeune Halliwell une nouvelle fois. Piper semblait vraiment patraque...

Chris se refusait toujours à regarder la Piper du passé droit dans les yeux. Ce qu'il y avait vu l'instant d'avant l'avait remué. Il se sentait aussi mal et bizarre que le jour où elles étaient apparues. Oh, ça il ne risquait pas de l'oublier ! Il était dans le grenier, avec Wyatt, lui en train de préparer une potion, son frère en train de lui faire la morale – oui, on ne chasse pas tout seul, blablablabla – et soudain, il y avait eu des petits éclairs au milieu de la pièce, un peu comme des traces d'éclipse. Chris avait sauté sur ses pieds, boules d'énergie en mains, prêt à dégommer tous les démons qui osaient se pointer au milieu du grenier. Et Wyatt, qui avait réagi en premier lui avait attrapé les poignets, ce qui avait eu pour effet de faire disparaître les boules d'énergie. Là, au milieu du grenier se tenaient les sœurs Halliwell, à peu près vingt cinq ans plus jeunes que la dernière fois qu'il les avait vues. Chris avait ressenti un grand vide au milieu de son estomac, alors que sa bouche s'ouvrait en un « o » surpris. Elles ne pouvaient pas être là. Elles étaient mortes !

Et puis, finalement, il se retrouvait à discuter, là au milieu de la véranda avec la Piper de ce passé. Mais ce n'était pas normal. Il fallait qu'elles retournent dans leur temps, et vite ! Alors, Chris se refusait à la regarder dans les yeux. Mais néanmoins, la longue tirade de celle qui allait devenir sa mère l'obligea à lever les yeux. Ce qu'elle lui disait le choquait, purement et simplement. Un voyageur du futur. Déjà, il ignorait cela, on ne lui en avait jamais parlé. Mais après tout, passe encore, des voyageurs du futur, ou du passé, ça pouvait bien arriver ! Un être de lumière qui visiblement traitait mal les sœurs et avait voulu séparer ses parents. Chris ne pouvait s'empêcher de le détester, sans même le connaître. Et lorsque Piper dévoila enfin l'identité de ce type horrible du futur, Chris crut qu'il allait défaillir. Ses yeux étaient ronds comme des soucoupes, et sa bouche ouverte sous le coup de la surprise. Il lui fallait un temps d'adaptation, là ! Piper du passé venait de lui révéler une chose que sa mère ne lui avait jamais révélée... Que dans un univers alternatif, il était venu du futur protéger Wyatt d'une menace. Et qu'il était mort à l'âge de vingt ans. Là, c'était peut-être un peu trop d'un coup. Mais, cela expliquait certaines choses...
« Voilà qui explique pourquoi Papa était si protecteur envers moi... » Car oui, en effet, Léo avait toujours été là pour Chris, se montrant parfois un peu papa-poule, au désespoir de ce dernier...

Chris nota que Piper était sur le point d'ajouter autre chose, mais soudain, quelques gouttes de sang s'échappèrent d'une narine de sa future mère. Elle tenta maladroitement de le cacher dans le creux de son bras, mais c'était un peu trop tard ! Chris s'approcha en vitesse, et s'assit à côté d'elle, l'obligeant à retirer son bras. Il ne fallait pas qu'elle penche la tête en arrière. Le voilà qui devenait soudain très professionnel. Mais la demande de Piper le surprit. Il acquiesça néanmoins. « Promis, je ne leur dirai rien. » dit-il en attrapant sur le guéridon à côté du canapé des mouchoirs. Il en plaça un juste sous le nez de sa mère, histoire d'éviter qu'elle s'en mette partout. La ride d'inquiétude entre ses sourcils s'accentua encore un peu. Visiblement, ce qu'elle avait était soit trop grave et elle ne voulait pas inquiéter ses sœurs, soit pas grave du tout, et elle ne voulait pas les inquiéter inutilement. Chris priait en son for intérieur pour la seconde solution. S'assurant que son nez ne coulait plus trop, il se leva et se dirigea vers la cuisine, ouvrant un petit placard tout prêt de la porte. Il en sortit plusieurs médicaments, et rempli un verre d'eau, qu'il vint poser près de sa mère. Il n'y avait rien de bien dangereux, et surtout pas d'aspirine qui risquait de la faire saigner plus encore. Il lui tendit les médicaments, un petit sourire tendre sur ses lèvres. Un sourire qui ressemblait terriblement à celui de sa mère...

