Jouer comporte des risques. Et j'aime pas perdre. / CHRIS (L)

« Bon c'est bon je suis là » commençais-je par dire d'un ton agacé en faisant mon apparition dans le salon. Je m'adressais à mon cher cousin Chris, le seul présent dans la pièce à cette instant là. Et heureusement, je n'avais pas envie de me taper la honte devant plus de membres de la famille. Enfin pas vraiment la honte, mais j'avais pas envie que l'une de mes soeurs ou l'un de mes cousins me voit ravaler ma fierté pour avouer ma défaite. Oui, j'avais perdu. Dur à croire. J'avais eu la stupide idée de faire un pari. A l'avenir, ne plus jamais faire de pari. C'était beaucoup trop risqué, surtout sur un truc pour lequel je n'avais aucune influence. Encore dans un jeu, je pouvais tricher. Je le faisais impunément sans cas de conscience. Mais là.

« J'ai eu la mauvaise idée de parier qu'Amber mettrais moins de temps à se préparer que Wyatt pour sortir. » Oui très mauvaise idée. Franchement. « C'était comme parier que le chat boufferait l'éléphant. » Et ça ne pouvait pas arriver. Il n'y avait que dans l'imaginaire que c'était possible. Dans les fables par exemple, la tortue pouvait battre le lièvre, mais dans la réalité c'était impossible. Déjà pour qu'une tortue propose une course à un lièvre il fallait se lever tôt alors pour qu'elle gagne … nan oublions. Même dans le monde magique ça paraissait impossible. Mais alors pourquoi avais-je parier ? Ben tout simplement parce que l'enjeu était alléchant. Avoir Chris une journée à mon service. Oui, c'était pas totalement les termes de notre contrat, mais je l'avais interprété à ma façon. J'avais déjà tout prévu. Le pousser à me suivre au centre commercial et faire toutes les boutiques. Il aurait été là pour porter, et même pour essayer des trucs. Je l'avais tellement bien imaginé dans une petite robe rose moulante … mais personne ne le verrait. De quoi me faire soupirer. Oui je soupirais. Ce qui lui montrait mon envie d'être là. Du coup sous ses ordres. Il pouvait m'obliger à faire ce qu'il désirait. Et ce durant toute la journée. Quelle galère. Et dire que j'aurais pu l'obliger à porter mes achats tout en me payant de quoi manger. Et j'aurais même pu le maquiller. Le rêve. Il aurait été trop mignon plein de rouge à lèvre. J'avais tout fait pour gagner, mais rien n'avait suffi. J'avais emmerder Wyatt, l'appelant pour un tas de truc, notamment tuer une araignée dans ma chambre … araignée qui n'existait pas, ce qui devait lui faire perdre du temps, mais apparemment pas assez. J'avais fait semblant d'être blessée pour qu'il me soigne, mais la sauce tomate ne ressemblait apparemment pas assez à du sang. Ca m'avait juste fait perdre un débardeur blanc trop mignon. Mais comment il faisait dans les films ? Enfin bon. J'avais pousser Amber à se dépêcher, je lui avais même sorti ses vêtements … mais elle avait changé trois fois. Bon oui j'avoue que la salopette avec laquelle elle avait repeint sa chambre l'année précédente n'était pas le meilleur choix que j'avais fait. Mais quand même, elle sortait avec son copain, Noah là. Je n'avais pas pu me résigner à lui sortir un truc sexy. Grrr.

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » demandais-je d'une voix très … hum pas du tout entrainante. Je souriais, en serrant des dents. Dieu seul savait ce qu'il allait me demander. Je craignais le pire, c'était sûr.

Je me laissai alors tomber sur le canapé, complètement vautrée dessus. Peut-être une technique qui le pousserait à me dire : Regardons Shrek ! Ca aurait été pathétique, mais supportable. Surtout qu'ici on n'avait pas beaucoup de chance de croiser du monde. Personne ne l'aurait su. Ma défaite était dure à avaler. J'en voulais à tout le monde. A Amber d'être si lente, à Wyatt d'être un mec qui n'avait pas besoin de maquillage et pour qui un jean et une chemise était sorti en moins de cinq minutes et à Chris de m'avoir pousser à parier. Tout le monde savait que je ne résistais pas quand on me mettait au défi de quelque chose. Tout le monde en profitait. Mais habituellement je me débrouillais pour gagner. J'avais même user de mon pouvoir d'invisibilité pour ralentir mon cousin mais ça n'avait pas marcher. J'avais préférer me cacher les yeux que lui jouer des sales tours une fois qu'il avait retirer son pantalon. Pfiou.

Je regardais Chris avec un air de chien battu, attendant la sentence comme si j'attendais que la lame de la guillotine vienne me couper la tête.

« Mais si tu me demandes de retirer l'un de mes vêtements, je te frappe. »

Oui, j'avais mon caractère. Et j'étais pas totalement abattue. Je le menaçais d'un doigt pointé vers lui. Qu'allait-il oser me faire ? A moi Amy Halliwell, la grande ?

