Declan avait l'impression d'être revenu à l'époque du collège ou celle où il était à Rome. L'obligation qu'il avait de demander une autorisation avant de quitter cet endroit était ce qui lui rappelait cette époque. Ici peu importait que l'on soit majeur ou non il fallait respecter les règles que l'on veuille ou non. Le jeune homme avait à présent l'habitude mais il fallait avouer que demander la permission n'avait jamais fais parti de ses habitudes et ce bien avant de devenir fondateur, il en avait toujours fait qu'à sa tête mais il fallait voir où tout ceci l'avait mené à vrai dire. Mettant donc ses habitudes de côtés, Declan avait prit sur lui et avait fait l'effort de demander s'il avait l'autorisation de pouvoir descendre parmi les habitants de San Francisco pour aller voir un ami. Sachant que rester dans le vague n'allait pas aller en sa faveur, le jeune homme précisa alors qui il allait voir car il savait très bien que peu importait le nom qu'il donnerait sa demande serait autorisé, il suffisait simplement de donner un nom. Ce fut donc soulagé que le jeune homme s'éclipsa dans ce qui était normalement son appartement. Regardant l'état des lieux il ne pu s'empêcher de soupirer, un chance qu'il ne soit pas allergique à la poussière parce qu'avec la couche qu'il y avait partout il aurait été sûr de faire une sacrée crise. Mais il n'avait pas vraiment le temps à faire le ménage chez lui d'autant plus que s'il était ici ce n'était que pour se changer et non pas pour flemmarder dans son chez lui. Le fait de se retrouver dans des vêtements du quotidien fit une drôle d'impression au jeune homme, il était tellement habitué à la tenu que portait tous les fondateurs, qu'il avait oublié que ça faisait de porter un jeans. Bon il n'avait pas non plus oublié comme s'habiller, il ne fallait pas exagérer non plus. Une fois un jeans tout propre mit, Declan fouilla dans son armoire encore un peu en enfila un tee-shirt gris ainsi qu'une chemise assez simple dont il remonta les manches au-dessus de ses coudes. Une fois prêt et habiller à la manière de toutes les autres personnes normales, Declan regarda autour de lui une dernière fois, posa sa tenue de fondateur sur son lit et s'éclipse aussitôt.

Le jeune homme aurait très bien pu faire comme d'habitude et apparaître directement de le logement mais il n'en fit rien, il fallait croire que son changement de statut l'avait quelque peu changer. Enfin c'était même sûr bien que Declan restait au fond le même, c'était juste qu'il avait apprit à respecter les règles et au fond ce n'était pas si mal même si le jeune homme ne le faisait que pour une chose : pouvoir récupérer un minimum sa vie passée. La seule chose qu'il voulait c'était ça, revoir les personnes qui comptaient tellement pour lui, continuer à s'arracher les cheveux en faisant les comptes du Evermore, tomber de son lit en pleine nuit parce qu'il dormait trop près du bord. Des choses qui peuvent paraître si futiles mais qui étaient tellement importantes pour lui. Il acceptait même de rester fondateur pour peu qu'on lui rendait un minimum sa vie passer. Face à la porte du duplex de Noah, Declan n'hésita pas bien longtemps avant de sonner, il avait besoin des conseils de son ami, Chris aurait été là tout aurait été parfait, mais il savait pertinemment que mettre ces deux personnes dans la même pièce était quelque peu conseillé. Et puis Declan se doutait que Chris avait déjà ses problèmes de son côté et il ne voulait pas trop l'embêter alors que Noah serait le mieux placer pour l'aider. Et puis revoir des personnes qu'il ne voyait pas tout le temps habituellement et encore moins depuis qu'il était fondateur ne pouvait que lui faire du bien. Le jeune homme se rendit alors compte qu'il était tout d'un coup stressé, angoissé parce ce qui allait bien pouvoir se passer lorsque la porte s'ouvrirait, après tout ça faisait tellement longtemps que Declan n'était pas descendu qu'il avait peur de ne plus savoir comment réagir. C'était sans doute exagéré mais lorsqu'on se retrouvait couper du monde si soudainement c'était une impression que l'on voyait grandir chaque jour un peu plus. Passant nerveusement sa main dans ses cheveux ébouriffés, Declan se changea les idées en imaginant la tête que Noah allait bien pouvoir faire en le voyant devant lui, habillé comme chaque jour en allant pour seule différence des cheveux légèrement plus longs et plus en bataille que d'habitude.

