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Concours #3 : Un concours d'écriture

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Anonymous

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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Mai - 20:20

D'accord je l'attend
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 12:38

A Y EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEST !!! Le verdict est enfin renduuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu :

Alors alors alors, je vous préviens d'avance, il y a une égalité sur la troisième place, n'arrivant pas à se décider !!!

*Roulement de tambouuuuuuuuuuuuure*

Première place : Violaine !!! Ton histoire m'a beaucoup émue et j'ai été super surprise par la fin --> J'ai totalement ADORE !!!!! Très beau texte .

Deuxième place : Noah !! Je suis amoureuse de ton écriture et l'histoire était très chouette !!!

Troisième place : Navaeh et Jared !!! J'ai pas pu choisir entre vous deux !!! J'aime le style de vos deux histoires : un peu d'horreur pour Jared !!! et un peu de fantastique pour Navaeh, mes deux genres favoris --> Pas pu me décider entre vous deux) !!! Non, ce n'est pas parce que je voulais aucun perdant, j'ai vraiment pas su me décider entre vous deux !!!

Héhé !!!! Merci à vous quatre, vos histoires étaient géniales, je me suis régalée !!!
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 12:46

Félicitation Vio' et Noah ! Est-ce qu'on peut voir leur histoire ?
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 18:38

Ohhhh Super contente que ça vous ait plus *rougit toute seule devant son ordi*
Jaja tui veux vraiment la lire ? Un véritable honneur Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 172113
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 18:52

Ouep j'allais le dire, s'ils veulent la montrer, moi je vous les montre :P

Mais oui Vio, j'ai kiffé à fond !!! Sublime histoire et vraiment j'ai été étonnée sur la fin :)
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 18:57

Contente que ça t'es plu alors ! =)
Pour moi pas de soucis vous pouvez montrer mon histoire, c'est même un honneur Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 697840
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 22:40

    Congratulations Violaine Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 756972
    J'ai hâte de lire ça moi aussi, parce que la Miss Amber et moi, on craque sur les mêmes trucs Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 756972

    Montrer mon histoire à moi va être compliqué, non ?! Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 104939
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Juin - 15:48

Ouep Noah, t'as exagéré sur ce coup :P Mais, j'ai réussi à le mettre pour les admin --> je remets celui-là

Bon ben alors, je montre vos ptites histoires :)
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Juin - 15:49

VIOLAINE

Violaine P. Douglas a écrit:
L’homme est un animal comme on dit mais comment pouvait-on vraiment imaginer ce qui allait se passer ? Comment croire qu’un homme était capable d’être aussi cruel et aussi sadique ? Jamais, je n’aurais cru qu’une telle chose pouvait nous arriver à mes amis et à moi-même. Pourtant, nous ne faisions rien de mal, nous étions simplement à une soirée…. Mais, une chose à mal tourné et nous nous retrouvons à présent totalement dévastés….

    Mes yeux ce matin se voilent. Je me dois d'être fière, droite mais surtout d'être forte. Une robe noire m'attend dans mon armoire, je me lève en pensant que jamais je n'aurais voulu me réveiller que j'aurais aimé être à sa place. Pourtant je ne le suis pas et Mélanie me dit souvent qu'il faut que je sois plus forte, qu'il faut que j'arrête de pleurer et penser à cela. C'est facile pour elle, elle n'a rien avoir avec cela. Elle, elle n'est pas la cause de notre malheur à toutes les trois.
    Je me lève en silence, mon frère ouvre ma porte de chambre et me regarde tristement. Il sait que je vais mal, il sait que je ne vivrais plus jamais comme avant. Cependant il reste toujours aussi distant avec moi. Il m'en veut et c'est bien normale. Je lui ai pris la seule personne qu'il ait jamais vraiment aimé. Comment ai-je pu être aussi idiote ? Comment ai-je pu lui faire confiance ? Je savais bien qu'il y avait quelques choses de louche en lui et...
    Les larmes coulent sur mes joues en silence. Je me lève de mon lit comme si j'étais déjà morte, j'enfile ma robe noire et je m'assois devant ma coiffeuse. Mon visage est étrangement pâle, mes yeux sont plus ou moins morts, mes lèvres cependant restent comme toujours d'un rosé éclatement. Je me regarde un instant puis dans un silence absolue je commence à me mettre du crayon noir autour des yeux. Une fois que le reflet que me renvoyait le miroir me plut assez, je me levai de ma chaise et sortis de la chambre. Mon regard se posa immédiatement sur la porte de chambre de mon frère. J'eus un léger sourire heureux en voyant la porte close. Je savais que ça ne mènerait nul part mais au moins, il semblait reprendre un peu pied, il semblait vouloir reprendre ses vieilles habitudes et ça faisait un peu chaud au coeur.
    Je me dirigeai lentement vers l'escalier. Mon coeur était un ectoplasme et je n'étais qu'un songe. Ma vie venait d'être brisé parce que j'avais cru dans les paroles d'un bougre. C'était il y a trois mois et pourtant je m'en rappelle comme si c'était hier....


«Mélanie, Cyndie et moi on était dans un bar de Rome tranquillement assise à siroter nos cafés respectifs. Je me souviens que Cyndie avait ce jour là ses cheveux blonds au vent et qu'elle portait une robe verte qui allait parfaitement avec ses yeux couleurs émeraudes. Mélanie, elle avec ses cheveux couleur flamme avait opter pour un mini short et un top rouge pétant. Quand à moi, j'avais mis un slim blanc avec un top bustier bleu qui se mariait très bien avec mes yeux azurs. Je me souviens que Cyndie et Mélanie m'avaient presque forcé à acheter ce haut, elles me disaient qu'il m'allait trop bien et que c'était un crime de ne pas l'acheter.
Ce jour là un jeune homme ténébreux c'était approché de moi mais surtout de Cyndie .Il avait flashé sur elle et on l'avait très bien vu avec Mel. On n'aurait jamais du partir mais on ne s'en est rendu compte que trop tard.
Au bout d'un mois Cyndie était follement amoureuse de lui. Mélanie me disait qu'il était bien mais moi je trouvais qu'il était bizarre surtout en présence. En faites il était devenue bizarre depuis qu'il avait appris que mon père était policier....»


    La voix de mon père me ramena à la réalité. Il avait compris ce qu'il c'était passé pour moi et pour Cyndie. Il avait compris qu'il ne fallait plus qu'il me parle d'elle ou des trois derniers mois. Je voulais oublier, simplement oublier que j'avais été la raison de tout les malheurs de la famille de mon amie. Cependant quand j'entrai dans la cuisine et que je vis Madame Valmonde assise à la table. Son regard n'était pas triste au contraire, elle était heureuse. Pourtant en ce jour elle aurait du pleurer, sa fille était morte, je ne reverrais jamais plus Cyndie et elle non plus d'ailleurs alors pourquoi souriait-elle ? Je ne saurait vous le dire, je me suis assise en silence en face d'elle. J'ai bu mon café. Il avait un goût bizarre...


«Un mois plus tard, Cyndie était folle de lui. Lui, Antonio était quelqu'un de froid et distant avec nous mais il semblait correct avec elle et c'était tout ce qui comptait. Pour Mélanie en tout cas cela suffisait pour moi... Je voulais le connaître un peu plus, savoir d'où il venait. Je sais je sais je ne suis pas détective privé et ça ne me regardait pas du tout mais j'avais une sorte de mauvais pré sentiment. Quand je le disais aux filles elles me répondaient simplement que j'étais folle et jalouse aussi. Peut être avaient-elles raison mais au final, c'est moi qui avais vu juste ! Elle ne voulaient pas me croire quand je disais qu'il apporterait notre malheur. Si je le tenais cet Antonio ! Je le tuerais sur place et je lui ferais prendre la place de Cyndie....»

    Dans un geste rageur, je me levais et jeter ma tasse à café par terre. Mon père regarda la tasse incrédule, il me regarde et laisse couler une larme. Je comprend son chagrin mais il ne doit pas pleurer, c'était le choix de Cyndie et je sais qu'elle ne serait pas contente si elle le voyait pleurer. Après tout, elle l'avait toujours considérer comme son père parce qu'elle n'avait jamais connu le sien. J'entends des pas dans le salon et je vais voir. C'est Mélanie qui est enfin là. Elle est sublime dans sa robe noire. Tiens, d'ailleurs c'est une des robes que je lui ai offerte pour noël dernier. Mélanie me regarde tristement, et moi je souris. Elle a enfin avoué qu'elle était malheureuse que Cyndie soit morte. Oui maintenant je peux le dire, Cyndie est morte... Elle est morte à cause de lui, de cet Antonio. Ohhh comme je le hais ! Et je hais encore plus cette nuit ! La dernière nuit où nous étions réunis Mélanie, Cyndie et moi.


«Il nous avait enfin découvert son vrai visage. Cyndie ne faisait que pleurer, elle l'aimait et ça me faisait mal qu'il se soit jouer d'elle ainsi. Elle ne méritait pas cela; Quoi que ! D'un côté j'étais contente parce que je sentais que mon frère et elle se rapprochait un peu plus et ça me faisait plaisir. Mélanie, elle, restait de marbre les yeux perdus dans le vide. Elle ne s'attendait pas à cela et je dois bien avouer que moi non plus. Antonio était vraiment fort, il avait tout prévue. Les parents de Cyndie sont de grands bijoutiers et il voulait les plus beaux bijoux de la famille. Le lâche il a utilisé Cyndie pour atteindre son but.
Le soir où il voulait frapper, il avait penser être seul avec sa soit disant petite amie. Malheureusement pour lui Mel et moi on était là et quand on a compris ce qu'il voulait il a du nous aussi nous séquestrer. Le cauchemars commença à cet instant. Il s'occupa d'abord de Cyndie en la mettant plus bas que terre ce qui m'énerva au plus haut point. Puis se fut le tour de Mélanie, il la battit devant nous. Elle avait une marque sur la joue qui saignait. Ça me mit hors de moi je ne pouvait pas rester là sans rien faire, alors quand fut arrivé mon tour, il me réservait quelques choses d'encore plus affreux, il voulait me violer, dommage pour lui on du se battre avant et c'est à ce moment là que le drame se produisit. Un coup de feu partit et je vis Cyndie tomber au sol Mélanie au dessus d'elle. Je compris alors que le coup de feu l'avait atteint et qu'elle devait être morte.
Antonio me regardait sans comprendre mais moi je savais ce qu'il avait fait il l'avait tué. Avant qu'il n'est eut le temps de s'enfuir, mon père est arrivé. Je suis tombée dans les pommes à cet instant pour me réveiller quelques heures plus tard à l'hôpital.»


    Il est enfin l'heure de rendre le dernier hommage à mon ami. Je m'en veux parce qu'au fond de moi même je me dis que si je l'avais laissé faire Cyndie n'aurait jamais prit ce coup de feu. Je monte dans la voiture en silence. Madame Valmonde est partit chez elle chercher quelqu'un pour l'emmener à l'enterrement de sa fille. Mon père et mon frère pleure. Mélanie aussi d'ailleurs. Moi j'ai promis à Cyndie de rester forte alors je le serais.
    Arrivée à l'église mon coeur flanche, des larmes me montent aux yeux mais je ne les laisse pas couler. Mon regard se pose alors sur le cercueil. Je m'avancerais tout à l'heure pour lui dire adieux pour toujours. J'entends la porte s'ouvrir de nouveau et je sais que c'est Madame Valmonde, alors je ne bouge pas, les yeux rivés au sol, je ne regarde même pas qui est avec elle. J'écoute en réprimant mes larmes la cérémonie. Quand il faut se lever pour voir le corps j'attends que tout le monde passe. Mon père reste longtemps devant puis quand vient le tour de Mélanie et de mon frère je leur tourne le dos, je ne peux pas voir leur tristesse ça me tuerait encore un peu plus. Puis vient enfin mon tour, je me retourne et m'avance vers le cercueil. Quand je posa mon regard sur la jeune fille de dix huit ans, mes yeux se figèrent. Ce n'était pas Mélanie mais... Moi qui était dans le cercueil. Pourquoi j'y étais j'étais vivante je voyais les autres personnes ils me souriaient. C'était impossible. Pourtant je ne pu que le croire quand je vis Cyndie s'approchait du cercueil et me dire :

    Pardonne moi Rubis. Je ne voulais pas que tu meurs, je ne voulais pas qu'il te tue, je t'en supplie lève toi. Rubis !!!

