Deux semaines. Voilà 15 jours que je vivais comme une automate, mon cerveau et mon cœur avaient activé mon corps en mode pilote automatique, cela peut paraître ridicule mais je ne pouvais mieux décrire la situation qui était mienne. Je ne sortais de mon appartement uniquement pour aller travailler, j'avais même refuser d'aider au service du restaurant de ma mère, ne prenant plus les appels, ni n'écoutait mon répondeur. Même au travail je faisais tout mécaniquement et machinalement, sans jamais posé de question, Jared profitait de la situation pour trainer autour de moi, je le sentais bien mais je n'étais pas réceptive à toutes ses tentatives. La seule chose qui semblait me rattacher à la Anna que je suis, était ma musique. Je n'avais jamais composé autant de chansons, toutes parlent d'amour. Parce que c'est de ça dont j'ai besoin. Non aujourd'hui je n'avais qu'un trou béant à la place du cœur, métaphoriquement parlant, j'avais senti mes sentiments se perdre dans un trou noir qui emplissait mon être. L'amour fait partie de ma vie mais l'univers dans lequel je viens d'être projeté, est difficile à accepter. Je ne pensais pas que la magie existait, quand j'avais rencontré ma famille maternelle, j'avais réfuté toute les suppositions qu'elle avait tenté de mettre dans ma tête. Je n'avais pas cru aux démons ou aux sorcières, or du jour au lendemain j'apprenais que tout ce que j'avais cru faux, était vrai, que le monde n'était pas tel que je l'imaginais, tel que le monde l'imaginait. Je découvrais aussi que l'homme que j'aimais, faisait parti de ce nouveau monde, je tombais des nus. Il n'avait pas eu confiance en moi, c'était la première chose qui était venue frappé mon esprit, avant d'être un couple nous étions amis et j'avais cru que la confiance régnait dans cette amitié. Tout du moins moi j'avais entièrement confiance en lui, je lui avais tout donné, un accès illimité à mon appartement, à ma vie, et surtout je lui avais donné mon cœur, tout ce que je lui avais offert, était bafoué par ce secret, par cette omission sur sa vie. J'étais en colère contre lui quand j'ai tout découvert, je sais que j'ai eu tort de lui sortir des horreurs pareil mais je voulais tellement lui faire mal comme lui était en train de le faire. Car ce n'est pas tant le fait qu'il ait des pouvoirs qui me blessait, je l'aimais tellement que je pouvais tout comprendre. Malheureusement il aurait fallu qu'il m'avoue cela de lui même, ce qu'il n'a jamais fait. Je ne pouvais donc pas lui pardonné aussi facilement, aussi avais-je préféré rompre. Comment aurais-je pu rester avec un homme qui m'avait menti ? D'autant qu'il avait osé me faire une scène lorsque je ne lui avait pas dit toute la vérité, lui me cachait tellement de chose.

Je refusais de le voir, ou de lui parler, je ne pouvais pas accepter qu'il me considère comme n'importe quelle personne à laquelle il pouvait cacher son secret. Pas après la déclaration qu'il m'avait faite au début de notre relation Néanmoins j'étais comme toute femme qui se retrouve seule et qui perd l'homme qu'elle aime. Malheureuse. Voilà pourquoi je restais enfermée dans mon appartement, à tester des mélodies mélancoliques pour accompagner les mots que j'avais couchés sur le papier. Comme je l'ai dit aussi, je continuais de travailler, aujourd'hui je savais aussi que Jared recevait d'importants clients, ce qui signifiait pour moi une journée harassante dans une tenue qui ne me convenait guère : pantalon et tee shirt moulant, le tout additionné de chaussure à haut talons. J'aurais aimé que mon patron comprenne que je n'avais aucune envie de participer à une telle démonstration, seulement Jared était du genre à vouloir en mettre plein la vue à tout le monde et parfois j'avais l'impression que je faisais partie du panel des sexys girls alors que je ne m'occupais que du service en salle, et non du spectacle. Voilà pourquoi j'avais du faire l'effort de me vêtir tel qu'il l'avait souhaité.

Seulement je ne m'étais pas attendu à voir un policier en bas de chez moi, Lloyd était policier mais il n'y avait aucune chance qu'il soit ce policier, étant donné le grade qu'il avait, je ne le voyais pas dans un boulot si bas de gamme. Mais de voir cet uniforme me rappelle forcément quel homme il peut être, le seul côté que je connais de lui. Je pris une respiration pour me donner du courage, et mettre sur mon visage un masque d'indifférence car je le devais pour ne pas m'effondrer en larmes. Je vérifiais que j'avais bien rangé mes clés dans mon sac avant de me rendre au Pink Paradise. Je marchais donc d'un pas déterminé, dépassant le policier sans lui accorder le moindre regard, je ne pouvais pas le faire, ni me permettre de craquer. Le sort s'acharnait sur moi, car c'était bien Lloyd qui mettait des contraventions dans ma rue. J'étais maudite, je ne voulais pas le voir, aussi j'ai continué ma route, sans me retourner. Mais lui en avait décidé autrement car je sentis sa main attrapé mon épaule, ma fureur revint aussitôt. Je ne souhaitais pas qu'il me touche, une impression d'être souillée par ces mensonges se collait à moi. Et cette sensation me dégoutait, je ne doute pas d'ailleurs que cela se voit sur mon visage, mon masque ne pouvait pas résister face à lui.

Oh parce que tu en as laissé.

Je savais mon ton cinglant et cassant, je ne pouvais pas faire autrement parce que j'avais encore besoin de lui faire mal. Je voulais qu'il comprenne qu'il m'avait profondément blessé, qu'il sente la douleur jusqu'au plus profond de son âme, que cela le brûle de l'intérieur. Je voulais que ce trou noir qui me bouffait l'existence se remplisse à nouveau, tout en faisant en sorte qu'il se loge chez Lloyd.

J'ai effacé le moindre appel.

C'était faux mais il n'avait pas besoin de savoir que je lui mentais. Je massais un peu mon épaule qui me faisait souffrir, il n'y avait pas été de main morte.

Qu'est ce que tu veux ?