La vie est faîte de rencontres. Dès le jour de notre naissance, on rencontre tout un tas de monde : personnels de santé travaillant à la maternité, famille venue nous dire bienvenue et saluer notre entrée dans la vie, et tout un tas d'autres personnes. Et cela n'allait sûrement pas en s'amenuisant, au contraire. Heureusement que personne ne nous demandait de faire ami-ami avec tous ceux que l'on avait l'occasion de croiser, on ne s'en sortirait pas sans cela. Alors, au final, la majorité du temps, on ne faisait que croiser, que frôler, et on était bien incapable parfois d'aider la police alors qu'elle nous interrogeait en tant que témoin présent à un endroit donné à une heure donnée un jour donné. On n'avait pas prêté attention à cette demoiselle qui avait finit par se faire enlever, comme on n'avait pas plus fait attention à cet homme tenant dans sa poche une arme qu'il allait s'apprêter à utiliser pour braquer cette banque au coin de la rue. C'était triste, mais c'était ainsi, il fallait faire des choix dans la vie, c'était l'une des dures règles à comprendre le plus rapidement possible au risque de sentir son coeur saigner parce qu'on n'aura pas saisi que personne ne peut éternellement rester auprès de nous. Les gens partent toujours, un jour ou l'autre, c'était en tout cas ce que Noah pensait depuis qu'il était né. Dans son cas à lui, la réalité de cette maxime était plus aisée à comprendre, lui qui avait cherché pendant 16 ans à s'attacher le moins possible, histoire d'avoir le coeur le moins serré possible lorsque viendrait le jour de se carapater loin d'ici en vitesse, histoire de ne laisser derrière soi personne nous regrettant et risquant de se faire passer à tabac après avoir réussi de répondre à un interrogatoire musclé mené en règle par Jimmy, le frère aîné de Noah.

Pour le jeune homme, la majorité des rencontres qu'il ferait dans sa vie ne pourrait alors être que semblable à des étoiles filantes fusant dans le ciel. Battez des cils un seul instant et vous manquez le spectacle. Fermez les yeux une fraction de seconde et ce qui était là, dans le ciel, n'était déjà plus. Il avait encore du mal aujourd'hui à imaginer la possibilité que, dans 20 ans, ceux qui l'entouraient seraient encore là, auprès de lui. Il fallait surtout dire qu'il vivait sans cesse avec la peur panique de détourner les gens de lui, parce qu'il faisait des erreurs, comme tous, mais surtout parce qu'il avait un lourd passé, et que cela effrayait les gens les trois quart du temps. Il s'attachait, certes, et, croyez le, c'était un sacré pas en avant, mais il gardait toujours dans un coin de sa tête la certitude que cela ne durerait pas sans cesse, pour toujours. Mais il n'en demeurait pas moins qu'il n'était pas encore bien vacciné contre le contre choc émotionnel lorsque les gens se détournaient de lui sans prévenir. Lorsque, du jour au lendemain, il n'avait plus eu aucune nouvelle de Declan, il l'avait mal vécu. Mais il n'avait pas tardé à découvrir que le jeune homme avait joué le même coup à tous ceux qui le connaissaient, et alors, Noah se dit qu'au moins, ce n'était pas contre lui que son ami en avait. Il s'était aussi dit que Declan devait avoir une bonne raison, il le voyait mal soudainement disparaitre de la surface de la planète juste pour le plaisir. Mais il n'en demeurait pas moins que Noah était triste, surtout parce que Declan était un ami très précieux à ses yeux, surtout, aussi, parce qu'il avait projeté de lui demander d'être son témoin une fois qu'Amber lui aurait donné le feu vert pour répandre la bonne nouvelle. Oui, Declan n'était sûrement pas quelqu'un qui irait dire à tous qu'entre Amber et Noah, il y avait désormais plus qu'une simple relation amoureuse vieille de 3 ans, mais sait-on jamais, parfois, on lâche des infos sans le vouloir, ou alors, on les lâche sous la torture. Oui, au moins, si Declan se faisait torturer, il ne grillerait pas le petit secret de Noah, c'était déjà ça. Hey, on trouve du réconfort là où on peut après tout ! Mais à présent, Noah n'avait plus à se mordre la langue pour ne pas lâcher l'info face à Declan, ce dernier étant aux abonnés absents.

