Une bonne douche après une journée harassante, le jeune homme ne connaissait rien qui ne puisse le remettre plus d'aplomb, hormis, bien sûr, lorsque sa petite amie se décidait à le masser. Parce que ça, réellement, cela valait tout l'or du monde. Bien sûr, comme toutes les bonnes choses, il fallait se garder d'en abuser, et puis, Amber n'avait pas que ça à faire alors que lui ne rentrait pas forcément à la même heure tous les jours. Bien sûr, comme tout le monde, il avait un planning horaire, horaires durant lesquels il travaillait, sauf que lorsque l'on est Lieutenant de Police comme lui, lorsque l'on travaille tout court dans la police, on n'a pas sans cesse les yeux rivés à la pendule à attendre que la grand aiguille franchisse enfin le chiffre 12 et ce afin d'enfin pouvoir prendre ses clic et ses clac et se barrer tranquillement en argumentant, si jamais on nous reprochait notre ponctualité à débaucher, que l'heure c'était l'heure. Lorsque l'on est policier, ou bien même infirmier, médecin, pompier, bref, lorsque l'on exerce une profession en lien avec le secours et la protection à la personne, on n'a pas exactement des horaires fixes. On embauche à l'heure, oui, mais on ne sait jamais à quelle heure exactement on va pouvoir débaucher. Les personnes qui viennent déposer plainte ne prennent pas réellement en considération le fait que l'on approche de l'heure pile, et elles ne chronomètrent pas plus leur temps de parole afin que celui ci s'achève pile à l'heure. Heureusement, Noah était de ceux qui adoraient leur job et pour rien au monde il n'en aurait changé. Il fallait dire qu'il s'y donnait corps et âme, et n'hésitait pas à faire des heures sup'. Mais passionné ou pas, il n'en demeurait pas moins qu'il sentait quelque peu la fatigue lui tomber dessus dès qu'il franchissait les portes de son duplex. C'était psychologique, il le savait bien, parce que la fatigue ne vous tombe pas naturellement d'un coup, comme ça, sur les épaules, juste parce que vous rentrez enfin chez vous. Amber et lui n'avaient pas prévu de se voir ce soir, ils avaient déjà passé la soirée précédente ensemble et il semblait bien au jeune homme que ce soir, elle avait quelque chose à faire à l'Ecole de Magie. Alors, il se passa de massage et privilégia une bonne douche froide. Cela le délassait et défaisait quelque peu les noeuds qu'il avait dans le dos. Le moment était idéal, il fallait en profiter.

Lorsqu'il sortit de la salle de bain, il avait encore les cheveux un peu mouillés, les gouttes d'eau restant entre les pics anarchiques qu'il avait sur la tête. Il avait encore une fois oublier de prendre à l'avance des vêtements propres et se trouvait obligé de se rendre dans sa chambre, là où se trouvait sa penderie, avec pour tout atour une serviette passée autour de la taille. Sur son lit, Lancelot dormait, roulé en boule, à moins qu'il ne fasse semblant. Bref, ce n'était pas réellement l'affaire du siècle et la petite boule de poil était bien assez facétieuse comme ça dans la vie de tous les jours pour que Noah se triture les méninges lorsqu'il n'y avait pas lieu de le faire. Le jeune homme sortit de sa penderie un Jeans propre, ainsi qu'un T Shirt, une paire de chaussettes et un boxer. Revenant dans la salle de bain, il observa un bref instant son visage, avant de déposer sur un tabouret l'ensemble de vêtements qu'il tenait. Il observa alors un autre bref instant la paume de sa main. Récemment, il semblait qu'un nouveau don se soit manifesté chez lui, et ce n'était pas réellement un don qu'il ne connaissait pas. Il avait même déjà tué nombres de démons le possédant puisqu'il s'agissait non moins du don de pyrokinésie. Un don typiquement démoniaque, rares étant les sorciers du Bien qui le possédaient. Mais après tout, Noah n'était pas comme les autres et, au final, il se disait que c'était simplement logique. Dans ses veines coulait du sang maléfique, et, depuis toujours, il savait qu'un jour viendrait où cela se manifesterait plus que dans la simple évocation de son nom de famille initial. Le jour était venu, et ce n'était pas réellement une bonne chose. Voilà quelque chose qui risquait une fois de plus de donner du grain à moudre à tous ceux qui se bornaient à voir uniquement en lui un sale type qui ne cherchait qu'à faire du mal, en premier lieu à Amber. Idée tout à fait stupide cela dit en passant, mais idée qui avait la dent dure semble-t-il. Il en était là, à penser à ce qui risquait bien de lui tomber sur le coin du nez si jamais l'un des Halliwell qui lui montrait les crocs venait à découvrir le joli petit nouveau don du jeune homme, un don qu'il ne maîtrisait pas encore et qui lui avait brûlé la paume pas plus tôt qu'en début d'après midi, après qu'il est lancé le début d'un mini incendie dans la corbeille à papier, lorsque son téléphone sonna. Noah s'approcha alors du Jeans qu'il avait porté aujourd'hui, et sortit d'une des poches son portable. Le numéro était inconnu, du mois, il ne lui disait rien. Il décrocha alors, prudemment.