Chris était assis à côté de Piper, le buste tourné vers elle. Il l'observa avaler les cachets et boire le verre d'eau qu'il lui avait proposé. Spontanément, il crut revenir quelques années plutôt, alors qu'il avait environ vingt cinq ans, lorsqu'il s'installait avec sa mère dans ce patio, histoire de passer un peu de temps avec elle, de discuter de choses et d'autres... Sa mère avait toujours su l'aider sur certains points, comme le fameux « comment agir avec les filles ». Lorsqu'il était dans les problèmes sentimentaux jusqu'au cou, il savait qu'il pouvait compter sur son soutien. Elle lui avait appris dès son plus jeune age à se montrer tendre et respectueux avec les demoiselles (parce qu'il fallait dire qu'il ne risquait pas d'apprendre avec sa petite sœur, qui était toujours très occupée à l'embêter). Pour ce qui était des conseils à proprement parler sur la gent féminine, Christopher avait surtout compté sur sa tante Phoebe. Qui mieux qu'elle pouvait lui dire comment réagir dans telle ou telle situation ? Après tout, n'avait-elle pas tenu une rubrique sur les relations amoureuses pendant des années ? Mais désormais, depuis que les sœurs Halliwell n'étaient plus là, Chris ne pouvait compter que sur lui même (ou presque, il lui restait toujours Soane pour le conseiller et le traiter d'abruti handicapé des relations sociales!)

Ainsi assis sur ce canapé en rotin, Chris ne put retenir le sourire qui commençait à fleurir sur son visage alors qu'il repensait à ce passé si joyeux... Et il fallait croire que la Piper du passé l'avait bien compris, puisqu'elle reprit la parole pour évoquer d'autres souvenirs. Le benjamin de la fratrie ne put retenir un petit gloussement lorsque sa future mère évoqua l'instant où elle avait figé son mari pour laisser le petit Chris faire ses propres expériences. Etrangement, il n'avait aucun mal à imaginer sa mère faire ça ! Finalement, cette Piper et sa mère n'étaient peut-être pas si différentes, se surprit-il à penser. « Oh, Papa et la liberté, c'était pas l'amour fou ! » commença-t-il, en levant les yeux au ciel, amusé. « La première fois que je me suis retrouvé face à un démon, j'ai bien cru qu'il allait faire une syncope ! » Chris s'en souvenait bien. Il devait avoir cinq ou six ans, et jusque là, aucun démon n'avait attaqué le manoir depuis sa toute petite enfance. Et puis, un démon inférieur était apparu, juste au milieu du salon. Et jamais Chris n'avait vu son père dans un tel état de rage, que lorsque l'être maléfique avait tenté d'attaqué son plus jeune fils. Si un regard avait pu tuer, il l'aurait fait flamber sur place ! Mais Piper était arrivée, et avait fait sauter le démon. Tout était bien qui finissait bien, en somme ! « Mais il ne m'a jamais parlé de... Cet autre moi. Personne n'en avait jamais parlé. » confia-t-il. Et il comprenait bien pourquoi à présent ! Rien qu'en y pensant, le sang de Chris se glaçait. C'était quelque part absolument terrifiant de penser qu'il était mort dans les bras de son père pour sauver son frère... Et si Wyatt l'apprenait ! Il risquait de ne pas s'en remettre, et d'enfermer Chris dans une cage de cristaux histoire qu'il ne s'éloigne jamais...

Chris ne put s'empêcher de ressentir un petit soupçon de fierté lorsque Piper déclara qu'il ressemblait à Léo. C'était réellement un très beau compliment. Chris prenait depuis toujours son père comme modèle. A tel point que, comme l'avait fait l'ancien être de lumière, le jeune Halliwell avait décidé de consacrer sa vie aux autres... Et, rien que pour cela, il regrettait que son pouvoir de guérison ne se soit jamais développé, car il lui aurait probablement permis de pouvoir officier comme être de lumière. C'était une déception pour le jeune homme...

Le beau brun voulut demander quelque chose à Piper, mais, elle semblait quelque peu perdue dans ses songes. Il attendit un instant qu'elle se décide à revenir. Mais elle ne lui laissa pas le temps de s'enquérir de sa santé, puisqu'une nouvelle question fusa. Le visage du demi-sorcier s'assombrit quelque peu à la mention de son père. Il secoua légèrement la tête en signe de négation. « Plus depuis que toi et tes sœurs êtes... Enfin, depuis ce jour, on ne l'a plus vu. Il n'a pas pu supporter de te perdre. » A vrai dire, Léo aurait du revenir et veiller sur sa famille. Mais Chris vouait une confiance presque aveugle à son père. S'il ne l'avait pas encore fait, c'était sûrement parce qu'il sentait qu'il ne saurait pas mener cette famille. Mais à n'en pas douter, il reviendrait un jour ! « Lorsqu'il sera prêt, il reviendra sûrement. » finit-il. Et ce jour là, il sera prêt à l'accueillir.