Le bruit de la sonnette le tira du lit. Oui, le soleil brillait haut dans le ciel, et il devait être quelque chose comme 15 heures, et, oui, Noah était encore couché, mais ne le prenez pas de suite pour un flemmard. Il était de garde de nuit cette semaine, ce qui signifiait qu'il embauchait lorsque vous vous mettiez à table pour dîner et qu'il débauchait lorsque vous preniez votre petit déjeuner devant le télé achat ou devant un soap opera, chacun ses goûts après tout. Alors, immanquablement, il dormait tout le reste de la matinée et une partie de l'après midi. De ce fait, Amber ne restait pas dormir chez lui la nuit, cela ne servait à rien, à moins que la jeune femme n'adore par dessus tout dormir dans un grand lit king size à moitié vide. Noah ouvrit donc les yeux, émergeant quelque peu de son sommeil. Il se demandait bien qui pouvait venir à cette heure là, le concierge se chargeant d'intercepter livreur et autre facteur avant que ceux ci ne sonnent chez le jeune homme, signant à la place de Noah les bons de reçus. Amber avait les clefs et ne prendrait donc pas la peine de sonner, et encore moins de réveiller son homme qu'elle savait avoir besoin de sommeil. Il fallait tout de même qu'il se lève, enchanté ou pas. Il enfila rapidement son Jeans de la veille, roulé en boule au pied du lit, sûr et certain qu'ouvrir en boxer n'était sûrement pas une bonne idée. Il attrapa aussi au passage son T Shirt, trainant lui sur une chaise, avant de descendre de la mezzanine, là où était sa chambre. Il grogna en manquant de se prendre les pieds dans la boule de poil qu'était Lancelot et qui voulait absolument montrer à tous qu'il savait aboyer, qu'il était le meilleur. Lorsque Noah mit la main sur la poignée, après avoir fait tourné la clef dans la serrure pour déverrouiller la porte d'entrée, il n'avait qu'un bras enfilé dans le T Shirt, restant donc torse nu, et avait les cheveux en vrac. Et alors, voyant qui il avait face à lui, il se demanda un instant s'il ne rêvait pas.

« De ... Declan ! Comment ça va ?! T'étais passé où ?! »

Le ton était joyeux, et ce qui aurait pu être pris à tord pour un reproche était adoucie par une note de taquinerie. Finissant d'enfiler son T Shirt, bien qu'il savait que Declan n'allait sûrement pas se pâmer devant son torse nu et qu'il allait encore moins s'offusquer, Noah s'écarta de l'entrebâillement de la porte, indiquant d'un geste de tête à Declan que celui ci pouvait pénétrer dans le duplex.

La confiance... C'était quelque chose de très important Declan et depuis petit il savait que la confiance était très fragile. C'était comme un château de sable en quelque sorte, on mettait du temps à le construire et il pouvait être détruit très rapidement par la mer. Declan avait toujours vu la confiance de cette façon là, sans doute parce qu'il était méfiant et qu'il suffisait de peu pour qu'il n'est plus confiance en quelqu'un. Par chance en grandissant il avait apprit à pardonner plus facilement, à moins se méfier des gens après s'être rendu compte qu'en réalité des erreurs tout le monde en faisait, que c'était humain et que lui-même était très loin d'être parfait. Sa confiance il l'avait donné à plusieurs personnes, des proches à qui il tenait énormément et pour qui il donnerait tout et en échange ses proches là avaient également confiance en lui. Pourtant lorsqu'il avait fait le choix de devenir fondateur – ce qui en réalité était plus une obligation – il avait eu l'impression de trahir d'un coup toutes les personnes qui avaient confiance en lui. Declan avait la sensation d'avoir forcer la vague à venir s'écraser contre le château de sable et le détruire par la même occasion. Bien évidemment il n'y avait pas d'arrière pensée dans son acte, bien au contraire, mais il s'était gardé de le dire, peu fier de la raison pour laquelle ses supérieurs l'avaient puni. Declan n'avait pas honte, il se maudissait pour avoir été aussi imprudent voilà tout. Même si l'imprudence faisait parti de son caractère depuis de nombreuses années ça ne changeait pas le fait qu'à chaque fois qu'il faisait quelque chose par imprudence il se maudissait très rapidement par la suite. Le fait de ne pas avoir prévenu tout le monde du fait qu'il allait être coupé du monde, qu'il allait disparaître de la surface de la terre pendant une durée indéterminée était ce qu'il avait trouvé imprudent car en faisant ceci il avait sans doute blessé un grand nombre de ses proches. Ainsi lorsqu'il s'était décidé à venir ici, Declan avait peur que Noah en le voyant ne claque la porte, même s'il savait que ça ne lui ressemblait pas. Le jeune homme avait eu envie de lui dire la vérité mais donner une explication aurait été trop difficile à l'époque.