« Bon c'est bon je suis là » Chris releva la tête, un large sourire aux lèvres. Sa cousine n'avait pas l'air de partager la bonne humeur qui l'envahissait lui à l'instant. Quoi de plus normal quand on vient de perdre un pari et qu'on devenait ainsi l'esclave de quelqu'un pour une journée entière ? Chris n'aurait certainement pas eu cette tête enjouée s'il avait du suivre Amy dans toutes les boutiques de la ville pour une séance shopping éprouvante. Ils avaient fait un pari. Stupide pari. Mais il savait que sa cousine était très facile à avoir, elle ne résistait pas à un pari et il connaissait si bien son frère qu'il était sûr de le gagner celui-là. Que Wyatt puisse être plus lent qu'Amber à se préparer était simplement impossible. Et ce malgré les nombreuses tentatives d'Amy pour déconcentrer son frère. Il savait qu'elle avait triché, il n'était ni stupide ni naïf. Il avait fait pareil de son côté. Comment ? Simplement en appelant la personne avec qui il sortait le soir pour qu'elle avance le rendez-vous à la dernière minute et que son ainé se bouge les fesses pour se préparer. Mais ça Amy ne le savait sûrement pas, tout comme il ignorait les tentatives de sa cousine, même s'il les devinait. Il savait que son frère pouvait être lent mais jamais autant qu'Amber et il avait été certain de gagner ce pari, même sans tricher. Il avait juste joué la carte de la sécurité. Mais il se promit de ne plus y penser pour éviter que sa cousine ne le lise dans sa tête. Il était fier de lui, parce que sa cousine était au moins aussi fière que lui et avouer une défaite était toujours très dur, mais tellement délicieux pour la personne en face. Bizarrement, la mauvaise humeur de sa proche parente ne fit pas perdre à Chris son merveilleux sourire qu'il allait certainement traîner toute la journée, histoire d'enfoncer le clou plus fort encore. Elle ne l'aurait pas épargné, il n'avait pas l'intention de faire la même chose.

Ils s'amusaient souvent à parier les uns avec les autres, et Chris et Amy étaient devenus des champions dans l'art de se lancer des défis stupides et ainsi des gages à hurler de rire. Il se souvenait parfaitement le jour où ils avaient parié sur celui qui terminerait son petit déjeuner en premier. Il avait misé trop gros en pariant sur Heather et elle sur Wyatt. Son frère avait englouti son petit déjeuner, prétextant être en retard à l'école de magie tandis que sa cousine se délectait des pancakes préparés par Chris. Il avait longtemps fulminé en voyant son frère disparaître avant qu'Heather ait fini de tartiner son premier pancake. Et devoir faire sa manucure à Amy avait été une longue séance de torture. Il avait du l'aider à trier son armoire, regardant des tonnes de tenues défiler devant ses yeux, il avait dû l'aider à se coiffer pour le soir. Il était sorti de la chambre de sa cousine épuisé physiquement et mentalement, remerciant sa mère d'avoir fait de lui un garçon et non une fille.
Oui, Chris et Amy aimaient parier et c'était à chacun son tour de perdre. Cette fois, Amy n'avait pas misé sur le bon cheval, il avait été plus doué qu'elle. Il souriait ainsi de toute ses dents, comme il l'avait fait quand il lui avait passé le vernis sur les doigts de pieds.

« Qu'est ce que je peux faire pour toi ? » Elle semblait de mauvaise humeur, ou plutôt était-elle mauvaise perdante. Elle n'aimait pas perdre, tout comme lui et il comprenait cet état dans lequel elle était. Il l'avait vécu à de nombreuses reprises, elle s'en remettrait très facilement.

« Ne fais pas cette tête, tu vas passer la journée avec ton cousin préféré, il y a plus horrible comme torture ! »

Il croisa les bras, la mettant au défis de le contrarier et d'affirmer le contraire. Il était de très bonne humeur depuis qu'il avait vu son frère sortir de sa chambre avant Amber. Ils étaient, Amy et lui, tous les deux campés dans le couloir en attendant que l'un des deux sorte. « Mais si tu me demandes de retirer l'un de mes vêtements, je te frappe. » Chris leva les yeux au ciel, quelle drôle d'idée elle venait d'avoir ! Il était son cousin, il n'avait aucune envie de la voir retirer un de ses vêtement. Quoique … Le jeune être de lumière pinca les lèvres d'un air malicieux avant de lever les yeux au ciel, comme s'il réfléchissait.

« Non, pas l'un de tes vêtements, tous en fait ! » Il sourit largement avant de prendre un jogging sur l'accoudoir du fauteuil près de lui avec un débardeur et une veste de sport. Il lui lança le tout alors qu'elle était installée sur le canapé et lui adressa un magnifique sourire.
« Tu croyais quand même pas qu'on allait rester à la maison sans rien faire ? On va éliminer tout ce que tu ingurgites dans une journée ! »

Il sourit d'autant plus. Il détestait le shopping et elle était prête à le traîner dans un centre commercial s'il avait perdu alors comme elle n'aimait pas le sport, quelques tours de quartier en courant ne lui ferait pas de mal. Il était lui même vêtu d'un jogging et d'un t-shirt qu'il mettait souvent pour aller courir. Il sentait que la journée allait être intéressante, surtout si Amy continuer sa mauvaise humeur, elle ne ferait qu'accroître son enthousiasme.

J'étais avachie dans le canapé. Il n'y avait pas d'autres mots pour décrire ma position. Elle était tout simplement le reflet de ma motivation du jour : Aucune. Comment aurais-je pu être motivée pour suivre mon cousin toute la journée. Etre dans l'ombre d'un autre m'était quelque chose de totalement inédit. J'aimais faire ce que je désirais, et surtout quand je le désirais. Mais là, c'était impossible. Pauvre de moi.

