Où était-elle? Quelle heure était-il? Quel jour étions-nous? Aucune notion spatio-temporelle était connue par Aliya. Passé, présent, futur, elle ignorait ce qu'elle avait fait, ce qu'elle faisait et ce qu'elle allait faire. Comme si elle avait subi un lavage de cerveau ou encore pire, une lobotomie! Elle marchait, ou tout au moins, elle errait! Dans ces rues à moitié vides (ou à moitié pleines, tout dépend de quel côté on décide de se placer!), Aliya avait une démarche raide et vacillante, indécise. Alors que son talon droit était cassé, d'ailleurs elle ignorait comme, elle tenait ses chaussures dans sa main gauche. A chacun de ses pas, elles se tapaient entre elles, donnant un bruit similaire à celui des maracas. Ou peut-être, que ce bruit venait tout simplement de ce sans-abri qui tapait les deux coquilles en bois l'un contre l'autre, tout en hurlant "Castaaaaaaaa gneeeeeeeettes gnettes gnettes! Castagnettes! Outchatcha! Castaaaaaaaa gneeeeeeeettes gnettes gnettes! Castagnettes! Riiiiiiiiiiiibbbaaaaaaa!" Enfin, bref, elle suivait son instinct, sans doute l'ultime chose de fiable chez elle désormais. Elle se dirigeait vers une grande boutique, elle voyait l'enseigne mais ne pouvait pas lire le nom dessus. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait marché si longtemps jusqu'ici. Elle sentait quelque chose en elle, comme une attraction, comme quelqu'un d'important qui l'attendait au final, comme une route monovoie qu'elle était obligée de suivre...

Ses cheveux étaient détachés, la bretelle de sa robe ne cessait de tomber et elle continuait de la remettre, elle commençait à avoir les pieds qui chauffaient avec le frottement du bithume. Elle vit une flaque et le réflexe fut de... 1.... 2..... 3.... PAM! Les pieds joints, dedans, elle rit. Elle écarta les bras en format avion et tourna sur elle-même tout en chantant des paroles très recherchées : Lalalallalalalala lalala lalala la lalal lalalala lalalalalalalala! Et hop! Un petit saut les pieds recroquevillés vers les cuisses avant de les replonger dans la flaque, Ouyayaya! Yayayhou hahou hayoooo. Pause. Pose de princesse danseuse, avec la plante de pied gauche sur la cuisse droite, on fléchit... Les mains en M sur la tête (comme dans les Village People ouais). Mouuuuuuuuaaaakkkkk. Bisou au public. Deux flexions et on relève pour de bon! Les bras en Y, les pieds joints, on salue la foule! Merci merci merci! Toute contente, Aliya décida de terminer sa longue marche en allant vers la porte du magasin qu'elle voyait.

Elle sonna et attendit. Lorsque la porte s'ouvrit, elle sourit de toutes ses dents puis tomba volontairement sur ses fesses. Elle leva la tête, tendit les mains qui présentaient les souliers cassés et dit alors, dites, vous croyez que ma maman elle va crier? J'ai tout cassé. Elle regarda le sol, renifla légèrement pour retenir ses larmes et fixa à nouveau le couple face à elle, mais j'ai pas fait exprès moi. C'pas ma faute moi... Mais si je laisse ma chauchure là.Regardez, là. Elle leur montrait le côté de la porte. Pi qu'à minuit ça sonne. Bah PAHOUUUU mon n'amoureux il viendra! Hein oui c'est vrai? Hein?
Mais elle n'avait pas le temps de geindre apparemment. Le garçon et la fille l'amenèrent à l'intérieur. Le brun paraissait inquiet et pressé, il allait et venait dans la pièce, alors que la blonde s'occupait d'Aliya...

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