    Pourtant je comprenais maintenant que je ne me lèverais plus jamais. Je me rendais compte qu'au final elles étaient toujours en vie, détruite mais en vie. Mais je ne voulais pas les quitter. Je voulais qu'elles me regardent toujours et qu'on aille boire un café ensemble comme avant. Cependant c'était impossible, je suis morte maintenant. Mon frère s'approche de Cyndie et lui prend la main. Je sais qu'il prendra soin d'elle. Mon père regarde dans ma direction, il semble me regarder droit dans les yeux comme s'il comprenait que j'étais toujours avec eux pour le moment. Mes yeux laissèrent couler une larmes uniques. Je sais alors que pour qu'elles puissent guérir je dois partir, je m'approche alors d'elle et leur dit adieu. Je les regarde un dernier instant avant de me retourner et de voir ma mère me tendre les mains. Je suis morte certes mais je resterais dans leur coeur comme une page à ne pas oublier, comme une page que l'histoire aura dévasté.... Comme un bijou que le temps ne pourra oxyder...
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Juin - 15:49

JARED

Citation :
L’homme est un animal comme on dit mais comment pouvait-on vraiment imaginer ce qui allait se passer ? Comment croire qu’un homme était capable d’être aussi cruel et aussi sadique ? Jamais, je n’aurais cru qu’une telle chose pouvait nous arriver à mes amis et à moi-même. Pourtant, nous ne faisions rien de mal, nous étions simplement à une soirée…. Mais, une chose à mal tourné et nous nous retrouvons à présent totalement dévastés…. Qu'a-t-il bien pu nous arriver, pour que nous nous retrouvions, encerclés autour de ce tapis jaune, à nous regarder les uns les autres ? On se dévisageait, et on se déclarait coupable en s'observant. L'un de nous était le fautif, l'un de nous avait agi dans le dos des autres, et nous le savions tous. Cependant, il nous était impossible de nous identifier, car nous paraissions tous tellement naturels. Je commençais ma ronde par Julien, homme d'une vingtaine d'année sans ambition, sans volonté, qui passe ses journées à rêvasser sur des notes pour une 'future nouvelle' ou bien un 'futur roman' et c'était toujours un 'futur projet'. Mais rien n'aboutissait. Il écrivait une page, parfois deux, puis il soufflait.
« Non, c'est nul en fait. » disait-il, puis il quittait notre bonne vieille Terre pour revenir avec de nouvelles idées qui elles aussi ne donneront jamais de suite. Il étais mou, il était maigre et pâle et cachait ses yeux noirs derrière des mèches de même couleur. Malgré son inattention habituelle, nous l'aimions comme un frère et l'avions intégré dans la bande. Sa bougie en était arrivée à la moitié, il était des nôtres. Je poursuivais par Matthieu, gringalet à haute vanité. Il était le plus jeune d'entre nous, du haut de ses quinze ans, et nous avait rejoint sous l'effet d'une pseudo crise d'adolescence qu'il faisait subir à sa famille. Nous ne lui en voulions pas, nous savions qu'il finirait par nous quitter à un moment ou à un autre, lorsqu'il comprendrait que sa réelle personnalité d'adulte n'a pas sa place dans nos jeux. Il était le seul debout, faisant les cent pas et jetant des regards affolés tout autour du groupe. Il ne pouvait pas comprendre et nous refusions de le lui expliquer, à moins qu'il ne fasse semblant. C'est pourquoi nous le laissions, lui et son visage d'enfant. Je m'arrêtais un instant sur Adrian, qui me fixait également. Ses pupilles paraissaient à l'instant si sévères que j'en frissonnais. Avait-il deviné ? Il savait, et je l'avais compris dès l'instant ou j'avais vu le ton sec et brun de son regard. Son visage ferme ne laissait paraître que dureté et autorité, il avait toujours été le chef et s'était admirablement bien débrouillé jusqu'ici. Sa bougie se consumait si lentement qu'elle se dressait fièrement au dessus des autres. Je détournais les yeux pour tomber sur Alicia qui, fidèle à elle même, étudiait le plafond afin d'accuser personne. Même dans les pires moments, elle avait toujours été la plus solidaire. Elle était l'esprit d'équipe réincarnée en une jeune rousse à la face tâchée mais sincère. À moins qu'elle gardait la tête levée afin de ne pas se dévoiler, on aurait dit qu'elle préférait se détacher de nous et nous laisser nous accuser. J'avais presque entendu ces paroles silencieuses qui sortaient de son esprit 'Continuez, ce n'est pas ainsi que nous résoudrons le problème' ou bien 'Garde la tête levée, et ils ne te soupçonneront jamais'. Sa bougie était presque terminée. Mais je ne voulais pas que ce soit elle, alors j'ai dévié encore une fois. J'ai sondé la 'petite' Marie. Elle jouait avec la lame rouge qu'elle disait avoir trouvé, et je voyais ses iris refléter le sang qui coulait sur l'acier. J'entendais sa forte respiration, car elle faisait de l'asthme. Elle jouait avec la lumière qui miroitait sur les parties intactes du couteau, et posait ses deux globes persécuteurs sur la personne qu'elle éblouissait. Sa bougie venait à peine de terminer son premier quart. J'ai contrasté les cheveux bruns de Marie avec la couleur dorée d'Ernest, le deuxième chef du groupe. J'ignorais comment il faisait, mais à chaque fois que je tentais de percer son regard, il me donnait l'impression de voir tout le groupe en même temps. Je ne parvenais pas à voir au travers de lui, et à comprendre qui était sa cible. Sa bougie parvenait à la moitié. Peut-être était-ce Julian, Matthieu, Adrian, Alicia, Marie, ou moi même. Nous étions sept, et ce chiffre avait décidé de nous porter malheur.
« Je me casse. »
Je regardais l'adolescent ramasser sa couverture, sa fierté, puis se diriger vers la porte d'entrée. Il avait piétiné une bougie en avançant, et semblait déterminé à quitter la pièce. S'il sortait, il ne reviendrait plus. Il détruisit ce contrat en disparaissant par un claquement de porte, et nous reprîmes nos enquêtes entre nous. S'il était coupable, nous serions sauvés. Sinon, il nous fallait nous démasquer. Alicia s'était levée, furieuse. Pour elle, une tierce personne était présente, et serait l'auteur de nos méfaits. Elle décréta qu'il nous fallait brûler les poupées, et éteignit aussitôt son cierge. Elle quitta la place et Marie la suivit, elles montèrent à l'étage. Nous nous retrouvâmes seuls, âmes masculines, et nous décidâmes de faire de même. Julian monta lentement les escaliers, lui aussi. Je vît Ernest et Adrian partir pour la cave vers nos marques de rituels vaudou, et je restais seul sur le grand tapis du salon.


Nous étions encore en cercle, autour de quelques triangles emmêlés. Nous nous dévisagions. Julien, Adrian, Marie, Ernest et moi. Un cierge était éteint à coté de Marie, il s'agissait de celui d'Alicia. Il avait fondu, et ne pourra plus être allumé. Cette fois, je pu transpercer le regard d'Ernest, et la dévolue était Marie. Il l'accusait, et de ce fait, Julien l'accusait également. Alors je l'accusait aussi.
« Vous vous trompez, je n'étais pas avec elle... »
Marie se défendait, elle voulait se justifier, elle aurait tout donné pour un alibi mieux construit. Mais elle ne pouvait être crue. Nous n'avions pas trouvé le courage de défaire le nœud dans la chambre de repos, à l'étage. Il nous aurait ainsi fallu entendre la lourdeur du corps et la transporter à la cave, avec les... autres, aurait été bien trop fatiguant. Nous avions l'intention de le faire plus tard, lorsque le coupable sera découvert. Marie céda à la pression de nos regards. Elle lança son couteau dans la salle, hurla sur Ernest comme une petite fille sur un monstre qui ne l'effrayait pas. Elle le menaça, puis elle tourna les talons vers la salle de bain. Julien s'en voulut, et il s'élança à sa suite pour la calmer. Ernest se dirigea nerveusement à l'étage, puis il nous appela, Adrian et moi, pour l'aider à transporter Alicia à la cave. Je déclinais l'offre, je voulais rester assis sur ce tapis. Adrian me dévisagea, calmement, puis il rejoignit Ernest.


Nous voici encore autour de ces signes. Un nouveau cierge a pris fin, et Marie était en larmes.
« J'étais... j'étais dans la cuisine ! » protestait-elle entre deux sanglots. Nous l'accusions de nos paroles, et elle s'écriait que non, avant de mettre la tête entre ses genoux pour ne plus nous entendre. Nous étions méchants, et nous étions nerveux. Je voyais Ernest jouer nerveusement avec les morceaux de la bougie de Julien. Ce dernier reposait dans la baignoire, dans une eau glaciale et inerte. Adrian déclara sur un ton ferme qu'il fallait écourter la séance. Que l'un de nous avait été pris par le démon, et que la magie vaudou avait corrompu. Ernest montra Marie puis se leva, il fallait l'épurer. Il parti dans la cuisine chercher des instruments. Adrian se dirigea vers la salle de bain pour emmener le corps à la cave, et Marie s'en alla à l'étage en prétextant que personne ne l'accusera, ainsi. Je restais seul, assis sur le tapis du salon.


Nous étions destiné à nous retrouver autour de ce cercle, la bougie devant nos yeux. Adrian avait mit ses sombres lunettes, qu'il portait dans ces moments graves. Il portait le silence d'une tombe, couvert par les claquements de dents de Marie. Feinte et comédie, je ne l'avais jamais vu claquer des dents, et elle était la plus courageuse d'entre nous. Comment pouvait-elle donc trembler ? Elle regardait tour à tour Adrian, puis moi. Ce dernier ne bougeait pas la tête. Depuis le début, il savait qui était l'assassin, et j'en étais conscient. Ce que j'ignorais en revanche, c'est pourquoi il n'avait rien fait pour tout arrêter. Mes réflexions ne purent avoir lieu. Marie s'était élancé dans la pièce et ouvrait la porte d'entrée. Elle fuyait. Je me levais, puis je me mit à courir après elle. Une fois dans le sombre et vaste jardin, je lui attrapais l'épaule. Je vit son visage effrayé. Elle me demanda de l'aider, elle s'arrêta, puis elle fondit en larmes.


Je portais le corps sur mon dos, et je criait au loup. Adrian énonça l'idée qu'Alicia avait peut-être raison, au début de la soirée. Une tierce personne serait présente parmi nous. Il vit mes yeux rougis, et il certifia cette hypothèse. J'étais plus chétif, alors il prit le corps boursouflé sur ses larges épaules. Une fois à l'intérieur, nous avons ouvert la porte de la cave, puis je l'ai laissé passé pour ne pas le gêner. Nous avons entamé la descente, puis je l'ai appelé. Adrian s'est arrêté, puis il s'est tourné vers moi. J'ai vu son visage pâlir, puis il a mumuré.
« Je t'ai toujours regardé, et c'est à la fin que je détourne mon attention... Je savais que c'était toi. »
Et je l'ai poussé.
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MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Juin - 15:50

NAVAEH

Citation :
L’homme est un animal comme on dit mais comment pouvait-on vraiment imaginer ce qui allait se passer ? Comment croire qu’un homme était capable d’être aussi cruel et aussi sadique ? Jamais, je n’aurais cru qu’une telle chose pouvait nous arriver à mes amis et à moi-même. Pourtant, nous ne faisions rien de mal, nous étions simplement à une soirée…. Mais, une chose à mal tournée et nous nous retrouvons à présent totalement dévastés….

Ce « nous » ne relate plus la réalité de l’époque, de ce jour dramatique. Nous étions un clan, des amis de longue date, des membres d’une même famille, nous ne sommes plus que deux êtres presque apatride. Nous ne devions compter uniquement l’un sur l’autre, tout du moins cet être qui était devenu ma seule raison de vivre ne pouvait plus que compter sur une seule et unique personne : moi. Je vivais dans le bonheur d’une vie heureuse, aimée de chaque personne qui comptaient dans ma vie, avec un avenir que je considérais comme l’achèvement d’une union parfaite avec l’homme que j’aimais. Une main sur le ventre à peine formé, je regardais la pluie s’abattre sur la vitre tandis que mon esprit voyait sur le fil de mon histoire, de mon passé, de ce drame.

Pour une sorcière, il n’est pas évident de se confier à des personnes autre que sa propre famille. La peur est un sentiment profond, qui s’accroche à vos entrailles sans que vous ne puissiez la contrôler, être une sorcière c’est vivre avec cette peur. Une double peur. Celle qui vous empêche d’être complètement honnête sur votre véritable nature, et celle des autres, la peur que l’autre ne vous comprenne ou pire qu’il vous renie… Chaque membre de ma famille est passé par l’épreuve de ce que nous appelons l’aveu, je ne fus pas une exception mais j’ai pris le temps auparavant de présenter cette personne à ceux qui auraient été le plus à même de m’encourager ou de me dissuader de le faire. Ma famille. Jamais encore un homme n’avait été accueilli et accepté avec tant d’aisance, si j’avais alors su sa véritable nature je me serais sans doute méfier. Mais je suis une simple humaine et je me fiais à cette joie de les voir tous admirer cet homme que je leur présentais. Il faut dire que William avait tout pour plaire, séduisant mais pas séducteur, à la diatribe difficile, résultat de son expérience d’avocat : il ne critiquait quiconque sans avoir tous les cartes en main. Il était un parfait cuisinier, ce qui changeait du trois quart des hommes composant notre clan, et savait se rendre serviable à tous les points de vue. On aurait pu croire qu’il faisait cela dans le simple but de plaire à ma famille, mais il me faut avouer qu’il était ainsi même dans l’intimité de notre appartement comme si tout ce qui le complaisait était de faire plaisir à l’autre. En deux années, lui et moi avons participé à un nombre incalculable de réunions de famille dans notre bonne vieille ville du Massachussetts qu’était Salem. Personne ne s’étonnait plus de la présence de William lors de ces réunions, ni du fait qu’il était au courant des propos qui s’y tenaient, en effet il n’était pas rare que nous évoquions notre condition de sorcier mais mon tendre amour semblait s’être parfaitement acclimaté au fait que je n’étais pas comme lui. J’aurais dû me méfier plus quand il m’assura que cela ne changerait rien pour lui lors de mon aveux, cependant je ne pouvais refaire l’histoire. Je commençais pleinement à faire des projets d’avenir à long terme avec lui, j’en venais presque à rêver d’un possible mariage, la question même d’un possible changement de nom me taraudait l’esprit. Navaeh Sawyer était assez plaisant à entendre, néanmoins je savais bien que le nom des Austen avait une importance majeur dans l’héritage de notre famille, de notre condition. Peu m’importait pourtant, seul mon désir de fonder un nouveau foyer avec lui comptait à mes yeux. Nous n’en discutions pas vraiment, la peur était encore là. C’est un élément récurrent dans ma vie, j’aurais voulu vivre selon l’adage de ma cousine et confidente Chiara : Vivir con medio es como vivir o medias; vivre dans la peur c’est comme avoir une vie à moitié vécue… Si j’avais été comme elle, je me serais lancée dans la discussion d’un avenir traditionnel avec William, j’aurais évoqué mon souhait de nous unir et surtout mon désir d’enfants. Car à presque 26 ans, la maternité me faisait envie, le besoin de sentir la vie grandir en moi se faisait puissant, intense et essentiel. Toutefois je n’ai jamais abordé le sujet avec lui, je me disais que j’aurais le temps de le faire après les fêtes de fin d’année, après l’anniversaire de nos trois ans ensemble.