Mais le pire dans tout ça, c'était de le voir devant moi, debout, triomphant, le sourire aux lèvres. Il avait un joli sourire -oui c'était de famille, quand on avait envie de sourire on le faisait très bien- mais j'avais envie de le lui faire ravaler. Limite envie de lui donner trois claques pour me venger. Rassurez-vous, je ne le ferais pas. Il était et restait mon cousin, malgré sa victoire. Et pour le coup il avait pas tort. C'était mon cousin préféré. Celui avec qui j'avais passé le plus de temps. Depuis tout petit on s'amusait bien ensemble. On avait pratiquement le même âge, alors on avait grandi ensemble. Il avait eu son lot d'heure de barbie et j'avais eu mon lot de gardienne de football dans le hall. C'était à chaque fois des paris perdus, des gages lancés entre nous. Et depuis toute petite je trichais. Que se soit à cache-cache en lisant dans ses pensées pour savoir où il était ou en me rendant invisible pour ne pas qu'il me trouve. Mais je perdais quand même … des fois. Et comme c'était assez rare, il en profitait à chaque fois pour se venger. Le coup de la dernière pédicure lui était resté en travers de la gorge apparemment.

Je le regardais, secouant la tête de droite à gauche et en levant les yeux au ciel. « Tu es mon cousin préféré quand tu perds, pas quand tu gagnes. Quoique là en fait j'aime pas trop Wyatt non plus. Ni Amber. » En gros j'aimais personne quand je perdais. Mauvaise joueuse ? A cent cinquante pour cent. « Mais si tu veux redevenir celui que je préfère, laisse moi retourner dans mon lit. »

Ca ne coûtait rien d'essayer de marchander. Même si c'était peine perdue. J'avais beau être ronchon, il avait l'air d'aimer ça. C'était pas le seul d'ailleurs. J'avais remarqué. Quand je m'énervais ça avait tendance à amuser … étrange. Mais pour être honnête, entre nous, il était toujours mon cousin préféré, et c'était vrai que j'aurais pu passer une journée plus pourrie … avec Noah par exemple. Ou à la poursuite d'un démon. Mais je n'allais pas lui faire plaisir. Oh que non.

« TOUT ? » avais-je répété les yeux écarquillés. Qu'est-ce qu'il me chantait ? De toute façon je ne comptais pas me déshabiller, j'avais encore mon honneur, non mais. « QUOI ? » Ca c'était ma réaction en le voyant me tendre un bas de jogging et un débardeur. Oh non. Pas du sport. J'avais pas la position pour faire du sport. « C'est pour ça que t'étais habillé comme un plouc ? » Dernière possibilité pour y échapper, lui faire croire qu'il avait un look de naze. Mais il ne devait certainement pas prêter attention à mes paroles. Il savait que je tenterais tout pour y échapper. Comme il essayait tout en temps normal.

« Ben pour te dire vrai oui. J'avais espéré qu'on resterait tranquillement dans ce canapé à jouer à un jeu vidéo débile en se goinfrant. » Il aurait pu me faire faire ça. Mais non. Le tortionnaire.

« Et fais gaffe à ce que tu dis, je fais pas que manger. D'ailleurs j'ai rien mangé aujourd'hui alors j'aurais vite éliminé ce rien hein ? » Non mais qui pouvait me croire. Je passais mon temps à manger. Tout le monde le savait, surtout dans la famille. La cuisine était ma deuxième chambre, mon deuxième chez moi. J'y faisais des planques de nourriture pour avoir ce que je préférais. Personne ne le savait, mais des paquets de biscuits étaient planqués derrière le four micro-onde par exemple. La seule chose qui me permettait de pas être obèse, c'était la chasse au démon. Ca courrait vite ces abrutis quand même.

Mais bon. Là, j'avais pas le choix. Malgré ma mauvaise volonté, Chris ne pliait pas. Il avait ce regard de « Je suis déterminé ». Bon comme on dit, quand il faut y aller, faut y aller. Après une dernière moue, je me relevai et lui arrachai ses vêtements de la main en soupirant. « Tu permets quand même que j'aille me changer à côté ? » Parce que ça me ferait perdre cinq bonnes minutes, voir même plus si j'étais forte et parce que me changer devant lui … très peu pour moi.

Sans attendre sa réponse, je lui tournai le dos et me dirigea en haut, dans ma chambre. Je montais les marches une à une, d'un pas lent, trainant la patte comme un chien blessé. Dans mon orgueil oui. Je pris le temps de me changer dans ma chambre, pour redescendre dix minutes plus tard. Peut-être même onze. Je l'entendais s'impatienter, mais c'était bien fait. Puis je refis mon apparition en haut des escaliers pour le rejoindre. « Ca serait bête si je tombais maintenant hein ? »

Très. Mais je n'allais pas le faire. J'étais pas si débile. Et j'avais pas envie de me faire mal … valait mieux le faire pendant l'effort qu'il m'obligerait à faire pour qu'il ait mon handicap sur sa conscience … mouahahaha.

« Tu es mon cousin préféré quand tu perds, pas quand tu gagnes. Quoique là en fait j'aime pas trop Wyatt non plus. Ni Amber. » Chris sourit, elle n'aimait plus personne finalement. Mais il comprenait qu'elle en veuille à Wyatt d'avoir été si rapide et à Amber d'être aussi lente, c'était naturel. Lui-même aurait maudit son frère s'il était sorti derrière Amber et il lui aurait longtemps fait remarqué qu'il était plus lent qu'une femme, ce qu'il n'aurait sans doute pas apprécié.« Mais si tu veux redevenir celui que je préfère, laisse moi retourner dans mon lit. » Chris sourit de plus belle, elle essayait et ça aussi il pouvait le comprendre, ils essayaient toujours, en tant que mauvais perdants, de se défaire d'un gage dur à encaisser. Et encore, elle ne savait même pas encore ce qu'il avait prévu de faire aujourd'hui. Depuis qu'ils se lançaient ces paris stupides avec des gages stupides à la clé, tricherie était le maître mot et mauvaise foi l'état d'esprit général. Et pourtant, ils ne s'arrêtaient pas, ils continuaient et recommençaient à chaque fois. Ce que d'autres auraient trouvé stupide mais ils s'adoraient tellement et il était difficile pour eux de ne pas résister à la tentation d'un nouveau défis, d'un nouveau combat.