Il avait mit du temps à trouver les mots, à tourner correctement ses phrases lorsqu'il l'avait annoncé à une partie de ses proches, il avait eu mal de voir leur visage déformé par l'inquiétude et la peur et ça avait été tellement difficile de dire au revoir à sa petite sœur qu'il n'aurait jamais réussi à continuer d'annoncer la nouvelle aux autres. Declan avait alors fait le choix de « disparaitre » en silence, espérant que les personnes au courant informeraient les autres même s'il se doutait très bien que Chris n'allait pas annoncer ça Noah, pas plus qu'Heather d'ailleurs. Noah était une personne à qui Declan tenait beaucoup et pourtant il était difficile de gagner la confiance du jeune homme surtout lorsqu'on avait un lourd passé derrière soit mais il ne l'avait pas jugé, il avait préféré apprendre à le connaître plutôt que de le repousser idiotement. Et Declan avait bien fait, pour preuve Noah s'était révélé être une personne exceptionnel bien différent de sa famille et plein de compassion. Tout comme lui, il avait du mal à s'attacher aux gens par peur de la blessure qu'une séparation, brutale ou non, pourrait causer. Une seconde fois le jeune homme passa nerveusement sa main dans ses cheveux, craignant de rester face à cette porte comme un idiot. Il tenta de savoir si Noah était de nuit ou non mais il avait était pendant si longtemps coupé des autres qu'il n'arrivait pas même à savoir l'heure et la date. La seule chose qu'il pouvait dire était le jour, il savait qu'il s'agissait d'un jeudi mais c'était bien tout. Prêt à baisser les bras et à repartir, il entendit le bruit de la clé dans la serrure et releva la tête lorsque la porte s'ouvrit. Son regard alla des pieds de Noah jusqu'à sa tête, apparemment il était de nuit. Ne pouvant s'empêcher d'être heureux de revoir son ami après tout ce temps, un sourire se dessina sur le visage de Declan, faisant disparaître instantanément son inquiétude et son air fatigué. « De ... Declan ! Comment ça va ?! T'étais passé où ?! » Ce qu'il avait craint était juste, Noah n'avait pas été informé du fait que le jeune homme était puni et était devenu fondateur. Une légère grimace s'afficha sur le visage du fondateur et avant de répondre il rentra dans l'appartement et se tourna vers Noah.

« En haut. Disons pour faire court que j'ai été forcé de changer de statut. Je suis devenu fondateur plus rapidement que n'importe qui. » Son sens de l'humour était toujours aussi mauvais, mais ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas plaisanter qu'il fut surprit de ne pas avoir perdu la main. « Et ça peut aller, j'ai l'impression d'avoir quatorze ans vu que je dois demander sans cesse la permission pour m'absenter. J'ai aussi un peu les pensées chamboulées mais encore une fois ça peut aller. Et toi ça va ? Désolé pour le réveil un peu brutal et le fait que tu n'es pas été mis au courant... »

Declan était heureux de revoir son ami ça se voyait dans son regard, pourtant il continuait d'être inquiet et perdu bien qu'il ne le montrait pas. Declan avait l'habitude de cacher ce qu'il ressentait, il avait créer sa carapace assez jeune même si elle avait changé de forme au cours des années, mais depuis qu'il était devenu fondateur il avait apprit à rester calme en ne laissant rien passer. C'était assez surprenant venant de la part de quelqu'un qui avait été pendant si longtemps un grand impulsif. Mais le calme était une nouvelle manière de cacher ses craintes, il avait apprit à fermer son visage même s'il ne le faisait que rarement. Le jeune homme regarda autour de lui, le duplex n'avait pas changé et ça faisait du bien d'être ici, d'autant plus que c'était moins poussiéreux que son propre appartement, il fallait vraiment qu'il pense à employer une femme de ménage.