« Allô ? [...] Oui, c'est mo ... Parlez moi vite, je ne comprend pas tou ... [...] Je ... ne bougez pas, j'arrive tout de suite ! »

Sans même trop savoir comment il avait réussi à s'habiller si vite, à éteindre toutes les lumières derrière lui, à s'assurer que Lancelot ne le suive pas et à fermer la porte derrière, le jeune homme se retrouvait dans sa voiture. C'était dans ces instants là qu'il regrettait sérieusement de ne pas pouvoir se téléporter, parce qu'il savait qu'il perdait à chaque seconde un temps précieux. Cet homme, Allivera, quelque chose dans le genre, Noah en avait déjà entendu parler, sans doute par Amber qui aimait bien lui parler des siens et de ceux qui leur étaient proches. Quoi qu'il en était, lui devait le connaître puisqu'il l'avait appelé, au secours. Visiblement, il était à la merci d'un homme: un démon, un sorcier ? Le jeune homme n'en savait rien, bien content déjà d'avoir réussi à saisir qu'on avait besoin d'aide, sur la colline, alors que le sorcier pris en otage avait parlé à une allure folle, assez difficile à suivre d'autant plus qu'il était paniqué et que sa voix tremblait, ce qui état parfaitement compréhensible après tout. Noah ne se posa même pas la question de savoir pourquoi il l'avait appelé lui plutôt qu'Amber, ou tout autre Halliwell, parce que ce n'était pas le genre de questions qui nous vient à l'esprit dans ce genre de circonstance. Non, on cherche simplement à arriver le plus vite possible, en un seul morceau de préférence, et ce afin de porter secours et assistance à quelqu'un qui nous avait supplié à l'autre bout du téléphone. La colline se situait en bordure de la ville, et heureusement pour le jeune homme, le créneau horaire de la sortie des bureaux était quelque peu passé, ce qui lui évitait d'être pris dans les embouteillages. Si cela était arrivé, il aurait sorti son gyrophare et on l'aurait laissé passé, même s'il aurait mis plus de temps à arriver là où il devait aller. Justement, la colline était là, en vue. Se garant précipitamment, se moquant de savoir si oui ou non il avait le droit de se garer de la sorte, le jeune homme coupa le contact et sortit de sa voiture à toute vitesse. Il était jeune, vaillant, et bien entraîné à force de courir après les gens dans la rue lorsque ceux ci avaient commis un délit et tentaient de lui échapper alors qu'il voulait les arrêter, il ne mit donc pas bien longtemps à arriver au sommet. Il aperçut une silhouette se détachant dans la pénombre de la nuit, mais était trop loin pour pouvoir reconnaître de qui il s'agissait. Il accéléra l'allure, alors que la silhouette avait déjà filé. Deux options se présentaient à lui : courser la silhouette au risque qu'elle lui échappe ou bien rester ici au risque qu'il soit déjà trop tard pour sauver la vie du pauvre malheureux. Le jeune homme fit son choix en une fraction de seconde : il allait rester là, parce qu'il devait en être ainsi, et parce qu'il serait plus utile auprès de la victime.

Noah s'agenouilla, et posa la main sur le torse du sorcier. Une matière mi visqueuse mi liquide se déposa alors sur ses doigts. Le jeune homme n'eut pas besoin de porter l'un de ses doigts à sa bouche pour reconnaître sous sa langue la saveur rouillée, il la reconnaissait au toucher entre mille : du sang. Portant les mains au niveau du poignet du sorcier, il chercha le pouls, mais rien n'y fit. La vie avait quitté le pauvre homme. Baissant la tête, Noah s'en voulut. Il aurait pu faire quelque chose, c'était obligé, mais pourquoi n'avait il pas plus bougé ses fesses ?! Derrière lui, San Francisco la belle brillait de tout feu, et la pollution lumineuse des lumières de la ville permit au jeune homme d'évaluer les dégâts sans avoir besoin de sortir une lampe torche de sa poche. Le pauvre homme avait la gorge tranchée sur au moins deux centimètres d'épaisseur et 10 bons centimètres de longueur. Sur son torse était présente de nombreuses plaies. On aurait pu penser à des griffures d'animal, bien enragé l'animal, mais le jeune homme savait qu'il ne s'agissait pas de cela. La silhouette qu'il avait vu s'enfuir quelques minutes auparavant était bipède, il s'agissait d'un homme, ou d'une femme, mais sûrement pas d'un être humain ... Noah savait qu'il était trop tard, qu'il ne pouvait que rester là à trouver quoi faire. La silhouette était partie depuis longtemps, et lui avait les mains pleines de sang. En entendant du bruit derrière lui, il se redressa d'un bond et fit volte face ...

Décidément, ce n'était pas sa soirée ...