« Il me semble que j'ai essayé la même chose la dernière et jusqu'à preuve du contraire, ça n'a absolument pas marché ! J'accepte de ne redevenir ton cousin préféré qu'à partir de demain ! »

Bien sûr que ça n'avait pas marché, il avait dû jouer toute la journée à la poupée avec sa cousine en s'occupant d'elle de la tête aux pieds. Il l'aurait su si elle l'avait autorisé à retourner se coucher, ce qui n'était pas le cas. Donc il entendait par là qu'il ne risquait pas de faire la même chose et qu'elle subirait son gage du début jusqu'à la fin. Il savait qu'au plus il souriait de cet air triomphant, au plus il agaçait sa cousine et il entendait bien continuer toute la sainte journée. Il aimait gagner mais il aimait encore plus voir Amy perdre. C'était quelque chose de connu dans la famille, quand Amy perdait, tout le monde s'en délectait de manière assez sadique. Mais sa réaction à chaque fois était simplement risible. Il suffisait de la regarder ainsi prostrée dans le canapé, la mine boudeuse et suppliante. Une vraie gamine qui n'obtient pas ce qu'elle veut de ses parents.

Amy réagit de la même manière à ses deux actions suivantes. Elle ne semblait pas vouloir retirer le moindre de ses vêtements mais voir sa tête au moment où il sortait le jogging était à hurler de rire. Elle n'aimait pas faire de sport et il le savait très bien. Aussi bien qu'elle savait parfaitement qu'il détestait faire les boutiques. Mais quel intérêt peut avoir un gage si l'on fait exactement ce que le perdant apprécie ? « C'est pour ça que t'étais habillé comme un plouc ? »
Chris leva les yeux au ciel, c'était tout à fait elle ça, elle ne savait plus quoi inventer pour se sortir de situations périlleuses, il faudra bien qu'elle comprenne rapidement qu'il ne céderait à aucune forme de caprice et qu'au contraire, il se délecterait de toutes ses tentatives. Il sourit alors, sans même relever sa remarque sur sa tenue. Il savait très bien qu'il n'avait pas l'air d'un plouc, parce que même pour courir, Chris gardait un sens de la mode qu'il avait acquis en vivant parmi six filles toute sa vie. A force de se voir critiquer ses mauvais gouts quand il alliait deux couleurs qui visiblement, n'allaient pas ensemble, il avait appris à prendre soin des habits qu'il portait. Surtout avec des folles du shopping comme Amy. « Ben pour te dire vrai oui. J'avais espéré qu'on resterait tranquillement dans ce canapé à jouer à un jeu vidéo débile en se goinfrant. »

Chris sourit davantage, elle était tellement naïve, c'était presque attendrissant. « Certainement pas ! Je ne tiens pas à t'offrir des kilos en plus mais plutôt des kilos en moins ! »

Il savait que c'était dangereux de critiquer la ligne d'une femme mais elle était sa cousine, il n'avait pas peur de manquer de tact. De toute façon, elle n'avait pas besoin de perdre des kilos et elle le savait très bien. Quand elle lui fit remarquer qu'elle n'avait rien manger aujourd'hui, il éclata de rire, elle n'était absolument pas convaincante sur ce coup-là, tout le monde dans le manoir savait qu'Amy était encore plus goinfre sur Wyatt ou que Chris lui-même, ce qui n'était pas peu dire.

« C'est ça, je me demande parfois si tu ne passes pas plus de temps dans la cuisine que dans ta chambre ! Et puis ça te permettra de te maintenir un peu en forme si tu n'as rien à éliminer ! »

Il la regarda se relever, elle devait avoir enfin compris qu'il ne céderait à rien et qu'elle allait le suivre dehors. Il hocha la tête quand elle lui demanda si elle pouvait se changer ailleurs, bien qu'elle ne lui demandait pas réellement en fait. Il attendit ensuite dans le couloir l'apparition de sa cousine qui était monté dans sa chambre. Les minutes passaient et elle ne se montrait toujours pas, elle le faisait très certainement exprès.

« Ça serait bête si je tombais maintenant hein ? » Elle était de retour en haut des escaliers et il soupira en secouant la tête pour montrer son désespoir.

« Tu oublies que j'ai la possibilité de te guérir en quelques secondes, avant même que tu ne ressentes la douleur ! Et chaque minute perdue à ne rien faire sera reporté dans la journée. En clair, au plus tard on commence, au plus tard on terminera ! »

Il avait l'impression d'être un professeur mécontent du vacarme dans une classe et qui menaçait ses élèves de les priver de récréation s'ils ne se taisaient pas. Lui, il avait tout son temps et jusqu'à minuit pour profiter de son esclave alors si elle ne souhaitait pas qu'il pousse le vice jusque là, elle avait intérêt à le suivre. Il s'avança jusqu'à la porte, l'ouvrit et attendit que sa cousine passe pour la refermer derrière eux.

« Arrêtes de faire cette tête tu veux ? J'ai l'impression de te conduire à l'abattoir ! »

Il savait que pour elle, c'était quasiment la même chose. Mais Chris avait choisi le bon jour, il n'y avait pas de soleil, ils ne risquaient donc pas de mourir de chaud. L'air n'était ni trop frais, ni trop chaud, le temps idéal pour faire du sport !