Lorsqu'il était encore jeune -disons plus jeune, c'est mieux, parce que, tout de même, il n'était pas encore bien vieux- Noah avait appris, bien malgré lui, par des procédés d'enseignement plus que douteux, qu'on ne pouvait que détester tous ceux qui se battaient sous l'étendard du Bien, qu'ils étaient tous abjects, dégoulinant de bons sentiments à deux balles, aussi doux et écoeurant que des bonbons plein de crème sucrée, vous savez, ces bonbons que l'on recrache bien vite après n'avoir croqué qu'une seule fois de temps, tout ça parce que la saveur est insupportable sur nos papilles et que l'on refuse de tout renvoyer dans quelques minutes ? On lui avait aussi appris qu'ils pardonnaient tous trop à outrance, que l'on pouvait aisément les frapper qu'ils en redemandaient, quasiment le sourire aux lèvres et à genoux nous suppliant de leur faire cette fleur. A cette époque, le petit garçon qu'il était se demandait qu'est ce que c'était que ces gens qui avaient assez de naïveté pour croire que tout le monde était beau et gentil au fond de son être. Il se demandait aussi comment de si inoffensives créatures pouvaient bien opposer une telle résistance aux serviteurs du Mal, au point d'en tuer un grand nombre et de continuer à diriger le monde magique sans jamais sembler défaillir ou trembler sur leur trône. Il se disait alors qu'il devait y avoir certaines choses qu'on lui cachait, ou alors, qu'on ne lui disait pas toute la vérité, qu'on cherchait simplement à faire des raccourcis douteux et totalement à côté de la plaque. Bien sûr, il avait fréquenté le monde normal, ne serait ce que parce qu'il ne vivait pas aux Enfers. Mais en réalité, la majorité de son temps, il l'avait passé sous Terre, dans les Enfers, et croyez le, cela ressemblait à tout sauf à un parc d'attraction bien gentil et coloré de teintes flashy ! Et lorsqu'il était chez lui, autour de lui, il n'y avait que des gens issus du même monde que ses parents, et ceux qui n'appartenaient pas au monde maléfique étaient des truands, des tueurs, de violeurs aussi, ce qui était tout sauf réjouissant. Bien que ce monde ci ne lui plaise pas, bien qu'il détestait déjà à l'époque tout ce qu'on lui apprenait, il savait qu'il était en sécurité ici, que personne n'oserait s'en prendre à lui au risque de se faire largement raboter les fesses !

Et puis, était venu le jour où il s'était senti assez fort pour prendre son envol et s'enfuir loin du nid. Il se sentait en mesure de se défendre et de se protéger seul, en mesure de faire sa propre vie comme lui l'entendait, comme lui le voulait, sans qu'on ne lui impose plus jamais quoi que ce soit. Cela avait été dur, très dur, mais il y était parvenu. Avec une certaine fierté, il savait que tout ce qu'il avait à l'heure actuelle, il l'avait obtenu par ses actions, et non pas par quelque piston que ce soit. Il avait trimé, dur, il avait remué ciel et terre pour obtenir ce qu'il voulait. Il avait assumé toutes ces années, avait fait de sacrés sacrifices, et au final, il était sûrement l'un des rares sur cette planète à pouvoir se vanter de ne rien devoir à personne. Et même lorsqu'il avait une dette avec quelqu'un, il était l'une des personnes qui les payaient le plus rapidement, histoire de prouver que l'on pouvait lui tendre la main sans craindre de ne rien obtenir en échange. Il était de toute façon plutôt de ceux qui tendaient la main sans rien attendre en échange, parce qu'il savait que le plus souvent, lorsque les gens galéraient et peinaient, ils n'osaient pas demander d'aide, de peur d'être pris en pitié, ou il ne savait plus trop quoi d'autre. Après tout, lui aussi était passé par là, et il savait ce que c'était que d'hésiter à demander de l'aide de peur de tout de suite perdre ce côté débrouillard et capable, courageux et résistant que les gens percevaient chez vous. Noah avait sa fierté, son orgueil, et une fois, il avait rencontré quelqu'un qui lui avait dit qu'il devait s'accrocher à cela, parce que c'était des sentiments qui pouvaient sans cesse lui permettre de se rappeler qu'il était humain après tout, que dans son malheur, il avait eu la chance de naître de deux êtres humains, et non pas de démons. Ses parents étaient en effet certes maléfiques, mais ils étaient tous les deux humains, humains tournés vers le Mal, oui, mais humains. Le jeune homme les en remerciait pour cela, ils lui avait affublé un lourd fardeau toutes ces années mais lui avaient au moins épargné le fait de ne pas être tout à faut humain. Cependant, le jeune homme savait très bien que humanité ne signifiait pas pureté. Certains hommes étaient humains, mais le coeur était de pierre, et ils n'avaient aucune moralité, aucune réelle humanité au sens second du terme : ceux là étaient pires que des monstres, parfois même pires que certains démons, ceux ci ayant l'excuse de ne pas être humains au fond. Ceux là tuaient sans se soucier du mal qu'ils pouvaient causer aux proches de leur victime, ceux là tuaient, exterminaient, et c'était dans ces moments là que Noah se disait qu'il n'avait pas à être si fier d'être humain, d'appartenir à la même race qu'eux. Heureusement que tous n'étaient pas comme ceux là, heureusement qu'il y avait des gens comme Amber, ou encore comme Declan pour vous rappeler que mettre tout le monde dans le même panier était une erreur monumentale.