« Bon allez » reprit-il après un instant de silence. « Maintenant, dis moi ce que tu as, et que tu ne veux pas que les tantes apprennent ! »

Piper continuait de fixer Chris, qui lui avait détourné le regard. Il n'avait pas pu empêcher ses yeux de remonter vers elle, lorsqu'elle avait parlé du Chris du passé venu pour sauver Wyatt. Mais très vite, il avait cessé d'observer ces yeux qui lui rappelaient tant de souvenirs... Le benjamin des Halliwell haussa les épaules à ce que disait la Piper du passé. Lui empêcher de faire des erreurs et retourner dans le passé... Certes. Jamais il n'en avait eu envie. Enfin, presque jamais. Lorsque sa mère et ses tantes ont été tuées, Chris a eu envie de retourner quelques temps auparavant, les prévenir, leur prêter main forte pour ne pas qu'elles soient tuées par la Triade... Mais le reste de la famille l'en avait empêché sans même le savoir. Il y avait eu fort à faire, s'occuper des plus jeunes, prendre le manoir en main, s'assurer que la Triade ne survive pas à leur acte... Assurer la suite des sœurs Halliwell en bref. De fait, il n'avait pu mettre ce plan à exécution. Et ce n'était visiblement pas plus mal. Pourtant, l'idée de cet autre lui qui s'était sacrifié pour son grand frère continuait de lui trotter dans l'esprit. Il n'allait pas demander à cette Piper du passé plus de détail. Après tout, il ignorait toujours s'il pouvait vraiment lui faire confiance. Du coup, il allait falloir qu'il creuse ça tout seul, de son côté...

Piper passa la main dans ses cheveux. Chris était assis à côté d'elle, a une certaine distance, mais malgré tout, il pouvait sentir l'odeur de son shampoing. Elle n'en avait pas changé. Cette odeur d'amande emplit les narines du jeune homme qui se laissa envahir une seconde par la mélancolie. Sa mère lui manquait. Il avait beau avoir vingt neuf ans, et être un adulte accompli, sa maman lui manquait. Sa vraie maman. Pas celle qui ne l'avait pas élevé. C'était peut-être injuste pour cette femme qui n'avait rien fait de mal, mais c'était vrai. Elle n'était pas encore sa mère. Une nouvelle fois, il haussa les épaules. Ses mains étaient posées sur ses genoux, et il les regardait distraitement, tout en répondant à sa mère qu' « il n'y a aucun doute. Il veille sur nous, et si quelque chose de grave venait à se passer, il viendrait. Mais il a besoin de temps. » Leur père restait un bon père. Malgré toute la rancoeur que Wyatt entretenait envers Léo, Chris savait que ce dernier les aimait et reviendrait pour eux.

Puis, revint le sujet de la santé de Piper du passé. Christopher acquiesça à ce qu'elle déclarait. « Papa a eu raison. Tu dois aller voir un médecin. » commença le jeune homme en se laissant aller contre le dossier du canapé en rotin. « Mais c'est vrai que tu ne peux pas y aller dans notre temps. C'est pour cela qu'il va falloir vous renvoyer dans votre temps au plus vite. » Au plus vite, du genre, s'y mettre là maintenant, tout de suite. « Cependant, je ne pense pas que cela soit vraiment grave. Si ça l'était, tu, enfin, ma mère aurait eu des problèmes. Or, elle n'a jamais été gravement malade. Et s'il n'y avait pas eu la Triade, elle serait encore là... » La voix de Chris avait quelque peu faibli sur la fin. Il souffrait encore de la mort de sa mère. Et être en train de parler avec elle, sa mère du passé, ne l'aidait aucunement.

« Bien. Il va falloir trouver une solution pour vous renvoyer toutes les trois dans votre temps. Je vais essayer de m'occuper de cela. » Christopher se leva. Il était plus motivé que jamais. Il fallait que cette Piper se soigne, pour ne pas changer son présent, et de toutes façons, il était parfaitement contre nature qu'elles soient là. Elles ne faisaient pas de bien, elles allaient troubler toute la famille. Connaissant ses cousines comme il les connaissait, elles allaient s'attacher aux sœurs Halliwell du passé et être triste lorsque ces dernières allaient partir. Moins elles les verraient, mieux elles vivraient la séparation.

(On peut s'arrêter là, si tu veux, tu n'as qu'à conclure!)