« Tant pis pour toi, tu vas souffrir aujourd'hui. » Pas autant que moi certainement, mais il allait souffrir. Mentalement en tout cas. Je pouvais, et je savais me montrer insupportable quand je le voulais. Et là, étonnamment ou pas, j'en avais envie. J'allais relever tous les défis qu'il me lançait parce que je n'avais qu'une parole, mais j'allais le faire sans entrain aucun. J'étais pas du genre à me défiler, j'avais perdu et je l'acceptais tant bien que mal, alors je me pliais à ses volontés. Mais de là à me demander de le faire en souriant … Il pouvait rêver ! « Et je risque de me venger demain. » Ou pas. Quoique … ça restait à voir. Une chose était sûre en tout cas, vivement le lendemain ! Je m'imaginais déjà rester dans mon lit, jusqu'à midi, confortablement installée entre mon oreiller et mon duvet, utilisant toute la place que mon lit m'offrait. Vivement !

« Dis que je suis grosse pendant que tu y es ! » Nan mais oh. Quand même. C'était quoi cette idée de vouloir me faire perdre du poids. Comme si j'en avais besoin. Bon peut-être. Un ou deux kilos. Amber me faisait la même remarque en ce moment … oui mais je les aimais pas en ce moment alors je ne devais pas les écouter. « La chasse aux démons me permet de garder la ligne. » Ce qui était malheureusement vrai. Grâce à eux, ou à cause d'eux plutôt j'avais mon lot de sport quotidien. Un calvaire. « Alors ne te sens pas obligé de penser à moi … surtout que j'aime la bouffe. On m'aime parce que je fais que manger et les bourrelets permettent de mieux s'accrocher pendant les galipettes au lit. » Belle théorie que mon cousin devrait adorait. M'imaginer au lit avec un garçon devait le ravir. Mais en attendant, je n'avais pas encore ces fameuses poignées d'amour à quoi s'accrocher, c'était juste pour le faire flipper … et lui faire croire que je m'en foutais de ma ligne. Mais c'était faux. Je comptais pas ressembler à une grosse dinde, ça jamais. Mais j'avais de la marge. Et contre la déprime, le chocolat c'était tellement bon !

« La cuisine est une belle terre d'asile. » ajoutais-je dans un soupir. Comme si je rêvais d'y retourner après des mois sans y être allée. Alors qu'en fait ça faisait juste deux minutes. Non plutôt dix, ça devait bien faire dix minutes que je parlais avec Chris maintenant. Dix minutes que je me plaignais et la journée ne faisait que commencer ! La grande Amy était en forme.

Mais comme promis, et comme on avait convenu implicitement avec Chris, je me pliais à ses volontés. En ronchonnant certes, mais je le faisais. Sinon que pourrais-je attendre de lui la prochaine fois qu'il perdrait ? Rien. Il retournerait dans son lit sans passer par les foudres d'Amy. J'étais donc montée dans ma chambre pour me changer, perdant volontairement du temps. Comme si j'avais besoin de dix minutes pour mettre un bas de jogging et un débardeur. Mais je les avais prises avant de retourner dans le salon en menaçant de me faire mal. Prête à tout oui.

« T'es pas drôle avec tes pouvoirs. Pas moyen d'avoir mal dans cette maison. » Ce qui était une bonne chose en réalité. Mais pas là. Pas dans cette situation. Enfin bref. Je descendais les escaliers, sans tomber pour me retrouver face à lui. Appuyée contre le dossier du canapé, mon fessier déposé dessus. Heureusement pour lui, il avait pas trop mal choisi ma tenue. C'était potable. Les couleurs s'accordaient et j'avais pas l'air de pouvoir mettre deux Amy dedans. C'était déjà ça. Je ne me payerais pas la honte à cause de mon look vestimentaire. Mais j'espérais quand même pas croiser du monde. Surtout pas mes soeurs.

« Ca va, ça va j'ai pigé, on y va. Je te suis. » Ne prolongeons pas ma douleur mentale plus longtemps. Oui parce que contre cette douleur là, Chris ne pouvait rien y faire. Il ne m'était d'aucune utilité. La magie avait ses limites malheureusement. Je lui fis un geste du bras pour lui dire de passer devant moi, et je le suivais jusqu'à la porte d'entrée. Comme si on m'y forçait, ce qui était le cas.

« Ben c'est la même chose. Je crois que je préférerais même être un cochon qu'on tue, la douleur serait moins longue. » Et ma vie aussi par la même occasion. « Mais si tu veux me voir sourire je vais sourire. » J'affichais alors un sourire crispé tout en mettant un pied dehors. « Normalement c'est maintenant que tu me dis qu'on va se poser dans l'herbe au parc pour faire une sieste. » Oui oui, avoue que tu voulais pas vraiment me faire courir. Surtout qu'en rêve je courrais drôlement bien et ça, j'étais d'accord de le faire.

Mais Chris n'avait pas une tête à plaisanter. Il avait le sourire oui, mais juste parce qu'il était en position de force et qu'il adorait ça. Je descendais alors les marches devant la maison lentement pour me retrouver en sa compagnie sur le trottoir. Un voisin nous salua mais je ne pris pas la peine de lui répondre. Qu'il s'étouffe en promenant son chien lui. Ou qu'il marche dans la crotte de son chien, ça, ça me ferait vraiment rire.

Chris sourit en découvrant les dernières armes de sa cousine. Le menacer de passer une pire journée qu'elle. Et elle croyait que ça allait entacher sa bonne humeur, il était plus décidé que jamais à la faire souffrir pour la dernière fois. Il était rancunier et il voulait se venger de manière correcte. Il savait qu'il en baverait la prochaine fois qu'il perdrait mais il en acceptait le prix si c'était pour avoir Amy à sa disposition une journée entière. Il se trouvait quand même sympa de maintenir sa forme alors qu'elle s'était contenté de lui faire faire des trucs de filles toute une journée enfermé dans sa chambre avec elle. Elle l'avait torturé, il entendait bien faire la même chose. La vengeance est un plat qui se mange froid, et Amy allait se glacer les doigts en tentant d'attraper sa nourriture.