La peur, je l’ai dit, fait partie intégrante de ma vie, je la sens qui s’échappe de mes entrailles pour s’insinuer dans mes veines comme si elle essayait de se fondre dans mon sang et qu’elle gagne du terrain à chaque battement de mon cœur. C’est avec la peur au ventre que, deux semaines avant la fête d’anniversaire du mariage de Rachel, je me suis dirigée chez mon médecin pour y attendre patiemment le verdict de l’examen que je passais ce jour. Ce n’était pas une peur négative, de celle qui vous pousse à vous cacher, ou pire à vous enfuir, cette fois-ci j’avais peur que le résultat ne soit pas à la hauteur de mon attente. En sortant du cabinet je n’avais qu’une envie, celle de me précipiter à la maison pour annoncer la bonne nouvelle à William, je ne savais pas comment il réagirait à l’annonce de sa paternité mais pour une fois je ne pouvais pas reculer, je ne voulais pas. Malheureusement la vie fait preuve parfois d’un mauvais timing, William n’était pas d’humeur à m’écouter, il devait s’en doute être en charge d’un dossier brûlant qui ne l’enthousiasmait pas et surtout qui le rendait d’une humeur détestable. Je gardais donc la précieuse information pour moi, attendant patiemment le bon moment pour le lui dire. Mais pour un hasard que je ne m’expliquais pas dès que je souhaitais discuter avec lui, il trouvait une excuse pour s’éclipser dans son bureau. Tant et si bien que je n’avais toujours rien dit lors de notre arrivée à Salem, deux semaines plus tard. Je comptais bien profiter de ce week end pour tout lui avouer, d’autant que son humeur était redevenu plus normal, plus calme.

Mais l’homme est un animal et jamais aucun de nous n’aurions pu imaginé la cruauté qu’un seul peut contenir en lui-même, ni le sadisme qu’il peut engendré envers des personnes qui l’apprécient, et l’aime.

Le samedi était jour de fête, toute le clan était réunis et comme d’habitude à la dernière minute il manquait quelque chose pour parfaire la fête. Je fus désigner pour aller acheter de la glace pillée pour les cocktails et surtout pour les glacières qui avaient été disposé dans le jardin. Je ne mis pas longtemps tout du moins je crus ne pas avoir mis longtemps, je connaissais la ville par cœur pour y avoir habité toute mon enfance, je savais les raccourcis à prendre pour éviter les embouteillages. J’avais dû m’absenter à peine 30 minutes, le temps de me rendre au magasin, de mettre le pain de glace dans le coffre, de payer et de revenir à la maison. 30 minutes c’est court et pourtant c’est le temps qu’il a fallu pour massacrer presque 60 personnes, pour que la police arrive, alertée par le voisinage. Ils arrivèrent à peine quelques minutes avant moi mais ils n’eurent conscience de ma présence que lorsqu’un cri effroyable leur glaça le sang. Mon cri, celui d‘un animal blessé dans sa chair, dans son être une épée invisible m’a transpercé la poitrine. Mon cri lorsque mes yeux se sont posés sur les corps avachis de ci delà, certains dans des positions inhumaines. J’étais passé par l’arrière de la maison, entrant alors par le jardin, là où le massacre fut le plus violent. Les policiers vinrent rapidement près de moi, tandis que la bile me monta à la gorge, je rendis le petit déjeuner que j’avais avalé moins de trois heures auparavant. Ils eurent à peine le temps de me retenir, mes jambes ne me portant plus. J’avais beau fermé les yeux, je voyais sous la paupière les visages ensanglantés, apeurés, torturés de ceux qui faisaient parti de moi. J’avais toujours cru que mon cœur se déchireraient le jour où William me quitterait, je savais la douleur que pouvait provoquer la perte d’un membre de la famille, je ne m’attendais à cette sensation d’écrasement dans ma poitrine, de mes poumons les sachant tous morts. L’air me manquait, mon sang se glaçait, tout devenait noir, perturbant, atroce tandis que je tentais d‘imaginer ce qui avait pu se produire pendant mon absence. Des scénarios apparaissaient dans mon esprit. Je pensais devenir folle, j’échappais à la poigne de l’homme qui me tenait pour me précipiter dans la maison. Aucun n’avait survécu, je les observais tous aussi vite que je pouvais tandis qu’on me criait de revenir, je ne pouvais pas le faire. Je ne voulais pas voir leurs yeux dénués de vie, je ne voulais pas voir leurs corps meurtris par les coups mais je ne pouvais m’empêcher de chercher son visage parmi les cadavres qui jonchaient le sol de la maison familiale. J’aperçus la caméra d’Erwan, le frère de Rachel et Chiara, je me précipitais pour en extraire la cassette. J’ignorais ce qui me poussait à faire ça, je sentais seulement la nécessité de le faire, de ne pas laisser les policiers s’en emparer, je la cachais contre mon corps avant de me précipiter dans le petit salon. Un nouveau cri d’effrois me transperça le corps, occultant tout autre information, toute autre image. A mes pieds, dans un angle impossible, il y avait le corps des enfants de notre famille, presque entassés les uns sur les autres, ils avaient été réunis là par Rachel pour qu’ils jouent tranquillement, je pouvais voir le jeu de société sous le corps de l’un d’entre eux.

On me tendit un mouchoir, tout en m’éloignant de la scène. Je n’avais pas conscience d’avoir pleuré, ni senti les larmes déferlées sur mes joues mais une fois que j’en eus pris conscience, j’avais le sentiment qu’un océan n’aurait pas suffi pour contenir toute l’eau qui s’échappait de mes yeux, de mon corps… Je pleurais mes parents que j’avais vu enlacés sur l’un des fauteuils de la véranda, mes cousines, mes cousins, leurs époux et épouses, mes oncles et tantes, les enfants. Mais par-dessus tout je pleurais mon malheur, celui de les avoir perdu et celui d’avoir compris qui était le responsable de tout ça. Je ne pouvais réellement y croire, je me refusais à croire qu’une telle chose puisse être possible. Je repassais chaque corps que j’avais vu, chaque vêtement que je pouvais identifier, rien. Aucune trace de William, je ne savais pas si je devais me réjouir de cette nouvelle ou bien au contraire le maudire, parce que plus je songeais à tous ces corps, plus je voyais les incohérences avec les déductions des policiers qui avaient conclu qu’il s’agissait d’actes de professionnels. Certes certains membres de notre famille avaient plus d’ennemis que d’amis mais de là, à faire assassiner tous les membres du clan, car il n’y avait pas que la famille Austen dans ce clan, il y avait 2 autres familles. Plus j’y réfléchissais, plus je voyais des concordances avec un contrat démoniaque. La chose était possible, nous n’étions pas les Halliwell mais nous ne restions pas non plus inactifs. Seulement il aurait fallu pour cela qu’aucun sorcier présent ne se défende, et c’est là que je n’arrivais pas à trouver la faille, l’élément qui aurait pu me permettre de comprendre ce qu’il s’était passé. On m’invita à rentrer chez moi, j’avertis les officiers que je résidais actuellement chez mes parents, de l’autre côté de la rue. On m’y escorta, s’assurant que je n’y ferais pas de mauvaises rencontres, une fois seule je m’enfermais dans le bureau de mon père. Mes yeux s’embuèrent face aux nombreuses photos qui couvraient les murs, la plupart était mes œuvres comme il aimait à les appeler, je refoulais la monté du chagrin pour me précipiter vers la télévision et le magnétoscope. Mes mains se firent fébriles, tremblotantes, j’eus du mal à insérer la cassette dans l’appareil, une fois cela fait je la rembobinais et m’installais par terre. J’inspirais profondément avant de lancer le film.

Cette fois-ci je ne pus m’empêcher de pleurer, je m’étonnais d’en être encore capable, j’avais cru les réservoirs taris mais il n’en était rien. Erwan avait tenu à filmer le maximum de personnes, ils étaient tous là, souriant, s’amusant, discutant, sans se douter du drame qui allaient bientôt arriver. Etait-ce parce que je savais que cela allait arriver que je vis ce qu’aucun d’entre eux ne put voir ? Jamais je ne pourrais le savoir, toujours est-il qu’un démon était entré dans le champs de vision de la caméra mais que personne n’y fis attention, pas même Erwan. Il filmait ses sœurs en pleine discussions car des dizaines d’autres démons apparurent, de nouveau la bile monta à mes lèvres, j’en sentais le goût. Dans la précipitation des images, je pouvais voir des monstres tordrent le cou des plus fort, d’autres envoyaient des décharges sur les sorciers qui pris de court ne pouvaient se défendre. Les hurlements se firent entendre, je comprends que les voisins aient appelés la police, nous étions une famille plutôt calme en apparence, nous savions nous fondre dans la masse pour ne pas attirer l’attention sur nous. Certains étaient agenouillés au dessus de leur victime, les torturant avant de leur ôter la vie. Je ne pouvais qu’entendre leur cris, les images me montraient l’intérieur de la maison, et l’horreur de la situation me frappa aux yeux. Devant moi, enfin devant Erwan se tenait William mais un William différent, brutal, bestial même. Son visage était tordu par la colère, derrière lui deux hommes que je connaissais bien pour les avoir vu et côtoyé pendant deux ans à New York, étaient en train de donner le coup de grâce à la nouvelle génération du clan. J’essayais de fermer les yeux mais je ne pouvais m’empêcher de regarder, de découvrir cet homme que j’avais cru connaître. Une douleur encore plus intense que celle que j’avais ressenti en voyant le jardin, s’abattit sur moi, pénétrant ma chair comme l’aurait fait une vrai lame. Je n’étais pas ignorante de la brutalité des démons que nous avions combattu, certes nous n’étions pas les sœurs Halliwell mais nous avions une force de frappe assez importante, surtout quand nous associons nos dons. Mais là j’étais témoin d’une véritable barbarie à l’encontre de la moindre personne présente à la fête, peu importe l’âge ou la condition sorcière ou non. Du peu que j’avais pu voir, ils étaient organisés, méticuleux et agissaient vite, tout en prenant le temps de se faire des petits plaisirs. Seulement ce n’était rien face à la vision de William, la caméra fut posé sur une table mais sans arrêter de filmer. Je n’avais pas l’image mais le son n’en était pas moins éprouvant, mes entrailles se soulevaient à l’écoute des cris. Mes mains se portèrent à mon ventre, pour protéger la vie qui m’habitait, de peur que la brutalité manifeste de cette journée ne l’atteigne elle aussi. D’autres bruits furent plus atroces, le son d’os qui craquaient. Je soupçonnais la force qu’il fallait pour les rompre de la sorte, un visage livide passa devant la caméra, puis les sons s’atténuèrent. En tout et pourtant l’attaque avait duré 5 minutes et 23 secondes, j’avais noté le chiffre affiché sur le magnéto du début de l’attaque jusqu’à la fin des cris… Or il m’avait fallu 30 minutes , que s’était-il passé durant les 23 minutes et 37 secondes restantes ? Je regrettais aussitôt de m’être posée la question, car la réponse me prouva que j’étais l’instigatrice de mon propre fardeau, de ma douleur, de leur mort. Anton, l’un des amis new yorkais, trouva la caméra et l’amena dans la véranda où se tenait encore en vie Rachel et Chiara.