La réponse de Declan le laissa un peu pantois, voire même beaucoup. Bien sûr, pour appartenir au monde magique, il savait qui étaient les Fondateurs et ce qu'ils faisaient, mais jamais il n'aurait pensé que devenir Fondateur puisse être une punition. Il se retint de sourire en se souvenant que, lorsqu'il était plus jeune, en se pinçant le nez comme si soudainement une sale odeur venait d'envahir l'air ambiant, sa mère lui disait qu'il n'y avait rien de pire que d'être Fondateur, et que ces créatures là méritaient de mourir le plus rapidement. La façon dont elle en parlait faisait alors penser au tout petit bout de chou qu'était encore Noah qu'être Fondateur, c'était vraiment la plaie, la punition suprême ! Finalement, peut être que pour une fois sa mère n'avait pas tord, mais peut être que si au final ! Bien sûr, Declan ne lui avait pas directement dit qu'il avait été sanctionné, mais Noah n'était pas le premier des crétins, il avait très bien compris qu'il devait sûrement s'agir de quelque chose de semblable ! Declan n'était pas quelqu'un qui faisait quelque chose s'il n'en avait pas envie, et il devait forcément avoir été, comme il l'avait si bien dit, forcé. Noah esquissa un sourire amusé lorsque Declan compara son nouveau statut à celui d'un ado' devait sans cesse demander l'autorisation auprès de ses parents avant de faire quoi que ce soit ! Dis comme cela, être Fondateur semblait vraiment être une plaie ! En tout cas, là haut, ils avaient sacrément dû être énervés !

« Et bien dis moi, c'est qu'ils rigolent pas là haut !
T'en fais pas pour le réveil, il fallait bien de toute façon que je me réveille à un moment ou à un autre ! Quant à être mis au courant, tu sais, les choses ont pas changé, on continue à me voir comme le loup noir tentant de s'infiltrer dans la bergerie remplie de gentils petits moutons blancs, ça change pas ! Je m'y suis habitué avec le temps ! »

Il se dirigea vers la cuisine, en manquant une nouvelle fois de se prendre les pieds dans Lancelot qui était vraiment collant. D'un signe de tête, le jeune homme lui dit de plutôt aller importuner Declan qui serait sûrement ravi de voir que même s'il avait grandi, le chiot restait affectueux et surtout joueur ! Il posa une main sur la poignée du frigo', avant de tourner le regard vers Declan, un sourire déjà amusé à ce qu'il s'apprêtait à dire.

« L'ado' que tu es redevenu a le droit de boire une bière ou il doit aussi demander l'autorisation à qui les délivre ?!
Je t'en veux pas du tout en tout cas, visiblement, t'avais pas le choix ! N'empêche, j'aurais jamais cru qu'un Fondateur déciderait un jour de me parler, et encore moins de se pointer chez moi, vu d'où je viens ! »