« Demain ? J'ai hâte de voir ça ! » Il souriait de toutes ses dents, ils n'avaient fait aucun pari qui maintenait Chris prisonnier de sa cousine le lendemain, et il savait qu'elle dormirait plus longtemps que lui après la journée qu'il allait lui faire passer. Alors non, il n'avait pas peur des menaces que sa cousine pouvait lui annoncer, il était plus courageux que ça, il irait au bout de son idée et de sa folie.

« Dis que je suis grosse pendant que tu y es ! » Chris prit un air préoccupé en regardant sa cousine de la tête aux pieds, comme s'il réfléchissait à la meilleure manière de lui apprendre la chose. Il croisa les bras avant de se gratter l'arrière de la tête, comme s'il était tout à coup très mal à l'aise. Un véritable cinéma ambulant, il jouait la comédie et il savait que sa cousine s'en rendrait compte, il avait juste envie de jouer avec ses nerfs encore un peu, parce qu'il adorait sa cousine et la faire réfléchir l'amusait toujours autant.

« Je ne savais pas comment te le dire ... » Il lui adressa un sourire qui semblait sincère mais qui ne l'était absolument pas, il jubilait en réalité. Il savait que les filles faisaient toujours attention à leur ligne, elles ne pouvaient s'empêcher de penser qu'elles avaient des kilos en trop donc il faudrait qu'elles se débarrassent. Tout comme les garçons ne se trouvaient jamais assez musclés, chacun avait craintes de ne pas plaire au sexe opposé d'un point de vue physique. Mais sa cousine n'avait pas de kilos à perdre, il n'était pas sérieux et il ne cherchait pas à l'être. Il ne voulait pas que sa ballade amusante se transforme en dispute.

« Alors ne te sens pas obligé de penser à moi … surtout que j'aime la bouffe. On m'aime parce que je fais que manger et les bourrelets permettent de mieux s'accrocher pendant les galipettes au lit. »

Chris avait ouvert la bouche quand elle avait dit aimer la bouffe, ce que tout le monde avait remarqué au manoir et il voulait le lui faire remarquer. Mais il resta plutôt bouche bée devant la fin de sa phrase et il secoua vivement la tête pour s'ôter toute image désagréable de la tête. Sa cousine l'avait fait exprès, assurément. Elle savait que le fait de l'imaginer au lit avec un homme pourrait lui donner la nausée ou le mettre en colère. Il grimaça légèrement, observant Amy sous un autre point de vue.

« Épargnes moi les visions d'horreur s'il te plaît ! Déjà que t'imaginer avec un mec me file la nausée, n'en rajoute pas ! »

Elle n'avait pas entaché sa bonne humeur mais elle l'avait refroidi l'espace de quelques secondes, ce qui était très certainement son but finalement. Secouant une nouvelle fois la tête pour sortir toute image, il finit par sourire de nouveau en la voyant se diriger à l'étage pour se changer. « T'es pas drôle avec tes pouvoirs. Pas moyen d'avoir mal dans cette maison. » Chris leva les yeux au ciel avant de soupirer.

« Je te ressortirais cette remarque la prochaine fois que tu reviens en sang d'un combat contre un démon et que tu me supplieras de te soigner ! »

La famille Halliwell avait la chance d'avoir plusieurs guérisseurs magiques et ils ne manquaient pas de faire appel à eux pour se soigner. Bien que la plupart évite Chris ou Wyatt pour éviter d'avoir à répondre aux questions gênantes pour savoir où ils s'étaient fourrés à chaque fois. Surtout Chris qui ne lâchait jamais le morceau avant d'avoir une réponse convaincante.

Finalement la miss Halliwell décida qu'il était plus sage de se débarrasser de sa corvée maintenant et Chris ne put retenir un rire en la voyant se résigner de la sorte. Ils étaient dehors à présent et une nouvelle fois, La jeune Halliwell faisait du zelle. « Ben c'est la même chose. Je crois que je préférerais même être un cochon qu'on tue, la douleur serait moins longue. » Le jeune sorcier leva les yeux au ciel, ce que sa cousine pouvait raconter n'importe quoi parfois. Il sourit davantage en voyant leur voisin passer en promenant son chien et leur faire signe. Amy prit soin de l'ignorer alors Chris lui fit signe à son tour pour attirer encore plus l'attention sur eux.

« Tu es mieux quand tu souris, même si c'est forcé ! Et non, pas de repos avant d'avoir couru un peu ! Allez, je suis sûr que ça va te plaire ! »

Il en doutait sérieusement mais il souriait quand même. Il lui attrapa alors la main pour finir de descendre les escaliers en courant, prenant soin évidemment qu'elle ne s'étale pas en dévalant les marches, on sait jamais ! A droite ou à gauche ? Chris haussa les épaules en prenant à gauche, de toute façon ils allaient faire le tour patté de maison alors autant commencer par quelque part. Il tenait toujours la main de sa cousine pour s'assurer qu'elle le suivait. Au bout de quelques secondes à courir, il finit par la lâcher et se tourna vers elle, l'air faussement inquiet.

« Ça va ? Tu tiens le coup ? » Si si, il se moquait bien d'elle, et le sourire moqueur qui trônait sur son visage en témoignait d'autant plus.