Je n’avais jamais assisté à une séance de torture, seulement là j’étais la spectatrice impuissante du calvaire enduré par mes deux cousines, si au début je ne comprenais pas les questions, je constatais que visiblement aucune n’étaient prête à céder du terrain et à révéler quoi que ce soit. Dans le but manifeste de faire céder la plus âgée, William persécuta Chiara, la brûlant de ses propres doigts. Ses mêmes doigts qui avait effleuré ma peau cette nuit. Je ne parvenais pas à comprendre, seuls les cris de souffrance parvenaient à mes oreilles, puis je le vis regarder la caméra et il tua froidement Chiara. L’ensemble de cette abomination m’apparu soudainement très clair, se complétant lorsque son visage se tourna vers la caméra, il me cherchait, il voulait me faire subir le même sort. Cette fois-ci je pleurais cet amour dévorant qui me rongeait le corps, car j’avais amené le loup dans notre bergerie, il avait su habillement me, nous manipuler dans l’expectative de ce jour. De nouveau le visage de Rachel, il me semblait que je la découvrais pour la première fois dès qu’elle mettait ce masque de chef de clan, cette fois-ci les mots se firent plus insistant, plus facile à déchiffrer. « Où est-elle? » J’avais vu juste, j’étais la prochaine sur la liste, mentalement je fis la liste de tout ce que j’aurais besoin de prendre pour m’enfuir au plus loin, je regrettais déjà mes habitudes de vie à Manhattan… Je fus interrompus par la réponse de Rachel. « Tu as perdu. Tout perdu. La malédiction survivra ». Je ne comprenais pas un traître mot de ce que cela pourrait signifier, mais manifestement cela eut le don de mettre William en colère, tout du moins dans une rage plus monstrueuse que ce à quoi j’avais pu voir jusque là. L’autre new yorkais, celui qui ne tenait pas la caméra, la frappa si fort que son corps parti à la renverse, sa tête frappa le siège en fer forgé non loin d’elle, je vis le sang jaillir de sa tempe. C’en était fini de ma famille mais pas pour moi, William s’adressa à la caméra, il promettait de me trouver et de me faire subir le même sort. Des sirènes de police hurlaient au loin, la caméra fut reposée là où elle avait été trouvé et les démons disparurent aussi rapidement qu’ils étaient apparu. J’éteins les deux appareils, je n’avais pas besoin d’en voir plus, je connaissais parfaitement la suite.

Mes yeux s’embuèrent et je ne savais plus si c’était mes souvenirs ou la pluie au dehors que me donnaient cette impression d’humidité sur le visage. Voilà deux mois que je m’étais enfuis, que je vivais dans la peur que William nous retrouve, j’avais fait des recherches sur lui mais rien n’y faisait je n’avais aucun indice sur son appartenance à un clan démoniaque. Oui l’homme est un animal, il a attendu patiemment pendant deux ans, tel un félin guettant le bon moment pour bondir sur sa proie, pour asséner le coup de grâce. Il avait revêtu une apparence docile et attirante, comme le font certaines espèces, avant de voir ce qui se cache derrière. Je ne parvenais pas à voir dans mes souvenirs les signes qui auraient pu m’avertir de l’abomination qui se tramait dans mon dos.

Deux mois que « nous » ne voulait presque plus rien dire pour moi, je m’étais levé un matin, j’avais aidé à préparer une magnifique soirée et le tragique était entré dans ma vie, l’atrocité qui avait été commise ce jour là me hantait à chaque instant. Pire encore je ne savais pas comment j’allais affronter l’avenir, je vivais au jour le jour essayant de me faire oublier de tous. Et par-dessus tout je me demandais comment je devrais présenter William B. Sawyer lorsque mon enfant demandera qui est son père ?

Mais n’étais-je pas moi-même un animal, prête à tout pour protéger cet enfant, cet espoir, cet avenir…
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Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Juin - 15:50

1ere partie NOAH

Citation :
L’homme est un animal comme on dit mais comment pouvait-on vraiment imaginer ce qui allait se passer ? Comment croire qu’un homme était capable d’être aussi cruel et aussi sadique ? Jamais, je n’aurais cru qu’une telle chose pouvait nous arriver à mes amis et à moi-même. Pourtant, nous ne faisions rien de mal, nous étions simplement à une soirée … Mais, une chose à mal tourné et nous nous retrouvons à présent totalement dévastés … Vous voulez savoir comment tout ça à commencer ? Vous voulez savoir comment tout ça s’est déroulé, comment on a tous vécu chaque instant, chaque moment, alors que, peu à peu, tous, nous sombrions de plus en plus ? Vous voulez comprendre comment on a pu parvenir à ce point de non retour ? Vous voulez TOUT savoir, histoire de comprendre comment on a pu en arriver là ? Soyez gentils, et munissez vous d’une bonne réserve de mouchoirs en papier et, conseil d’amie, une bassine ne serait pas superflus, à moi que vous teniez tellement peu à vos habits … Oh, et puis, si vous aimez les histoires qui finissent bien, détournez bien vite vos pas, ce que vous allez lire, ce que vous allez apprendre vous marquera à jamais. Mais, ho, relax, dîtes vous que cela ne sera jamais pire que pour nous, nous qui avons vécu tout ça de l’intérieur, nous qui sommes marqués pour le restant de nos jours au fer rouge, d’une trace qui ne disparaitra jamais, qui sera toujours là, présente en nous, étouffante, hideuse, bouleversante, une trace dont l’unique but sera de nous rappeler sans cesse ce qui s’est passé, de nous rappeler sans cesse ce que l’on a vu, fait et vécu …

Mon nom complet est Ailionora Saoirse Siobhán Shayavanewski, mais tout le monde me surnomme Aily’, et vu la complexité de mon prénom, vous avez compris pourquoi ce surnom a toujours été très vite adopté par tous. J’ai 20 ans, bientôt 21, autant dire, je ne suis pas encore majeure. Je suis née le 04 Juillet 1989 au Lennox Hill. Pour tous ceux qui l’ignorent, c’est l’hôpital privé par excellence, qui peut se targuer d’avoir une clientèle, si on peut dire ça comme ça, haut de gamme. En même temps, lorsqu’on sait qu’il est situé en plein Upper East Side à Manhattan, on comprend vite que Monsieur Tout Le Monde ne va pas s’y pointer en demander à ce qu’on lui soigne sa jambe cassée ! Mes parents avaient les moyens, et puis, mon père tenait tellement à ce que je naisse dans cet hôpital, si vieux mais toujours à la pointe du progrès. Mon père était -pourquoi je dis « était » moi ? Il est encore vivant !- à l’époque l’héritier d’une des plus grandes fortunes du pays. Son père à lui avait réussi un coup de maître en épousant Lilian De Beaumont, issue de la dite famille possédant l’une des plus grandes fortunes du monde. Les De Beaumont avaient à peu près des billes dans tous les domaines : chaîne de magasins de luxe, casinos, hôtels des plus luxueux, maison de haute couture, banques, assurances, et même équipe de baseball et de football américain ! Alexander II -c’est le nom de mon père- aidait son père à la gestion de l’Empire Shayavanewski-De Beaumont lorsque je suis venu au monde. Ma mère, elle, était issue d’une famille aristocratique ayant quelque peu perdue en prestige lorsqu’étaient à Hollywood toutes ces familles qui avaient gagnés subitement de l’argent. C’est là la grande différence entre les riches familles de la côte Est et celle de la côte Ouest. Si les premières tiennent leur fortune et leur prestige depuis des générations et des générations, les autres sont toutes nouvelles dans le cercle fermé des familles huppées, ce qui fait qu’on les qualifie alors toutes plus ou moins d’arrivistes, à raison bien souvent. Quoi qu’il en était, Saoirse O’Marshall était l’une des plus belles femmes de tout le pays, et ses charmes et atouts avaient fait d’elle l’un des meilleurs partis. Mon père n’avait pas eu trop de mal à la séduire, surtout parce qu’à une soirée, elle l’avait confondu avec l’un des serveurs. Il avait donc réussi à faire tomber dans ses bras cette belle plante farouche, qui refusait obstinément d’épouser les hommes que son père lui présentait, arguant qu’elle voulait avoir la liberté de choix. Croyez moi, à l’époque, cela en faisait jaser plus d’un. Elle était de haut rang, avait du sang bleu, et devait suivre tout un tas de règles, de protocoles, et le fait qu’elle ne se plie pas à tout ça n’était pas forcément bien vu. Mais bon, elle n’était pas tombée dans la débauche ou la drogue, et puis, elle avait un sourire et un minois à tomber à la renverse, alors, on lui pardonnait bien vite tout. Quand je suis née, elle ne travaillait pas, parce que cela ne se faisait pas, et aussi parce qu’elle n’en aurait pas trouvé le temps, entre deux visites dans les galeries d’arts les plus prestigieuses de New York, puis entre ce gala de charité pour les hiboux ducs et cette inauguration de restaurant prestigieux.
Lorsque j’ai vu le jour, tout le pays était en fête, et pour cause, c’était l’Independance Day, jour de fête nationale du pays, jour de fête par excellence dans ce pays qui était le mien. Trois petites têtes blondes se sont penchées au dessus de mon berceau, celles de mes trois frères aînés, ou plutôt, de mon demi-frère et de mes deux jumeaux de grands frères. Ils avaient 5 et 2 ans, et étaient bien curieux de savoir à quoi ressemblait ce bébé dont ils avaient tous tant entendus parler. C’était un superbe jour de soleil paraît il, ce 04 Juillet 1989. Honnêtement, je ne m’en souviens pas, alors, je suis bien obligée de croire ce que l’on me dit ! Mes parents assistaient au discours du maire, dans Central Park, et étaient entourés de tout ce que New York pouvaient compter de têtes fortunées et aristocrates. Saoirse ressentit les contractions alors que ce n’était pas réellement le moment, mais elle a serré les dents et n’a rien dit, pas tout de suite en tout cas. Elle a serré les dents, jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus et serre de toutes ses forces le smoking Louis Vuitton de son mari, donc, de mon père. Ils ont juste eu le temps de sauter dans un taxi, la Berline étant garée trop loin, un taxi qui les a déposés à toute allure devant le Lenox Hill, sans respecter les feux rouges. Après tout, ils avaient la bénédiction du maire, qui n’était autre que l’oncle maternel de mon père. Je suis arrivée avec près de 5 semaines d’avance, et mon père a tout de suite dit que je cherchais à manifester mon envie de ne rien faire comme tout le monde. La première année de ma vie a été des plus calmes, enfin, si l’on peut dire ça comme ça. J’ai au moins eu la chance de grandir dans un super appart’ situé dans l’un des bâtiments les plus convoités de toute la ville, vous savez, de ces bâtiments dont les ascenseurs vous mènent directement dans les appartements, sans que vous ne vous retrouviez en rien sur aucun palier. J’ai eu également la chance de grandir avec ma mère auprès de moi, parce qu’elle est rapidement retombée enceinte. Elle voulait à tout prix se ménager, histoire de ne pas revivre une grossesse comme la mienne. Alors, il y avait bien toujours les deux gouvernantes s’occupant de ma fratrie chez moi, mais ma mère était là, et dans un sens, cela a créé entre nous deux un lien fort, et ce même si je n’étais qu’un tout petit bout de chou à l’époque et que je ne me souviens plus de cette période aujourd’hui. J’avais un peu moins de 18 mois lorsqu’est né Milo Alexander Nolan, mon petit frère. Une seule photo de Milo fut prise le jour de sa naissance, alors que l’appart’ était plein d’albums photos remplis de photos de chacun de mes frères et de moi, prises les jours de nos naissances. Mais pas pour Milo … La photo, c’est la sœur de ma mère qui l’a prise, et elle a manqué de faire tomber l’appareil lorsque, d’un seul coup, ma mère a cessé de respirer et que le moniteur s’est emballé. Ma mère a fait une hémorragie, il parait que ça arrive rarement, mais à elle, ça lui est arrivé. Mauvais pour les statistiques du Lenox, et encore plus mauvais pour nous, ses 4 enfants, pour nous ses presque 5 enfants.
Mon père m’a toujours dit que j’étais la fille de ma mère : mêmes propensions à refuser les règles et à refuser de faire ce que l’on attendait, même envie de liberté, même tout un tas d’autres trucs. Les gens disaient cela aussi, et franchement, ça me pompait l’air, en long, en large, en travers, et en diagonale aussi, ce qui ressemble grandement à en travers, mais bon … Les gens se permettaient de sans cesse me dire « oh, Ailionora, vous ressemblez tellement à votre mère » ou « elle aurait été fière d’avoir une aussi jolie fille que vous … » alors même qu’ils ne me connaissaient pas. Depuis quand quelqu’un, ça se résume à son pedigree, à qui étaient ses parents, à qui sont ses ancêtres ? Ils ne la connaissaient pas, pas plus que moi, et c’est dire, parce que je n’ai aucun souvenir d’elle. C’est sans doute l’une de mes plus grandes tragédies, mais bon, il parait que j’ai tendance à tout dramatiser, à tout théâtraliser aussi … Ma mère est décédée avant même que je n’ai le temps de la connaître, et pourtant, je suis depuis toujours attachée à elle. Peut être que c’est ça, surtout, d’être la fille de sa mère, j’en sais rien. Mon père n’a pas tardé à se remarier, pas parce qu’il n’en avait au fond rien à foutre de ma mère et qu’il ne l’avait jamais aimé, mais parce que je crois qu’il avait besoin d’aller de l’avant. Il avait aussi besoin de trouver une femme pour nous, pour nous ses 5 enfants, mais la première fois, ça n’a pas réellement réussi. Je ne me rappelle pas du tout du passage d’Esther dans note foyer, sans doute parce qu’elle a décidé de se barrer alors que je n’avais pas encore 3 ans : trop de pression parait-il … Bof … Par contre, je me souviens de toutes les autres. Oui, de toutes les autres, parce qu’il y en a eu 5, et deux de plus qui n’ont pas franchi le cap « fiançailles ». Je sais pas exactement si c’est parce qu’il ne pouvait pas nous offrir de stabilité que j’ai tellement été distante avec lui, mais en tout cas, entre lui et moi, ça n’a jamais été l’amour fou. Je l’aime, bien sûr, c’est mon père, et il ne m’a jamais mis de bâtons dans les roues, pas énormément en tout cas, mais ça en reste là. S’il n’était qu’un ami de la famille, je ne crois pas que ça aurait changé grand-chose. J’ai changé je ne sais pas combien de fois d’appart’, alors qu’à chaque fois, la taille du lieu où je vivais ne cessait d’augmenter. J’allais dans les meilleures écoles de Manhattan, privées, ça va de soit. Je ne voyais pas mes frères, parce que ce genre d’école n’est pas mixte, mais les écoles étaient à un pas les unes des autres, et j’échappais bien vite à la surveillance pour aller faire un petit coucou à mes frères. J’étais bonne en classe, sans jamais rien écouter. Je n’étais pas réellement connue pour mon respect des règles hypra strictes qui régissaient ce genre de lieu, mais on ne pouvait jamais trop rien me reprocher parce que je n’avais pas mon pareil pour flirter avec les limites. La jupe composant l’uniforme ne devait pas mesurer moins de 20 cm ? Et bien, la mienne mesure pile poil 20 cm ! Chemisier blanc de rigueur ? Le mien était effectivement blanc, et je détachais 2 boutons, alors que ma cravate, accessoire également obligatoire, était nouée lâchement autour de mon cou. Bref, vous l’aurez compris, suivre le troupeau, ce n’était pas mon genre. Cela exaspérait mes enseignants, qui se plaignaient à mon père, mais celui-ci leur envoyait son actuelle compagne lorsqu’il était convoqué pour un entretien, parce que son emploi du temps était trop chargé. Mes belles mères étaient toutes super cool, et super jeunes aussi (moyenne d’âge 29 ans), alors, elles n’allaient jamais dans le sens de tous ces balais dans le cul de prof que j’avais, et elles disaient sans cesse qu’il n’y avait rien de plus beau que la jeunesse. J’étais une sorte d’héroïne pour ma petite sœur, Sinead, ce qui faisait tout de même un peu peur à mon père … Sortir de chez soi en douce le soir alors qu’on a 15 ans, ça passe encore, mais quand on a 3 ans, ça le fait nettement moins … Mes années lycées ont sans nul doute été les meilleures de ma vie. J’avais des tas d’amis, et je me foutais royalement de savoir s’ils étaient francs et désintéressés vis-à-vis de moi. Ils étaient là, c’était cool, je me sentais aimée, je n’étais jamais seule, et tous buvaient mes paroles comme du petit lait. Je voulais pas faire tel truc ? On se précipitait pour le faire à ma place ! J’avais plusieurs petits amis en même temps, car quand on aime, on ne compte pas ! La même année, j’ai été élue Reine du Bal de Promo’ et Présidente des élèves, et j’ai eu mes graduations, vous savez, ce test où il faut faire des petites croix en face des questions !