Le pauvre, il ne se rendait pas compte de ce que j'allais lui faire subir le lendemain et tous les jours qui allaient suivre. J'étais très acharnée comme fille et du genre à tenir mes promesses. Mais pour le moment, je le laissais croire qu'il s'en sortirait sans bleus. Je préférais lui casser le moral dès le lendemain vu qu'apparemment rien ne retirerait son sourire de son visage idiot ce jour-là. La vengeance était un plat qui se mangeait froid en effet … et il serait vite la victime de ce proverbe. Que se soit par simple envie d'emmerder ou lors de noter prochain pari idiot qui devrait très vite être mis en place. Je détestais rester sur une défaite, d'ailleurs je réfléchissais déjà à un truc que je pouvais gagner. J'essayais de me souvenir de secrets sur mes soeurs ou un cousin ou une cousine pour les utiliser à mon avantage. Rien ne venait là du premier coup, mais c'était parce que Chris, ce cher Chris me cassait les oreilles en me traitant désormais de grosse. Quel goujat !

« Oué et ben ferme ta bouche alors. » Cette petite phrase fut ponctuée d'une tape sur son épaule. C'était pas vraiment dans le but de lui faire mal, mais plus par principe. Pour montrer mon désaccord profond. C'était pas un acte violent, au contraire c'était plutôt amical, quoique non, ça se voulait un peu violent, mais très légèrement.

Pour le faire souffrir, je préférais user de la technique 'parlons d'hommes'. Et pas de n'importe lesquels. De mes conquêtes. Il détestait m'imaginer au lit avec un homme, comme il s'en défendait. Je n'appréciais pas non plus l'imaginer avec une fille, ni vraiment lui parler de mes exploits au lit, mais j'en avais pas besoin. Le simple fait d'énoncé la chose le mettait mal à l'aise. Pas assez pour le faire renoncer à sa course matinale, mais quand même. « Et pourtant faut que tu t'y fasses. Y a bien des mecs qui me trouvent pas trop grosse et qui sont ravis de me faire pratiquer une autre sorte de sport que ta course pourrie là. Et même dans mon lit, celui sur lequel tu étais assis hier en triomphant fièrement de ta victoire. » Mouahaha. C'était pas vrai. Le tout. Je n'aurais pas pu lui parler d'un vrai truc me concernant avec un garçon au lit. Donc dans mon affirmation, il fallait pas croire aux nombreux mecs … il y en avait, mais pas des centaines, et au fait que mon lit soit en ce moment sale. Parce que non. J'évitais de faire quoique se soit dans ce manoir rempli d'oreilles et de magie, et il ne s'était rien passé depuis plusieurs semaines. Mais passons. Sur ces quelques mots j'étais partie me changer pour revenir en training pas super sexy. La tête blasée.

« Tu me ressortiras rien du tout, et si tu fais pas ton boulot je demanderais à ton frère, ou à n'importe qui … ou non laissez moi crever que j'aie plus à courir de ma triste vie. » Ben oui, rendre les choses plus tragiques qu'elles ne l'étaient en réalité c'était mon point fort. Ca rendait le tout plus intense, ça faisait croire que j'étais une martyre, que je me sacrifiais pour le bien de l'humanité toute entière. Décidément, j'aurais vraiment du écrire un film sur ma vie, mais bon, il n'étais pas encore trop tard. Au contraire de mon châtiment, il était trop tard pour y échapper. Chris me tirait dehors contre mon gré. Rien que de descendre les quelques escaliers devant notre maison me fatiguait. Il en fallait peu oui, mais si j'avais pu les remonter pour retourner dans ma chambre, je l'aurais fait aussi tôt !

« Je suis pas sûre qu'on ait les mêmes aspirations dans la vie tu vois. Parce que je persiste à penser qu'une séance shopping me plairait beaucoup plus, tout comme un bon gâteau au chocolat qui sortirait tout droit du four avec le parfum de sa cuisson dans la pièce. » Huuuum. Rien que cette pensée me fit sourire. J'étais pensive l'espace de cinq secondes, souriante et heureuse. Mais lorsque Chris salua le voisin avec son sale chien et qu'il m'attrapa la main pour courir, mon sourire fila.

« Je voulais partir à droite moi. » Alala, quel cadeau je pouvais être. Nan mais c'était vrai. Même si j'avais pas envie de courir, si on m'avait demandé mon avis, je serais partie à droite. Dans le sens contraire des aiguilles d'une montre pour pas avoir l'impression de courir après le temps. Tant de poésie pour montrer ma mauvaise foi. Mais je courrais quand même. Lentement. Et de plus en plus lentement lorsque Chris me lâcha la main. Je le voyais devant moi, alors que je ralentissais. Chaque banc m'appelait pour m'asseoir, chaque parcelle d'herbe m'ouvrait les bras pour m'étendre dessus. Mais il y avait Chris devant moi. Chris que j'imaginais en clope géante, nocif pour l'humanité et pour les poumons. Parce que oui, ma respiration commençait à devenir plus difficile. Le manque d'habitude, et les quelques clopes que je fumais parfois peut-être. J'essayais de l'imaginer en tranche de gâteau pour me motiver, mais j'y arrivais pas.

« Ca va, ça va, je suis pas encore morte. Je fais quand même un peu de sport des fois. » Des fois. De temps en temps. Rarement. Certes, mais je me débrouillais. En trampoline j'avais toujours été très forte.

Mais là je ne sautais pas de joie, je courrais. Et après à peine cinq minutes d'effort presque inconsidéré, je repris la parole. « On s'arrête quand ? Ca fait presque trente minutes qu'on court. »

Bon je sais. Me taire en courant pourrait me faciliter la vie, et gagner en patience pourrait faciliter la vie des autres. Mais la course franchement, à part mettre toujours un pied devant l'autre et respirer, on faisait pas grand chose. C'était monotone. Trop pour moi.