Je suis entrée à Yale, parce que j’avais une folle envie de décoincer tous ces petits étudiants qui se prenaient trop la tête à rester dans leur bouquin. Le doyen m’adorait, en même temps, mon grand père maternel siégeait au conseil d’administration, et mon grand père paternel était connu de tous pour avoir explosé tous les records à ses exam’. Ce n’était pas trop dur pour moi de me faire une place ici, d’autant plus que deux de mes frères étaient encore là. J’aurais pu continuer à vivre cette vie débridée de jeune New Yorkaise voulant à tout prix profiter de chaque seconde comme si la fin du monde sonnait juste à sa porte, voulant profiter de chaque instant en sachant qu’irrémédiablement, la vie d’adulte se rapprochait à grands pas. J’aurais pu le faire, j’en avais les moyens, et j’avais une sacrée bande d’amis tout à fait prêts à me suivre dans mes virées nocturnes, peut importait ce à quoi elle ressemblait. Mais je l’ai rencontré, lui. Lui, c’était Caden Jared Kélian Archibald. En le rencontrant, je me suis pris une grosse claque. Il était beau, beau comme un Dieu, pas con, super branché art et il ne m’a même pas accordé un seul regard la première fois que l’on s’est vu ! Je crois qu’il avait entendu parler de moi et que celle que j’étais ne le séduisait pas plus que ça. Il faut savoir qu’il y a des tas de belles filles à Yale, certaines sont refaites, oui, mais elles n’en demeurent pas moins attirer l’attention des beaux mâles. Pour lui, sans doute, je n’étais qu’une de plus parmi toutes ces filles qui passaient leur temps à faire la fête sans jamais se poser et qui enchainaient garçon sur garçon tout ça pour avoir le plus beau tableau de chasse. J’ai vite compris que si je voulais lui plaire, j’allais devoir montrer que j’en avais dans le ciboulot. Vous savez, ça n’a pas été facile de le faire tomber dans mes bras, et j’ai bien failli renoncer tant l’entreprise paraissait perdue d’avance. Il ne me remarquait toujours pas, enfin si, lorsqu’on se parlait, il me souriait, on discutait de tout et de rien, mais ça n’allait pas plus loin, à mon grand désespoir. Ceux qui me connaissaient depuis longtemps avait bien compris que quelque chose de fort se cachait là-dessous, que si je refusais d’abandonner et de me rabattre sur tout cet essaim de prétendants qui m’entourait en permanence au lieu de continuer, visiblement, à perdre mon temps avec Caden, c’est que j’en étais réellement accro et qu’il ne s’agissait pas là d’un caprice. Pour les autres, je restais tout aussi fun et populaire, et encore plus inaccessible aux yeux des jeunes hommes qui se demandaient réellement quand est ce que je me déciderais à enfin ouvrir les yeux et voir qu’ils étaient tous là, prêts à me donner ce que Caden me refusait, sans jamais comprendre qu’il ne s’agissait pas là de sexe, pas seulement, mais bel et bien d’amour. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans la tête de Caden, je ne sais pas ce que j’ai pu faire qui le fasse soudainement comprendre que, putain, on avait un avenir ensemble. Je ne sais pas ce que j’ai dis qui lui fasse comprendre que, derrière cette carapace de fille qui n’en avait strictement rien à foutre du monde, de la société et de leurs putains de règle se cachait une fille paumée, qui ne savait pas où était réellement sa place parce que depuis qu’elle était petite, elle courait à cent à l’heure pour échapper à tout ce qui la faisait ressembler à sa mère alors que dans le même temps, elle voulait tellement lui ressembler. Vivre avec le fantôme de votre mère, c’est dur, très dur, et on refuse toujours de reconnaître que l’on a besoin d’aide. Je ne sais pas ce qui, brusquement, à ouvert les yeux de Caden, mais quoi qu’il en soit, lorsqu’il s’est mis à pleuvoir des cordes en ce mois de Février, et que j’étais trempée jusqu’aux os parce que je n’avais pas pris de parapluie, lorsque je me suis retrouvée grelottante de froid parce que je n’avais sur moi qu’un petit T Shirt et que je ne portais qu’un mini short avec des bottes loin d’être hydrofuges, j’ai soudain vu mon ange tombé du ciel, un parapluie à la main, me proposant d’aller boire un chocolat chaud avec lui, dans sa chambre, histoire que je me réchauffe et qu’il veille bien à ce que je ne reste pas plus longtemps dans mes fringues trempées et imbibées de flotte jusqu’à la dernière fibre de textile. Quand j’y repense aujourd’hui, j’en frissonne … On a mis peu de temps à rejoindre la dite chambre, ou alors, c’est juste moi qui, perdue dans son regard, avait aussi perdu toute notion du temps. Il m’a filé l’un de ses T Shirts, trop grand pour moi, tellement grand qu’il me faisait une sorte de tunique, pour ne pas dire une robe. On a discuté, des heures et des heures, et ma tasse de chocolat a refroidi entre mes mains. On s’est endormi l’un contre l’autre, ou alors, je me suis endormie tout contre lui et il n’a pas osé bouger pour ne pas me réveiller. Notre histoire était lancée, et partie pour durer.
Quand je suis tombée enceinte, j’ai eu très peur. Après tout, lorsqu’on a 20 ans, on ne pense pas forcément à faire un enfant dans les semaines qui viennent, surtout lorsque, comme moi, on est dans l’une des plus prestigieuses universités au monde et que l’option « bébé » n’est pas réellement proposée dans toutes les brochures que l’on vous donne à la rentrée lorsque vous voulez vous inscrire. Et niveau programme, il n’y avait pas non plus l’option « mise en pause des études pour se consacrer à bébé ». La famille de Caden était encore plus influente que la mienne, encore plus stricte aussi, et j’avais une peur bleue de passer à leurs yeux pour une fille inconsciente qui oublie de prendre la pilule. Jusqu’à ce que je rencontre Caden, l’opinion de la famille de mes petits amis m’importait peu, un peu beaucoup parce que je vivais alors à Manhattan et que je connaissais tout le beau monde qui y résidait depuis toute petite, et que, donc, je savais que tous m’adoreraient quoi qu’il se passe et ce même si ce sentiment d’affection n’était pas sincère. Et puis, jusqu’à Caden, je savais que ce n’était pas du sérieux. Mais là, en étant en couple avec lui, tout était tellement différent. Je voulais réellement toujours leur faire bonne impression sans jamais non plus devenir l’une de ces natures mortes de modèle que l’on voit dans les bouquins d’arts, vous savez, ces femmes qui sont tellement figées et habillées avec un pur mauvais goût que vous vous demandez comment il était possible, et ce même à l’époque, qu’elles ne restent pas cachées chez elles tant tout ceci les faisait passer pour des épouvantails géants que l’on aurait empaillé. Mais au contraire, ses parents ont accueilli la nouvelle avec joie, heureux, enfin, d’être grands parents alors que leur fils aîné et sa femme ne se décidaient toujours pas à franchir le cap, bien trop axés sur leurs professions respectives. J’avais 20 ans, oui, c’était jeune, mais j’étais de bonne famille, des deux côtés, du sang noble coulait dans mes veines et j’avais l’intelligence d’esprit d’avoir pu entrer à Yale autant grâce au piston qu’à mes qualités intellectuelles. Mon père, de son côté, avait accueilli la nouvelle avec plus ou moins de joie. Il fallait dire qu’il avait escompté que j’attende encore un peu avant de me décider à le faire grand père, mais après tout, il savait que sous mes airs de rebelle, je n’étais pas inconsciente, loin de là. Et puis Caden m’aimait et mon père avait une totale confiance en lui, sachant très bien qu’il n’allait pas se barrer en courant dès que le bébé commencerait à pousser son premier cri. Et puis, lui qui était devenu maire de New York avait vu sa côte de popularité remonter en annonçant à tous qu’il allait à nouveau devenir grand père. C’était incroyable tout de même, c’était comme si tous les New Yorkais accueillaient avec joie la nouvelle de ma grossesse, comme s’il s’agissait de l’annonce de la grossesse de leur fille à chacun … Caden, lui, était fou de joie à l’idée d’être papa, lui qui adorait pouponner la petite fille de mon demi-frère aîné dès qu’il la voyait. On avait tout prévu : j’allais continuer à aller en cours jusqu’à ce que cela ne me soit plus possible, ensuite, j’allais prendre du repos et passer mes journées à travailler dans l’appart’ que l’on venait de se prendre à l’extérieur du campus, et lorsque viendrait le jour pour moi d’accoucher, il se placerait en période de pause, en Gap Year comme on dit. Tout était arrangé, tout était parfait.