Spoiler:

« Oué et ben ferme ta bouche alors. » Chris sourit de plus belle avant de recevoir une tape dans l'épaule. Il perdit alors instantanément son sourire et mit à profit tous ses talents d'acteur pour prendre une mine affreusement douloureuse. Il attrapa son épaule et grimaça de plus belle avant de rétorquer.

« Arrêtes de me frapper avec ta force surhumaine, tu vas me déboîter quelque chose ! »

On aurait pu penser jusqu'alors qu'il était parfaitement sérieux et que le geste de sa cousine l'avait réellement fait souffrir, mais aussitôt qu'il avait prononcé ses mots, un large sourire avait remplacé sa grimace douloureuse pour se transformer en expression moqueuse. Il savait que sa cousine n'avait pas voulu lui faire mal, il savait qu'il s'agissait d'une simple tape amicale et que quand elle se mettait à frapper, elle pourrait effectivement lui faire mal mais il ne pouvait s'empêcher de la taquiner sur sa force de mouche, il s'amusait très souvent avec ses cousines sur ce sujet. Chris n'avait jamais été bien épais, jamais autant que Wyatt en tout cas mais il n'en restait pas moins musclé et fort. Hors ses cousines étaient toutes petites et minces, pas plus de cinquante kilos toutes mouillées. Il pouvait ainsi facilement en rire et s'en amuser. « Et pourtant faut que tu t'y fasses. Y a bien des mecs qui me trouvent pas trop grosse et qui sont ravis de me faire pratiquer une autre sorte de sport que ta course pourrie là. Et même dans mon lit, celui sur lequel tu étais assis hier en triomphant fièrement de ta victoire. »

De nouveau, Chris perdit instantanément son sourire, bien que cela fasse beaucoup plus vrai puisqu'il ne jouait absolument pas la comédie. La grimace de dégout qui déforma alors son visage n'était pas feinte non plus. Elle était entrain de le torturer et de le mettre au supplice avec ses allusions sur elle et ses conquêtes. Chris était moins protecteur avec Amy qu'avec le reste de sa famille. Pas qu'il l'aime moins ou qu'il ne se sente pas concerné par sa vie ou sa santé, bien au contraire, c'était simplement qu'il avait l'impression de ne pas avoir besoin de la protéger de la même manière que les autres membres de sa famille. Ce n'était pas pour cette raison qu'il se sentait suffisamment à l'aise pour parler de ses exploits sexuels avec différents partenaires.

« N'essaies pas de me faire croire que ton lit n'était pas propre hier quand je me suis assis dessus ! » Tenta-t-il, plus pour se convaincre lui-même que pour lui faire avouer son mensonge. Il savait que Amy était une femme propre et qui avait des principes. Qu'elle l'ai laissé s'asseoir dans un lit sale d'un autre homme était inconcevable pour le sorcier, bien qu'il en soit dégouté. Cependant, il rebondit sur sa remarque avec un sourire assez malsain sur les lèvres.

« Et puis je ne pense pas que tu aie très envie de pratiquer un autre sport avec moi que ma course pourrie ! »

Il savait que ce genre de remarque allait la faire réagir, presque autant que lui en la disant. C'était ce que sa phrase lui avait laissé comme remarque, aussi étrange cela soit-il. « Tu me ressortiras rien du tout, et si tu fais pas ton boulot je demanderais à ton frère, ou à n'importe qui … ou non laissez moi crever que j'aie plus à courir de ma triste vie. » !Chris leva les yeux au ciel mais ne répondit rien, répondant d'un profond sourire son agacement de la voir ainsi négative et de mauvaise foi. Bien sûr, il riait intérieurement de la voir ainsi mais son sourire le démontrait assez, pas besoin d'en rajouter en mettant des mots en plus.

« Je suis pas sûre qu'on ait les mêmes aspirations dans la vie tu vois. Parce que je persiste à penser qu'une séance shopping me plairait beaucoup plus, tout comme un bon gâteau au chocolat qui sortirait tout droit du four avec le parfum de sa cuisson dans la pièce. »

Et une fois dehors, Chris se tourna vers sa cousine avec un large sourire. Il savait que sa cousine n'était véritablement pas un cadeau et son esprit de contradiction le lui montrait bien. Elle faisait tout pour l'embêter mais rien ne pourrait entacher l'enthousiasme du jeune Halliwell, et sûrement pas le côté rabats joie d'Amy.

« Bon, je te promets un truc, si tu me suis toute la journée, ce que de toute façon tu es obligé de faire » précisa Chris en accentuant sur le mot 'obligé' et en agrandissant son sourire, « je veux bien faire un effort ce soir et préparer un bon gâteau au chocolat que tu pourras manger en entier si ça te fait plaisir ! »

Comment motiver sa cousine ? Comme un âne pardi ! En mettant la carotte devant pour qu'il avance. Il était un véritable cordon bleu, un talent et une passion hérités de sa mère. Il savait tout faire, sans recette, les yeux fermés et une main derrière le dos. Il reproduisait des recettes parfois seulement en goutant un aliment alors un gâteau au chocolat était véritablement un jeu d'enfant et il savait que ça motiverait Amy.

« On s'arrête quand ? Ça fait presque trente minutes qu'on court. »

Chris leva les yeux au ciel en se retournant et en voyant sa cousine derrière lui. Il ralentit alors le pas pour qu'elle le rattrape et il lui glissa de nouveau un sourire.

« Ça fait à peine cinq minutes Amy, tu vois bien que le sport de chambre n'entretient pas la forme physique ! » Il ne pouvait s'empêcher de le faire remarquer et d'ajouter. « Et puis si on s'arrête, c'est pour faire une série d'abdos ! »

Il souriait, vainqueur et sadique de savoir ce qu'elle allait préférer, sachant qu'il n'allait pas la laisser tranquille, même si elle posait son popotin au sol.