Au printemps, on a tous décidé, avec notre bande d’amis, de passer quelques jours en Californie. Tant qu’à faire ce peu, autant profiter du Spring Break pour décompresser loin de Yale, et puis, c’était l’une des dernières occasions pour moi de prendre la route pendant aussi longtemps. En été, ce serait trop tard, je serais bien trop enceinte pour bouger à plus de 100 km de New Haven, la ville où est implantée l’Université de Yale. La Californie, c’est sans nul doute l’état des Etats Unis le plus connu au monde, si ce n’est même l’état le plus connu au monde tout court. Pendant le Spring Break, tous les étudiants inscrits dans les universités Californiennes prenaient tous plus ou moins la poudre d’escampette. Ils rentraient chez eux, ou alors, ils roulaient à toute allure direction Las Vegas, alias Sins City, ou bien alors, ils franchissaient carrément la frontière Américano-Mexicaine et allaient passer du bon temps dans des villes telles que Tijuana. C’était donc un excellent plan pour nous que de débarquer en Californie lorsque la majorité des étudiants en partaient. Cela nous ferait plus de place, et on n’aurait pas à affronter les petites moqueries et mesquineries estudiantines de tous ceux qui auraient été recalés de Yale, une fois qu’ils auraient appris d’où l’on venait. Il faisait beau le jour de notre départ. On était 15 à partir, répartis dans 5 voitures, et encore, on avait bien manqué de partir à 6 voitures, tant certains d’entre nous avaient décidé d’emmener de bagages et que ceux-ci avaient été à la limite de rentrer dans les coffres, même bourrés au maximum. On avait prévu de se relayer les uns les autres au volant toutes les 3 heures, et de faire des pauses toilettes-manger toutes les 6 heures, un truc comme ça, même si, bien sûr, en cas de souci, on pouvait s’arrêter plus tôt. J’étais bien moi, parce que je voyageais dans la voiture la plus cool ! Facile à dire lorsqu’on savait qu’il s’agissait de celle de Caden et qu’avec nous voyageait Enéa et Jake, eux aussi en couple, et amis super sympa. Enéa et Caden se connaissaient depuis le bac à sable, et entre eux, c’était une amitié qui durait depuis longtemps. Ils étaient originaires de Long Island, et ne s’étaient jamais séparés depuis qu’ils se connaissaient. Ils savaient tellement de choses l’un de l’autre, et j’adorais toujours entendre la Miss me raconter les prouesses d’un Caden haut comme trois pommes qui avait passé toute une après midi à ramasser les fruits pourris tombés des arbres de sa grand-mère, pour mieux les balancer par-dessus le mur chez le voisin. L’ambiance était conviviale, et lorsque la nuit était tombée, l’un d’eux était passé devant pour me laisser m’allonger sur la banquette arrière, tête posée sur les genoux de celui qui restait derrière. On a voyagé pendant plusieurs jours, avant d’arriver enfin à l’endroit voulu. On est arrivé vers 19 heures, et la plage s’offrait à nous autres, étudiants de Yale en pause printanière, tout prêt à profiter de la vie, de notre jeunesse, et aussi de notre amitié. On a fêté ça dans un petit restau’ situé sur le bord de mer, sympa comme tout. Le serveur m’a un peu fait du charme toute la soirée avant de comprendre que je n’étais pas libre, et que j’étais déjà engagée dans quelque chose de sérieux. Il n’était pas très vif, le pauvre, et n’a tout compris que lorsque je me suis levée pour aller aux toilettes, et qu’il a pu voir mon petit ventre rond. Et pourtant, tous, ce n’était pas faute de lui avoir plus ou moins tendus des perches lui indiquant clairement qu’il était très charmant mais que j’étais déjà en couple ! On a passé deux merveilleuses semaines ici, logeant chez l’une des tantes de Caden, dans sa superbe et gigantesque villa. Elle était partie en voyage avec son mari en Australie, voir leur fille aînée et son petit bébé. On a fait des milliers de photos, et on a même dû racheter des cartes pour pouvoir glisser dans nos appareils, les nôtres étant archi pleines. Mais l’heure de la reprise des cours sonnait, et puis, j’avais besoin de retrouver un peu les miens, le besoin que j’avais de voir mes frères et ma sœur ayant considérablement augmenté depuis que j’étais enceinte. On a donc dit au revoir à la Californie, et on a repris la route.
On était rendu quelque part au milieu du Nevada lorsque j’ai ressenti un petit coup de fatigue. Ce soir là, je ne voulais pas dormir sur la banquette arrière, j’avais besoin d’un lit, d’un vrai lit, et peu m’importait si il n’y avait presque rien d’autre que des motels pourris dans la région. Un lit, aussi défoncé qu’il soit, restait un lit, et c’était bien mieux confortable pour moi de dormir dans un lit plutôt qu’à l’arrière d’une voiture. On a décidé de s’arrêter, alors que trois d’entre nous allaient continuer à rouler, parce qu’il y avait parmi nous Tyler, et que Tyler avait juré à sa petite sœur d’être là pour ses 16 ans, histoire de fêter ça avec elle. Ils nous ont dit au revoir avant de reprendre la route, alors que nous, on s’est arrêté dans un motel sans nom, ou alors, je n’ai pas bien réussi à lire le nom, tous les néons des lettres de l’enseigne ne s’allumant pas, ou pas totalement. Je ne sais pas pourquoi, mais lorsque Shana a dit qu’on se croirait dans cette petite ville du film House Of Wax, Ambrose, j’ai frissonné. C’est vrai que le motel ne payait pas de mine, et que les quelques bâtiments alentours, alignés le long de ce qui était la rue principale et semblait être l’une des seules rues de la ville n’étaient pas en bien meilleur état. Mais enfin bon, la propriétaire du motel, du moins, celle qui se trouvait derrière le comptoir lorsque l’on entrait, avait tout de la gentille femme qui est toute dévouée aux clients qui s’arrêtent dormir pour la nuit dans son motel. En riant, elle nous a demandé si l’on était perdu, et nous a dit qu’en général, les personnes qui passaient la nuit dans son motel avaient toutes atterries dans la petite ville de Bathory par le plus grand des hasards. Aucun d’entre nous n’avait entendu parler de cette ville avant, située quelque part à la frontière entre l’Arizona et le Nouveau Mexique, mais Betty, la patronne du motel, nous a dit que c’était normal, qu’il n’y avait que 555 habitants, dont une seule femme enceinte. En riant, elle nous a donc dit qu’on pouvait dire que seuls 555,5 habitants vivaient à Bathory. Elle était bien heureuse de nous voir quand même, et il fallait dire qu’on lui a tout de même occupés 5 chambres ! L’autre à être très heureux de notre venue, c’était Luc’, le patron du tout petit resto’ coincé entre ce qui servait de mairie et la maison de la doyenne du village, qui n’était autre que sa mère. Chez lui, on allait forcément prendre le dîner, et puis aussi le petit déjeuner. On a tous mangé chez lui, et puis, vers 23 heures, on est rentrés au motel, histoire de passer une bonne nuit, parce que demain, on reprenait la route et qu’on était encore loin d’être rentrés. Caden et moi, on a donc, comme tous les autres, regagnés notre chambre. On s’est allongé dans le lit, et, comme d’habitude, il a passé plusieurs minutes à discuter avec notre bébé, en me caressant le ventre, en frottant son nez contre ma peau bombée, en disant à son enfant à quel point il était fou de joie de se savoir bientôt papa, à certifier au bébé qu’il allait avoir la plus belle maman au monde … On a ensuite fait l’amour, doucement, tendrement, amoureusement, avant de s’endormir, dans les bras l’un de l’autre, la main de Caden posée sur mon ventre, comme pour protéger l’enfant qui s’y trouvait. Un violent orage a éclaté dans la nuit, et le lendemain matin, lorsqu’on est allés prendre le petit déjeuner chez Luc’, Betty nous a annoncé qu’elle avait eu son frère au téléphone, avant que ça ne coupe. Son frère était shériff dans la ville voisine de Carfax, et apparemment, dans la nuit, un poteau électrique était tombé sur la seule route qui nous permettait de rejoindre l’une des grandes routes rejoignant les grandes villes entre elles. Les liaisons téléphoniques étaient coupées, le pilonne du secteur s’étant lui aussi effondré par la poussée des vents. Selon Betty, nous n’avions vraiment pas de chance, un tel vent dans la région, c’était exceptionnel, surtout en cette saison ci. Nous n’avons donc pas eu d’autre choix que de rester ici, parce que la seule chose que l’on pouvait faire, c’était d’aller à Carfax, et de l’avis même de Betty, ça ne valait pas vraiment le détour. Elle nous a dit que, de toute façon, ce soir, il y avait une fête organisée à Bathory, que l’on allait pouvoir s’amuser, et qu’en plus, nombre d’habitants de Carfax allait faire le déplacement, que l’on se sentirait donc entourés. On a vite décidé de rester, parce qu’après tout, on ne pouvait pas faire grand-chose d’autre. Sincèrement désolé pour nous, Luc’ nous a même fait cadeau du petit déjeuner.

Nos valises à nous autres les filles étaient remplies de fringues, ce ne fut donc pas très dur de trouver quoi nous mettre, même si on a mis un peu trop de temps pour choisir selon les garçons. De toute façon, tout leur semblait toujours durer trop longtemps à leurs yeux ! Aujourd’hui, toutes ces fois où je leur en voulais me paraissent insignifiantes … On ne peut pas rattraper le passé comme on dit, et c’est un réel drame parfois. Pour moi, en tout cas, cela en est un. On a essayé de ne pas choisir de tenue trop choquante, après tout, le niveau de vie moyen de Bathory n’était pas excessif, et on se voyait très mal débarquer à la fête organisée habillés en Prada, en Gucci, ou encore en Armani. Toute la journée, on était resté au motel, à regarder les quelques DVD que Betty avait en stock, parce qu’après l’orage était restée la pluie, et que comme nous l’avait déjà dit Betty, ici, à Bathory, il n’y avait pas grand-chose à faire dans la journée. Lorsqu’on est sortis de nos chambres pour aller à la fête, qui se passait sur ce qui était la place principale de la ville, au bout de la rue en tournant légèrement à droite, Betty n’était pas derrière son comptoir, mais elle nous avait bien dit qu’elle ne viendrait peut être pas à la fête, et qui si elle le faisait, elle ne s’y rendrait pas avant 22 heures, parce qu’avant, il y avait son jeu préféré à la télévision, et qu’elle refusait d’en manquer une seule miette. Le midi, on avait promis à Luc’ de passer le voir avant la fête, histoire de grignoter un peu avant d’aller festoyer, histoire aussi que les garçons puissent l’aider à porter les quelques mets qu’il avait préparé pour le buffet, si jamais il avait besoin d’un coup de main et qu’il ne parvenait pas à tout gérer tout seul. On a traversé la route pour entrer dans son petit resto’, mais Luc’ n’était pas là. Peut être n’était il pas encore revenu d’un petit aller-retour jusqu’à la fête. Samuel est allé en direction de la place centrale, histoire d’aller voir où en était rendu Luc’ dans ses « livraisons ». Nous autres, on a décidé de l’attendre un peu, on n’était pas pressés après tout, et Luc’ était cool et sympa. Il nous avait demandé où l’on étudiait et ses yeux s’étaient arrondis de surprise : Yale, c’était loin d’ici ! Lui avait été accepté à UCLA, mais ses parents n’avaient pas les moyens de l’y envoyer, alors il n’avait pas été à l’Université et était resté à Bathory, pour tenir le resto’ familial avec son père, aujourd’hui décédé. On s’était tout de suite bien entendus avec lui, alors, rester un peu pour l’attendre ne nous dérangeait pas. Lux, s’est absentée pour aller aux toilettes, alors que nous, on est restés dans la salle principale. Enfin, pas Trey, qui tenait absolument à aller jeter un coup d’œil aux cuisines, histoire de savoir avant tout le monde ce que Luc’ réservait à tout le monde pour le repas. On lui a bien dit que ça ne se faisait pas, mais Trey a toujours été d’une nature très curieuse, que voulez vous ! Je crois que c’est à ce moment là que l’électricité s’est coupée, et on a entendu Trey juré, et pas qu’un peu ! Il avait le juron facile il faut dire ! En riant, j’ai dis aux autres que j’allais vérifier que tout allait bien pour Lux, parce que l’appeler ne servait à rien. J’en avais fais l’expérience ce matin, la porte menant aux toilettes coupait les WC et le resto’ l’un de l’autre, aussi bien au niveau de l’espace qu’au niveau du son. En d’autres mots, criez de toutes vos forces qu’il n’y a plus de papier dans les toilettes pour qu’on vous en apporte, et jamais vous ne serez entendu si vous n’aviez pas l’idée d’entrouvrir la porte !
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Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Concours #3 : Un concours d'écriture Concours #3 : Un concours d'écriture - Page 2 Icon_minitimeLun 14 Juin - 15:50

2eme partie NOAH

Citation :
Il faisait plus noir dans les toilettes que dans la salle principale, parce qu’ici, il n’y avait pas de fenêtre donnant sur l’extérieur, et donc pas d’autres sources lumineuses que les ampoules électriques. J’ai appelé Lux, en lui demandant, un soupçon de taquinerie dans la voix, si elle ne s’était pas noyée dans la cuvette, mais elle ne m’a pas répondu. Lux était la plus timide d’entre nous tous, et peut être était elle dans une position embarrassante lorsque l’électricité s’était coupée et qu’elle avait quelque peu honte. C’est en tout cas ainsi que j’ai justifié son absence de réponse. En tout cas, j’ai ajouté en riant qu’elle avait dû laisser le robinet allumé, parce que je sentais quelque peu le sol glisser sous mes pieds. Je longeais les murs en les touchant du bout des doigts, histoire de savoir où mettre les pieds et histoire aussi, pour le coup, d’avoir quelque chose à quoi se raccrocher si je venais à glisser sur ces petites flaques d’eau. En tout cas, j’avais beau appeler, Lux ne me répondait pas, et j’étais pour revenir en arrière, afin de rejoindre les autres, lorsque le courant est revenu et que la lumière s’est rallumée. Ce que j’ai vu m’a glacé le sang, et j’étais encore loin de me douter que ce n’était que le début … Là, par terre, étendue de tout son long et pissant le sang, il y avait Lux, ou plutôt, le corps sans vie de Lux. Je n’avais pas besoin de me pencher pour prendre son pouls, histoire de voir si son cœur battait encore, parce que sa gorge était tranchée, et que son torse était lacéré de part en part. Ce n’était pas sur de l’eau que j’avais tendance à glisser depuis tout à l’heure, mais sur du sang, sur le sang de Lux, sur le sang de l’une de mes meilleures amies. Je n’ai même pas réussi à crier, et puis, cela n’aurait servi à rien. Le mal était fait, et personne ne pouvait m’entendre tant que je n’allais pas ouvrir la porte … Mon premier réflexe a été celui de survie : j’ai scruté la pièce entière des yeux, pour savoir si le meurtrier était toujours là, mais il n’y avait personne, personne d’autre que Lux et moi, qu’une morte et qu’une vivante. Quiconque avait fait ça avait déguerpi par l’issue de secours située à l’autre bout des toilettes. C’est à ce moment là, lorsque j’ai compris que je ne risquais rien, du moins, pas dans l’immédiat, que j’ai pris la peine de mieux observer Lux. Elle avait les yeux grands ouverts, d’effroi sans aucun doute, et … Je vous épargne les détails, parce que vous allez rendre ce que vous avez dans le ventre. J’avais les intestins bien accrochés faut-il croire, puisque je n’ai pas renvoyé moi … J’ai remarqué après quelques secondes qu’il y avait quelque chose d’agrafer à son poignet, et c’est avec douleur et incompréhension, choc aussi, que je me suis abaissée pour voir mieux de quoi il en retournait. C’était un papier, et je l’ai décroché, parce que j’avais besoin de garder ce papier avec moi, comme s’il allait être la preuve expliquant pourquoi on avait fait ça. Il n’y avait aucune explication sur ce morceau de papier minuscule, juste quelques mots, dont la signification était terrible. : « La chasse est ouverte ! Vous êtes 10, un seul d’entre vous pourra avoir la vie sauve … Tous les moyens sont bons pour que vous deveniez l’heureux élu ! Que la fête commence ! » On se serait cru en train de lire le speech d’une mauvaise émission de télé réalité, sauf que l’enjeu était ici vital, et que l’élimination allait être à prendre au sens strict du terme. Un détail m’a frappé : 10. Nous étions 15 initialement : 3 d’entre nous n’étaient pas restés à Bathory, et Lux venait d’être assassinée, ce qui amenait notre effectif à 11. J’ai eu un mauvais pressentiment, surtout pour Samuel, et j’ai senti mes doigts se serrer compulsivement sur ce morceau de papier. Blanche comme un linge, j’ai rejoins les autres aussi vite que j’ai pu, et ça n’a pas tardé : tous se sont inquiétés pour moi, avant de se diriger vers moi. Je crois que Caden a été le premier à remarquer que j’avais du sang sur les doigts, et aussi sur les chaussures. J’ai à peine eu le temps de dire ce que je venais de découvrir que deux de mes amis se sont précipités vers les toilettes, pour voir d’eux même l’ampleur de la chose, puisque ma voix tremblait et que je n’étais pas des plus expressives. Parmi eux, il y avait le cousin de Lux, Alan. Cléo a demandé où était Trey, l’a cherché du regard, comme la louve cherchant à rassembler sa meute. Il n’a pas tardé à nous revenir, Trey, mais il toussait, intensément. On n’a pas tout de suite compris ce qui se passait, jusqu’à ce qu’il se mettre à cracher du sang. Il tenait dans la main un petit papier, qu’il nous tendait comme si sa vie en dépendait. Caden s’est précipité vers lui, mais Trey s’est effondré, se tenant le ventre. Cléo s’est agenouillée près d’eux, et a tenu à lire à voix haute le papier, sans doute extrait de l’un des ces biscuits de la chance : « La gourmandise est un vilain défaut … Tic, tac … » Encore aujourd’hui, je ne suis pas sûre de ce qui a tué Trey. L’autopsie qui a été faîte de son corps à révéler qu’il avait avalé deux lames de rasoirs, sans doute contenues dans les muffins qu’il avait commencé à manger. Nous étions bien 10 désormais, bien décidés à compter Samuel parmi les vivants alors que nous ne savions rien de sa situation présente. Nous étions 10, et nous venions de comprendre que nos minutes étaient comptées …

Caden a pris la tête, comme d’habitude, alors que j’étais amorphe, incapable de réagir, venant de voir coup sur coup deux de mes plus proches amis mourir. Caden a dit que l’on allait rester tous ensemble, et refuser de se laisser faire. Tant que l’on était ensemble, qui que ce meurtrier soit, il renoncerait à nous attaquer. Nous étions après tout 10, et donc en supériorité numérique. Ana et Rachelle sont allées au motel, pour prévenir Betty, et nous, nous sommes restés dehors, à les attendre, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement. Ana est ressortie, nous disant d’aller retrouver Samuel, histoire d’être sûrs qu’il allait bien, pendant que Rachelle et elle attendaient les secours avec Betty, qui, disait elle, téléphonait en ce moment même à la police. Ana était la plus jeune d’entre nous, elle allait fêter ses 18 ans en Juin, et avait sauté une classe au lycée. Elle était douce, pétillante et pleine de vie. Je n’oublierais jamais ses yeux inquiets, ses poings fermés, nous disant d’aller retrouver Samuel, de ne pas s’en faire pour elle, parce que c’est la dernière image que j’ai d’elle. Ana a reçu une balle dans la bouche. Selon la balistique et la police, elle a été obligée de s’agenouiller et d’ouvrir la bouche, avant que son meurtrier n’appose le canon de l’arme qu’il tenait contre son palais. Rachelle, elle, a été découverte noyée dans l’une des baignoires du motel. Elle aussi était pleine de promesses, elle aussi ne méritait pas de mourir, à un si jeune âge … La vérité n’a été dévoilée que plus tard, une fois que tout ceci a été fini … Et cela n’en a été que plus dur à vivre et à concevoir.

Nous étions 7 à continuer à progresser, cherchant et appelant Samuel, nous tenant sur nos gardes. J’étais appuyée contre Caden, cherchant son appui et son soutien, alors que je me sentais épuisée, sur les nerfs, et chancelante. Je n’avais plus réellement conscience de ce qui m’entourait, sûrement persuadée que l’on ne risquait plus rien tant que l’on était ensemble, soudés, que l’on ne se séparait pas. J’avais tord … Il restait parmi nous le meilleur ami de Sam’, Stanislas. Tous deux formaient cette entité que l’on surnommait tous « les deux S ». Ils étaient tellement amis, presque depuis le jardin d’enfants. Je ne sais pas ce qui est passé exactement par la tête de Stanislas, du moins, je n’ai pas compris immédiatement. J’étais encore sous le choc il faut croire … Stan’ a refusé de perdre plus de temps, et a décidé que l’on avancerait plus efficacement pour retrouver Sam’ en étant deux groupes séparés. Je crois que Caden a dit que c’était une folie, qu’ainsi, on devenait tous plus faibles, et que l’on prendrait trop de risques en agissant de la sorte, mais Stan’ … Stan’ était la personne la plus têtue que je connaissais, et il a refusé d’écouter ce que Caden disait. Je crois qu’il avait de toute façon toujours plus ou moins été jaloux de lui … Il a emmené avec lui Joanna, la fiancée de Samuel, et Andy, celui qui suivait toujours Sam’ et Stan’ comme leur ombre. Caden voulait le raisonner, mais savait que rester ici, à crier, c’était trop dangereux. Et puis, il était impossible de raisonner Stan’, qui n’acceptait de reconnaître ses erreurs que lorsqu’il se retrouvait face à leurs conséquences … On s’est donc divisés : 3 d’un côté, 4 de l’autre … Il restait avec moi Cléo, Caden et Nathan. Je suis incapable de vous dire comment tout s’est passé pour les 3 qui ne nous ont pas suivi, je n’étais pas avec eux, je n’en sais donc rien. Tout ce dont je peux témoigner, c’est de ce que j’ai vu, de ce que j’ai vécu. Pour le reste, voyez ça avec la police, ils savent tout tellement mieux que tout le monde … Nous, on a continué à progresser, à avancer vers la salle de fête, là où allait avoir prendre abri les boissons et les choses à grignoter prévues par Luc’. On a bien vite compris que quelque chose clochait, parce qu’il n’y avait personne. La nuit était tombée, et un silence de mort régnait sur Bathory. J’avais émergé de mon choc lorsque j’avais vu Stan’ et les autres nous quitter pour aller de leur côté, et j’étais donc pleinement consciente de ce trouble et de ce malaise qui m’avaient saisie lorsque j’avais compris que quelque chose d’anormal se tramait. Je sentais comme un goût amer sur la pointe de ma langue, sensation plus que désagréable. Je ne voulais pas entrer dans la salle, sachant pertinemment que l’on n’y trouverait personne, puisqu’aucun bruit n’en émanait, et qu’il n’y avait pas âme qui vive à la ronde. Où étaient passés ses 555 habitants dont nous avait parlé Betty ? Et où étaient tous les jeunes venus de Carfax qui devaient venir faire la fête ici ? Mais Caden était persuadé que Samuel avait dû entrer dans la salle, ne serait ce que pour chercher Luc’. Je refusais de rester dehors, et encore plus de quitter mon homme, mes amis aussi. Restée seule et en arrière aurait été comme signer avec mon propre sang ma lettre de mise à mort. Il n’y avait bien sûr personne à l’intérieur, et on a tous sursauté en entendant arriver en courant Joanna derrière nous. Elle tremblait de la tête aux pieds, en tenant une arme à la main, en disant qu’ils avaient trouvé Samuel, mort, et que Luc’ était derrière tout ça, qu’il avait tué Stan’ et Andy, qu’elle avait réussi à s’échapper, qu’elle croyait bien avoir réussi à tuer Luc’ en lui tirant dessus avec l’arme qu’il avait laissé tomber dans la bagarre qui l’avait opposé à Stanislas. Joanna saignait, elle était tombée sur les morceaux de verre d’une vitre brisée par une balle ayant manquée sa cible. Elle a dit que Luc’ avait crié qu’il n’en resterait qu’un, qu’il n’était pas seul, et que si l’on refusait de faire un choix nous même, alors tous, ils sauraient choisir pour nous. Cléo a serré dans ses bras Joanna, avant d’enlever de ses mains l’arme. Elle l’a rassurée, lui a dit qu’elle n’y était pour rien, que tout irait bien, qu’elle ne laisserait rien de mal lui arriver. Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de Cléo à ce moment là, si ce n’était, peut être, qu’elle n’avait aucune envie de mourir. Cléo était mariée, et elle aimait son mari plus que tout. Elle s’est mise à délirer, à dire qu’après tout, on n’allait tous y rester, qu’elle aimait Cole, son mari, qu’elle voulait le revoir, qu’après tout, autant valait-il mieux que l’on meurt tuer par l’un d’entre nous plutôt qu’assassiner par l’un de ces fous qui rodaient partout. J’ai compris trop tard ce qu’elle allait faire, et lorsque Nathan s’est approché d’elle, tendant la main pour qu’elle lui donne l’arme, elle l’a abattu, froidement, sans même un seul remord visiblement. J’ai manqué de m’effondrer, sous le choc, et Caden a dû me rattraper, de justesse, pour que je ne tombe pas. Etant enceinte, c’était une chose à éviter … Cléo s’est tournée vers moi, le canon de son arme tourné dans ma direction mais orienté légèrement vers le sol. On aurait dit qu’elle avait perdu l’esprit, qu’elle était possédée, parce qu’elle tentait de me convaincre que j’étais trop faible, que je ne m’en sortirais pas, que je préférais sûrement savoir que mon bébé allait mourir sans souffrir. Elle avait cet étrange sourire, celui que les jeunes filles commençant à virer dingues dans les films d’horreur ont toujours. Elle riait nerveusement, commençait à faire de grands gestes, l’arme toujours fermement tenue dans la main, sa voix montait soudainement dans les aigus pour revenir à la normale, avant d’à nouveau monter vers les aigus, alors qu’elle n’avait de cesse de tenter de me convaincre d’accepter mon destin, de me laisser faire, de la laisser faire. Caden tentait de la raisonner, lui criant d’arrêter, de ne pas faire ça, mais elle n’écoutait pas, elle n’écoutait plus, elle était ailleurs. Et moi, la fille forte par excellence, je ne trouvais même plus de raison de lutter. On allait y rester, elle était décidée, et j’étais trop faible pour lui arracher son arme. C’est alors que Joanna a pris son courage à deux mains, se saisissant d’une chaise et assommant Cléo. Il y a eut un bruit horrible, et à coup sûr, Cléo n’allait pas se réveiller avant longtemps, si elle se réveillait d’ailleurs …
Nous n’étions plus que trois, sans compter Cléo, et c’est à cet instant que l’on a entendu du bruit. Caden nous a fait signe de nous taire, puis nous a indiqué d’un signe de tête de le suivre. J’ai voulu relever Cléo’, mais il m’a saisi la main d’office, et aujourd’hui, je sais que, de toute façon, je n’aurais pas eu la force de la trainer derrière moi. J’ai donc dû le suivre, contrainte et forcée, et tous les 3, on a marché en direction des cuisines, vous savez, celles qui, dans les salles de fête, sont situées à l’arrière du bâtiment et sont plus qu’équipées ? D’un geste de la main, il nous a fait reculer dans un coin, sombre. Quelqu’un entrait, quelqu’un qui, bien sûr, ne nous voudrait pas du bien. Je ne sais pas pendant combien de temps je me suis empêchée de respirer, par peur que ma respiration soit trop bruyante, qu’elle attire trop l’attention. Je sentais la poigne ferme de Caden qui me tenait, pour que je ne chute pas, et à côté de moi, la présence chaude de Joanna, qui tentait de presser sa blessure pour ne pas perdre plus de sang. Le sang de Joanna … Nous n’y avions pas pensé, mais il mena directement le nouvel arrivant vers nous, ayant coulé le long du trajet. Je ne cessais de penser que j’allais mourir, que j’aurais tellement voulu dire à mes frères, à mon père, à mon actuelle belle mère et à tous mes proches à quel point ils comptaient pour moi, à quel point je les aimais, à quel point je ne voulais pas qu’ils vivent le restant de leurs jours avec pour ambition de venger ma mort. Je pensais à Caden, à tout ce qu’on ne pourrait jamais vivre tous les deux, à tous ces petits plans que l’on avait fait et qui ne verraient jamais le jour, à notre enfant, qui n’aurait jamais la chance de connaître son père et de savoir à quel point il était formidable, parce qu’il n’aurait même pas l’opportunité de voir le jour, lui aussi … Je pensais à tout cela, et à tant d’autres choses à la fois, alors que le bruit de pas se rapprochait, plus dense et bruyant que je ne l’aurais pensé.
Mais en lieu et place d’un nouvel arrivant, nous avons eu le droit à un petit groupe. Tous, je les avais tous vu depuis que nous étions arrivés ici, et ce n’est qu’après que j’ai réalisé qu’ils étaient les seules personnes que j’avais croisé à Bathory. Personne ne vivait à Bathory, il n’y avait aucun habitant ici, sauf eux. Ils étaient une petite dizaine, et se dirigeaient vers nous, de plus en plus. Je m’accrochais fermement à Caden à présent, mais il s’est quelque peu avancé, nous laissant en arrière. Je compris qu’il voulait que l’on reste toutes les deux en arrière, parce qu’il posa une main sur mon ventre, m’empêchant d’avancer. Pour la énième fois, tout ceci n’avait aucun sens pour moi. Il a pris la parole, leur disant qu’ils avaient gagnés, qu’il était tout à eux, mais qu’ils allaient devoir nous laisser encore une chance de nous en sortir. Dans leur mentalité de psychopathes, j’imagine qu’ils ont tous pris leur pied en se disant qu’après tout, nous laisser sortir, cela ne leur porterait pas préjudice, et qu’ils sauraient nous retrouvés : une femme enceinte et une blessée, où pouvions nous bien aller ? Cela allait tellement être jouissif pour eux de pouvoir encore continuer à jouer à leur petite chasse à l’homme ! Caden a reculé de nouveau, sans quitter les autres du regard, poussant sur la porte coupe feu qui menait des cuisines vers le dehors. Il s’est retourné un instant, me regardant dans les yeux, puis posant le regard sur mon ventre. Il m’a peu parlé, m’a simplement dit qu’il m’aimait, que j’allais sauver trois vies, que j’allais sauver notre enfant … Je ne comprenais pas ce qu’il allait faire, mais une chose était sûre, c’était loin de me plaire. Je lui ai dis que je refusais de le laisser là, que je préférais passer mes derniers instants avec lui plutôt que loin de lui. Et dans ma précipitation et ma rage certaine à tenter de le raisonner, de le faire changer d’avis, alors qu’il agissait de la sorte aussi avec moi, je n’ai même pas pris le temps de lui dire que je l’aimais, que jamais je ne l’oublierais, alors même qu’il me raisonnait en n’omettant jamais de me sourire, en me disant que tout irait bien, que j’étais la femme la plus belle et merveilleuse qu’il n’avait jamais rencontré, qu’il était fier et honoré d’avoir pu tenir ma main pendant tout ce temps. Et avant que je ne réalise ce qui se passait, je me suis sentie tirée en arrière, alors que la porte se refermait une fraction de seconde plus tard devant Joanna et moi. Je suis restée stupéfaite, ne saisissant rien, ne sachant pas quoi faire. Tout ceci parut durer une éternité, alors que seuls les bruits de la respiration bruyante et saccadée de Joanna venaient troubler ce silence pesant et mortel. C’est que j’ai secoué la tête, avant de me décider à faire volte face. Joanna avait le souffle plus court que le mien, et tremblait. Il n’y avait plus de temps à perdre. Caden allait mourir, je ne réalisais sans doute pas tout de suite ce que tout ceci allait signifier. Joanna avait eu ce réflexe en me tirant, réflexe pour me sauver la vie, maintenant, je devais juste tenter de nous sauver, comme Caden le voulait. Je n’avais strictement aucune idée de ce qu’on allait faire, Joanna et moi, pour parvenir à sortir, à s’en aller, pour fuir loin … Mais rester ici ne nous aiderait en rien. J’ai pris Joanna par l’épaule, et on a marché aussi vite qu’on a pu loin de la salle.
C’est à cet instant là qu’il y a eut cette grosse détonation. Pas le genre de détonation que l’on entend après un coup de feu, le genre de détonation suivant une explosion. La salle, derrière nous, avait explosé. Alors, tout à l’heure, ce bruit métallique, c’était Caden ouvrant le gaz sur l’une des gazinières ? Il avait donc décidé de nous sortir de cette salle de fête en sachant ce qu’il allait faire, au lieu de souhaiter mourir en famille, avec notre enfant et moi ? Un sanglot me bloqua la gorge, alors que nous continuions à avancer, et les larmes piquaient mes yeux, les embuant de plus en plus. Je ne sais pas où j’ai trouvé toute cette force, je ne sais pas combien de temps nous avons mis pour faire demi tour, je ne sais pas comment j’ai réussi à ne pas m’effondrer, à maintenir une Joanna ensanglantée contre moi, mais je l’ai fais … J’ai rejoins le motel, et j’ai grimpé dans la première de nos voitures que j’ai trouvé, après avoir poussé Joanna à l’intérieur, sur la banquette arrière. Il n’y avait plus d’espoir, sauf pour Joanna, le bébé et moi. J’ai manqué de m’effondrer au sol lorsque, en même temps que ce bruit de détonation, celui d’une arme à feu cette fois ci, j’ai senti une douleur me traverser la jambe. Je me suis rattrapée à la carrosserie, mes ongles en rayant quelque peu la peinture, mais ce n’était pas une chose à laquelle il fallait accorder du crédit. Une fois de plus, j’ai compris que l’on ne serait sauvées qu’une fois loin d’ici. On s’acharnerait sur nous jusqu’à ce que l’on soit hors d’atteinte. Une balle … On venait de me tirer une balle dans la jambe, alors qu’on avait sans doute cherché à viser mon cœur, ou ailleurs, je ne sais pas … Je me suis empressée de grimper à la place conducteur. Il ne restait que peu d’espoir pour nous de nous en sortir, mais il fallait s’accrocher à la moindre once, ne pas en démordre, ne pas lâcher, ne pas accepter de se résoudre à mourir … C’était tout ce à quoi je pensais lorsque j’ai démarré le moteur et que j’ai enclenché les vitesses, roulant loin d’ici. Sur le trajet, j’ai pensé à tous ceux que nous venions de perdre, à tous ceux que nous ne reverrions jamais. J’ai cherché à comprendre, n’ai rien compris … J’ai roulé à toute allure, avant de m’arrêter à la première station service venue, à 10 miles de là. Ma jambe me faisait un mal de chien, je sentais ma chaire en feu, alors que du sang glissait sur le tapis de sol, mais je n’avais pas le temps de faire un garrot, ni même de ralentir. C’était une option à effacer d’avance de la liste des possibilités. J’ai appuyé de toutes mes forces sur le klaxon, et dans un premier temps, le pompiste est sorti de la station pour m’engueuler, avant que je n’ouvre la porte et qu’il voit dans quel état j’étais. Il est alors retourné en courant à l’intérieur, et s’est jeté sur son téléphone. Mais ce n’est pas pour autant que je me suis dit que le cauchemar était fini. Dans un certain sens, je savais déjà qu’il continuerait à jamais en moi.
La police est arrivée rapidement, nous a pris en charge, mais il n’y avait plus rien à faire pour Joanna. Elle n’avait pas survécu à ses blessures, et les médecins m’ont certifié qu’elle était déjà morte lorsque j’ai vu derrière moi les dernières maisons de Bathory. J’étais donc « l’heureuse élue » de ce jeu macabre, si l’on peut dire ça comme ça. En état de choc, je ne répondais pas aux questions que l’on me posait, je regardais à peine en direction des voix qui m’adressaient la parole. J’étais un zombie, une sorte de personne vide de l’intérieur, une coquille sans rien d’autre que du vide. On m’a soigné, extrait la balle, et ce sont les drogues pour éviter la douleur qui m’ont endormie, l’épuisement aussi. Lorsque j’ai fermé les yeux, pour dormir dans cet hôtel, sous la surveillance de deux flics, ce ne fut que pour revivre la scène. Le lendemain, sans avoir dormi de beaux rêves, j’ai dis tout ce que je savais à la police, qui avait dépêché sur place dans la nuit une équipe. Ils m’ont tout expliqué des causes des décès de mes amis, et j’aurais préféré ne rien en savoir. Ils m’ont aidé à emboîter les pièces dans ma tête. Bathory, c’était une ville qui n’avait jamais existé, sur aucune carte, et qui était dénommée en « hommage » à cette comtesse sanglante, Elisabeth Bathory. Elisabeth, ou le nom complet du surnom Betty … Carfax non plus n’a jamais existé, et c’est le nom de l’abbaye achetée par Dracula … Pas de ville de Bathory, donc pas de 555 habitants, ou plutôt, 555 plus un et demi, comme nous l’avait dit Betty. Si vous multipliez ce chiffre par 12, nombre que nous étions à notre arrivée à « Bathory », vous obteniez le chiffre 6666 … Enfin, Luc’ ne faisait référence qu’à Lucifer. Nombreuses dans la région étaient les personnes qui disparaissaient, mais jamais personne ne s’était inquiété, il s’agissait le plus souvent de personnes sans famille, solitaires … Aucun point commun avec nous, et c’est sans doute l’une des choses les plus dures. Je ne sais pas, personne ne sait pourquoi, soudainement, on s’en est pris à nous, qui n’avions rien fait … Peut être voulait-on nous donner une leçon, je n’en sais rien, peut être voulait-on nous prouver que, tout aisés que nous étions, tout étudiant de l’une des plus grandes universités que nous étions, nous n’en demeurions pas moins rester des êtres humains comme les autres … Pour survivre, on est prêt à tout, même à tuer, comme Cléo en est la preuve …
En arrivant là bas, les policiers n’ont trouvé aucun survivant, sauf Betty, qui riait à gorge déployée. J’ai demandé à la voir, pour lui demander des réponses, elle s’est contentée de rire, avant de dire que nous avions nous même décider de tous mourir, parce que les voitures avaient toujours été là, devant le motel, clefs laissées à notre bonne intention sur le contact, mais que nous avions décidés de progresser dans la ville, acceptant ainsi de jouer le jeu. Elle nous a dit que l’on ne nous avait forcés à rien, que l’on avait accepté de prendre part au jeu. Mais nous avions voulu sauver Samuel, et si nous pensions avoir choisi de rester à Bathory au lieu de chercher à nous enfuir dès les morts de Lux et Tyler, ce n’était pas parce que nous avions un cœur d’or et un amour irrépressible pour Sam’, ou si, sans nul doute, mais c’était surtout parce que la mort, cela nous excitait, qu’au fond de nous, on voulait tous savoir qui saurait s’en sortir, qui saurait survivre aux autres … Je me suis retenue avec grand peine de vomir … Elle avait raison, aussi fou que cela puisse paraître. Dans ce jeu mortel, nous n’avions pas été des victimes consentantes, mais nous avions été des participants volontaires … Et moi qui m’étais toujours pensée forte, intelligente, courageuse, moi qui avait pendant si longtemps pensé que rien ne pouvait m’atteindre, que rien ne pouvait me toucher, je me retrouvais à comprendre que depuis le départ, je faisais fausse route, et que dans mon ambition à sans cesse vouloir me démarquer des autres, j’avais oublié l’essentiel : j’étais comme tout le monde, faible, emplie de vices. Je ne méritais pas de survivre, je ne valais pas mieux qu’eux, alors, pourquoi moi ? …
L’homme est un animal comme on dit mais comment pouvait-on vraiment imaginer ce qui allait se passer ? Comment croire que l’être humain était capable d’être aussi cruel et aussi sadique ? Jamais, je n’aurais cru qu’une telle chose pouvait nous arriver à mes amis et à moi-même. Pourtant, nous ne faisions rien de mal, nous étions simplement à une soirée … Mais, une chose à mal tourné et à présent, je me retrouvais seule, entièrement dévastée …

Mon nom complet est Ailionora Saoirse Siobhán Shayavanewski, mais tout le monde me surnomme Aily’, et vu la complexité de mon prénom, vous avez compris pourquoi ce surnom a toujours été très vite adopté par tous. J’ai 21 ans maintenant. Pour tous ceux qui l’ignorent, j’ai connu l’une des pires expériences qui soit, et j’en suis marquée au fer rouge à jamais. Mais je me dois de tenir, pour John Caden Shayavnewski … Je dois tenir, pour mon fils … Je dois tenir, pour qu’un jour, sa mère puisse lui dire à quel point l’homme est sadique, bestial, à quel point il n’y a rien à comprendre à tout ce qui s’est passé, et tout à comprendre dans le même temps, pour lui dire à quel point son père était un homme brave, courageux, intelligent, que grâce à lui, tous les deux, nous étions en vie aujourd’hui. Je devais tenir pour que John sache un jour qu’il tenait son prénom de Joanna, qui, alors que blessée, avait trouvé la force de me tirer en arrière lorsqu’il en avait été temps, qui m’avait sauvé la vie en explosant cette chaise contre le crâne de Cléo, Joanna qui avait décidé de rester avec moi au lieu de me dire de la laisser alors même qu’elle avait bien compris qu’elle ne s’en sortirait pas, Joanna qui avait préféré mourir dans cette voiture, avec moi, plutôt que dans cette rue poussiéreuse, seule … Je me devais de tenir, pour que jamais mon fils ne laisse qui que ce soit se comporter comme un animal, pour qu’il comprenne que dans la vie, il n’y a parfois rien à comprendre, mais qu’il y a toujours des leçons à tirer …
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